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Offre de soins - Les aides à la répartition géographique des médecins sont-elles efficaces ?

L'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) publie les résultats d'une étude sur les mesures adoptées en France pour améliorer la couverture médicale dans les zones défavorisées (territoires ruraux ou zones urbaines sensibles). Commandée par l'Observatoire national des professions de santé, cette étude est publiée au moment où le Conseil de l'Ordre des médecins rend public un nouveau rapport alarmiste sur la démographie médicale.
Depuis plusieurs années, les collectivités territoriales et l'assurance maladie se sont fortement engagées dans la mise en place de dispositifs incitatifs à l'installation des médecins dans les zones défavorisées. L'étude constate que les écarts de densité médicale n'ont diminué que de 20% entre 1985 et 2005. Ce résultat risque d'ailleurs d'être remis en cause par la diminution des effectifs médicaux, qui touchera en priorité les territoires les moins bien dotés. Face à cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas restés sans réactions. Mais l'impact des mesures prises au cours des dernières années apparaît pour le moins incertain. Ainsi, la politique d'augmentation différenciée du numerus clausus selon les régions "ne garantit pas que les jeunes médecins diplômés s'installeront dans la région où ils ont fait leurs études". L'essentiel des mesures se concentre toutefois sur les incitations financières. Dans les petits hôpitaux, la création de postes de praticiens dits "prioritaires" - et ouvrant droit à une allocation spécifique de 10.000 euros pour un engagement de cinq ans - n'a pas eu d'effets visibles sur l'attractivité des postes en question. Il en va de même, en libéral, pour les diverses mesures d'exonération de charges fiscales ou sociales et les aides directes à l'installation versées par les collectivités territoriales et l'assurance maladie. Le "contrat de bonne pratique" mis en place par la Cnam en 2005 ne semble pas non plus avoir eu d'impact significatif. Quant aux dispositifs favorisant la permanence des soins - comme les maisons médicales - l'étude de l'Irdes estime que "leur efficience reste non démontrée".
Pour remédier à l'efficacité limitée de ces mesures, l'Irdes préconise un renforcement du rôle des facultés de médecine "en sensibilisant les étudiants sur les formes futures de l'exercice", ainsi qu'une meilleure coordination des mesures et des institutions. Sur ce point, le niveau régional est jugé le plus pertinent. L'étude recommande également de porter "une attention particulière [...] sur l'évaluation des effets de transferts financiers qui peuvent s'opérer entre les différents acteurs prenant part à ces politiques, notamment entre les niveaux local et national".

 

Jean-Noël Escudié / PCA