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Développement soutenable - Les collectivités durables espèrent faire "boule de neige"

Réunies pour les 6es Assises nationales du développement durable, les collectivités locales engagées espèrent voir leurs initiatives se disséminer.

Agir local, et penser global ? Pour Martin Malvy, le président de la région Midi-Pyrénées, l'heure est venue de renverser cette formule clé du développement durable, et de commencer à "penser local pour agir global" : "La plus petite action locale, reproduite des milliers de fois, peut contenir à terme une partie de la solution", comme il vient de l'écrire dans une tribune publiée dans Libération. Les 6es "Assises nationales du développement durable des collectivités locales", que sa région organisait cette année, les 13 et 14 octobre, se sont employées à favoriser cet essaimage.
Un appel à contributions avait en effet été lancé avant la manifestation, organisée au nom de l'Association des régions de France. Le conseil régional a retenu 1.126 actions exemplaires, menées par des collectivités locales, mais aussi par des associations ou des entreprises. Et les initiatives présentées ne visaient pas uniquement "un développement économique respectueux de l'environnement", se réjouit Françoise Dedieu-Casties, vice-présidente de la région en charge du développement durable : "Dans la plupart des contributions, nous retrouvons la prise en compte d'aspects sociaux, mais aussi culturels." Avec ces mille exemples d'actions pour le développement durable, désormais, la région "espère faire un effet boule de neige".

"Baguette magique"

Une trentaine de ces initiatives ont ainsi été présentées en détail lors des assises. Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), a pu expliquer comment le développement durable s'appliquait, non pas à un seul quartier, mais à sa ville dans son intégralité, en se basant notamment sur une démocratie participative qui implique activement les habitants. Une "baguette magique", qui aura notamment permis une "chute radicale des incivilités et de la délinquance", affirme le maire de cette commune déclarée "anti-chauffage électrique"… Quant à Véronique Marendat, maire de Segonzac (Charente), elle s'efforce désormais "d'apporter aussi du bien-vivre" à ses administrés, depuis que sa commune a adhéré au réseau international des "città slow" ("villes lentes").
A présent, Françoise Dedieu-Casties espère que toutes ces contributions, présentées en détail sur le site Internet de la manifestation, se feront connaître largement, d'ici aux prochaines assises prévues en 2013. Martin Malvy a lui-même proposé aux différentes associations d'élus locaux la création d'un observatoire national, qui permettrait de recenser les initiatives des collectivités en la matière.
Les débats à Toulouse auront aussi permis de faire débattre d'un Memorandum des collectivités, que Françoise Dedieu-Casties souhaite faire prendre en compte à la Conférence de Rio sur le développement durable, en 2012. Le document doit notamment souligner "le rôle prépondérant que doivent tenir les collectivités" et leur "proposer une feuille de route pour les 20 années qui viennent ", annonce la vice-présidente. Un sondage CSA / Midi-Pyrénées, rendu public à l'ouverture des assises, pourra appuyer la démarche : 50% des Français font d'abord confiance aux collectivités pour "répondre aux enjeux de demain en matière de développement durable" – contre 19% à l'Etat et aux institutions internationales !

VIN

Mais si ces collectivités espèrent voir se disséminer leurs initiatives pour le développement durable, leur "généralisation est loin d'être atteinte", a averti Jacques Ravaillault, directeur exécutif de l'action territoriale à l'Ademe. Afin d'encourager les autres élus locaux à s'engager à leur tour, il leur prodigue trois conseils. D'abord, "le portage politique est essentiel" : il faut un exécutif engagé dans sa totalité pour pouvoir mener à bien ces projets. En outre, il s'agit de "jouer la transversalité" : bien isoler un bâtiment situé à des kilomètres des lieux de consommation et de travail, par exemple, s'avère peu propice au développement durable… Enfin, les élus doivent pouvoir acquérir des connaissances détaillées sur leur territoire, ainsi qu'une capacité à évaluer.
Et pour faire évoluer les citoyens eux-mêmes ? L'eurodéputé Pascal Canfin propose cet autre triptyque aux élus locaux : "VIN" ! Il faut, selon lui, susciter l'envie de changement en faisant appel aux "Valeurs" des habitants ; leurs "Intérêts", économiques notamment, constituent un second levier ; les élus peuvent enfin agir à travers les "Normes" qu'ils édictent. Et pour cet élu d'Europe écologie – les Verts, il est urgent d'agir. Car si la crise financière de 2008 avait d'abord aidé à plaider pour un changement de modèle, depuis, l'enracinement de la crise économique et sociale a plutôt mobilisé pour une restauration du système. Or Pascal Canfin pressent qu'à nouveau s'ouvre "une fenêtre pour le changement". Les collectivités avides de développement durable parviendront-elles à s'y engouffrer ?