Culture - Les collectivités et l'Etat se mettent en quatre pour sauver le musée des Tissus de Lyon
Après un bras de fer entre collectivités, l'Etat, la région Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole de Lyon et la ville de Lyon viennent finalement de tomber d'accord pour sauver le musée des Tissus de Lyon. Confronté à de graves difficultés financières et menacé d'une fermeture en juin prochain, ce musée abrite l'une des plus riches collections de textiles au monde. Il compte environ 2,5 millions de pièces, allant de vingt siècles avant Jésus-Christ (une tunique plissée égyptienne) à la période contemporaine.
La CCI se désengage
Le musée des Tissus partage en outre ses locaux - l'hôtel de Villeroy, ancienne résidence des gouverneurs du Lyonnais au XVIIIe siècle - avec le musée des Arts décoratifs. Les deux entités sont juridiquement distinctes, mais leur statut et leur sort sont étroitement liés.
Fondé au XIXe siècle par des industriels du textile, l'une des activités phares de Lyon, le musée présente la particularité rare de dépendre de la chambre de commerce et d'industrie (CCI). Or celle-ci, qui se dit confrontée à une baisse de 40% sur trois ans de ses recettes fiscales en raison des récentes réformes des chambres consulaires, ne veut plus supporter la charge du musée. Elle a donc inscrit la question à son conseil d'administration du 14 mars - qui doit voter le budget de la CCI pour 2016 - et menace de décider la fermeture pure et simple de l'établissement. Les recettes propres du musée ne couvrent qu'environ 30% des 2,5 millions d'euros du budget de fonctionnement annuel, le solde - soit 1,7 million d'euros - étant jusqu'alors apporté par la CCI.
Face à cette menace de fermeture, l'Etat a annoncé qu'il était prêt à apporter un financement de 250.000 euros. Il a été aussitôt suivi par Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui s'est dit prêt à apporter une somme équivalente. Mais à une condition : que la ville et la métropole de Lyon participent à la même hauteur.
Quel avenir au-delà du sauvetage de 2016 ?
Dans un premier temps, Gérard Collomb a refusé de prendre part au sauvetage, en mettant en avant les restrictions budgétaires. Mais, sous la pression, le maire de Lyon et président de la métropole, a finalement annoncé, le 9 mars, sa décision de participer au budget 2016 du musée, sous la forme d'un apport de 250.000 euros. Ce montant sera financé pour moitié par la ville et pour moitié par la métropole.
Si les 750.000 euros ainsi rassemblés doivent permettre de boucler l'année 2016, Gérard Collomb a toutefois affirmé, dans un communiqué, qu'"il n'y a de solution pérenne pour l'avenir des musées des Tissus et des Arts décoratifs que si, motivés par un nouveau projet pour cet établissement, des mécènes s'engagent. Aujourd'hui, aucun mécène ne s'est engagé afin de passer le cap de l'année 2016. Si cette situation perdure, l'établissement n'aura d'autre choix que de fermer à la fin de l'année". Le maire de Lyon a donc annoncé son intention d'"essayer de faire le tour de mécènes français et étrangers afin de mobiliser autour de la collection exceptionnelle des musées".
Pour sa part, la CCI suggère que le musée devienne un département du musée du Louvre. De son côté, Audrey Azoulay, ministre de la Culture, se dit prête à désigner un médiateur pour tenter de trouver une solution pérenne.
Jean-Noël Escudié / PCA