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Développement des territoires - Les collectivités, futurs chefs de file des pôles de compétitivité ?

A l'occasion de la Journée nationale des pôles de compétitivité qui s'est tenue le 4 juillet 2014 à Paris, la commissaire générale à l'Egalité des territoires a insisté sur le rôle de chef de file que doivent tenir les régions pour les pôles de compétitivité.

"Il faut que nos régions soient des chefs de file pour les pôles de compétitivité et soient garantes de la capacité de développement du tissu local. De notre côté, nous ferons tout pour y veiller." C'est sur ce plaidoyer régional que Marie-Caroline Bonnet-Galzy, commissaire générale à l'Egalité des territoires, a conclu la Journée nationale des pôles de compétitivité qui s'est tenue à Paris le 4 juillet 2014.
La troisième phase des pôles, couvrant la période 2013-2018, insiste déjà sur une gouvernance partenariale entre l'Etat et les collectivités territoriales, avec un copilotage rénové de cette politique autour de plusieurs instances : au niveau national, un comité d'orientation, qui donne les orientations générales, et un comité de pilotage pour la gestion opérationnelle, et, au niveau local, des comités de coordination, sous la présidence conjointe du préfet de région et du président du conseil régional, pour créer des échanges entre les pouvoirs publics et les pôles. Le projet de loi de mobilisation des régions, abandionné depuis, prévoyait même initialement d'aller plus loin, en transférant la responsabilité des pôles de compétitivité aux régions, hormis les pôles mondiaux ou européens. Finalement, le projet de loi clarifiant l'organisation territoriale, qui l'a remplacé, actuellement en cours d'examen, retient simplement le principe d'un soutien des régions aux pôles. "Les régions doivent pouvoir jouer un rôle dans la politique des pôles de compétitivité", a souligné Pascal Faure, directeur général de la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS), cité par AEF, mais "l'Etat restera le garant de la stratégie d'ensemble". "Il n'y a pas 22 politiques des pôles mais une seule", a-t-il martelé. 
Assurant que les crédits seront préservés en 2015, le directeur général de la DGCIS a également affirmé que cette politique restera "un outil de l'Etat, la loi n'y changeant rien". De son côté, Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie, a tenu à souligner le rôle joué par les pôles en matière d'amélioration de la compétitivité du pays, a signalé que "les pôles incarnent parfaitement les forces du territoire" et que la R&D devait être "sanctuarisée".
Pour la commissaire générale à l'Egalité des territoires, il s'agit surtout pour les régions de donner plus de visibilité aux pôles et de les aider ainsi à trouver de nouveaux investisseurs privés. Elles doivent aussi activer les différents leviers qui sont à leur disposition : incubateurs, formation professionnelle, actions internationales, développement du numérique…

"Ce sont aux régions d'agir"

"L'Etat initialement prédominant dans la politique des pôles a donné la main aux chefs d'entreprise, mais ces acteurs économiques n'ont pas toujours tous les leviers et la légitimité pour organiser le tissu économique à l'échelle locale, explique ainsi à Localtis Marie-Caroline Bonnet-Galzy, maintenant ce sont aux régions d'agir."
Pour les régions, il n'y pas eu de grand changement avec le début de la troisième phase des pôles et le renforcment du partenariat. D'après Laurence Minne, chef de projet au conseil régional de Rhône-Alpes, elles sont déjà dans cette logique. "Nous essayons de structurer l'écosystème local et de faire travailler les pôles ensemble", détaille-t-elle.
Garant du financement à venir des pôles, le gouvernement souhaite aussi faciliter l'accès à la commande publique. "C'est toujours un très bon levier mais qui ne sait pas toujours travailler avec l'innovation. Il faut que la commande publique s'adapte. C'est un vrai sujet sur lequel nous avons à travailler, pour notamment impulser et rendre visible des initiatives reproductibles", a insisté Marie-Caroline Bonnet-Galzy.
Enfin, le souhait du gouvernement est d'accroître l'impact économique des pôles pour cette troisième phase, avec une mise sur le marché plus fréquente et plus rapide des produits issus de la recherche des pôles. Dans ce domaine, les entreprises s'organisent. "Il y a plus de coaching, avec des consultants parrains qui viennent expliquer les réussites de tel ou tel pays, et des groupements de PME, a souligné Gérard Yahiaoui, vice-président du pôle Mov'eo. Quand un client nous demande, on dit toujours qu'on sait faire. Tout ce qu'on ne sait pas faire, on le sous-traite mais on perd de la marge, en groupement, on le fait avec nos camarades. Le collectif progresse…"

Emilie Zapalski

Le nouveau cahier des charges pour les prêts à l'industrialisation
L'arrêté du 30 juin 2014 approuve la nouvelle version pour 2014 du cahier des charges "Prêts à l'industrialisation des projets issus des pôles de compétitivité". Ces prêts bonifiés, d'un montant total de 100 millions d'euros, financés par l'Etat, par l'intermédiaire des investissements d'avenir, sont destinés aux PME et ETI qui veulent conduire les résultats d'un projet de recherche et développement déjà terminé aux phases d'industrialisation et de commercialisation. D'un montant compris entre 0,3 et 5 millions d'euros, il est remboursable sur sept ans.
Selon le nouveau cahier des charges, le montant minima du prêt passe ainsi à 300.000 euros, au lieu de 500.000 euros. Le projet doit être partenarial, c'est-à-dire associer au minimum une entreprise et un organisme de recherche. Il peut aussi avoir été financé par l'Europe, et non plus seulement par l'Etat ou l'un de ses opérateurs. Ces prêts soulignent la volonté du gouvernement d'améliorer les retombées économiques des pôles sur le territoire national.

E.Z.