Culture - Les aides des régions au cinéma s'essoufflent
Comme chaque année, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) publie son bilan de la production cinématographique française. L'édition 2012 semble plutôt satisfaisante, avec "une production de films d'initiative française stable à un niveau élevé". L'an dernier a vu ainsi la production de 209 films "d'initiative française" (+0,1%).
Ce bilan d'ensemble globalement satisfaisant cache toutefois quelques signes de - relative - faiblesse. Tout d'abord, la stabilité du nombre de films d'initiative française s'explique "par la hausse du nombre de documentaires (+5 films), qui n'a jamais été aussi important depuis le début de la décennie (42 films), et par le nombre historiquement élevé de films d'animation (12 films)". En revanche, le nombre de films de fiction d'initiative française diminue de dix unités, pour s'établir à 162. Il faut y ajouter 70 films en coproduction minoritaire, soit un total - tous types confondus - de 279 films.
Autre signe d'un tassement : les investissements dans les films agréés par le CNC reculent de 3,4% et atteignent 1,34 milliard d'euros, dont 1,07 milliard dans les films d'initiative française (-5,5%). En 2012, le devis médian est en baisse de 13,8% à 3,22 millions d'euros, "illustrant l'augmentation du nombre de films à budget plus faible".
Enfin, le nombre de jours de tournage de films de fiction d'initiative française recule de 11,8% en 2012 pour atteindre 6.064 jours, soit une diminution plus marquée que celle du nombre de films de fiction tournés au cours de l'année (-6,5%).
Dans ce contexte, les aides publiques des collectivités territoriales enregistrent une nette diminution. Le terme général de collectivités est inapproprié, puisque les régions représentent 97,7% des aides (contre 94,8% en 2011). La fin de l'année 2012 a d'ailleurs été marquée, de façon symbolique, par la décision de la région Franche-Comté de supprimer ses aides à la production cinématographique (voir notre article ci-contre du 4 janvier 2013). Les aides des collectivités s'élèvent à 16,22 millions d'euros, contre 20,96 millions en 2011 et 22,01 millions en 2010 (l'année record demeurant 2008, avec 23,56 millions d'euros d'aides). Ces subventions se répartissent sur 84 films, contre 94 en 2011 (-10,6%) et 99 en 2010.
Les régions privilégient de plus en plus les premières œuvres (35 films aidés contre 26 en 2011) et les seconds films (16 films contre 18). Les films aidés présentent ainsi un devis moyen de 3,66 millions d'euros (contre 4,03 millions en 2011). La contribution des régions à ce devis est modeste, puisqu'elle représente en moyenne 5,3% du budget des films concernés (contre 5,5% en 2011). Parmi les 84 films aidés l'an dernier par les collectivités, 38 sont préachetés par Canal+ (49 en 2011) et 37 par Ciné+ (contre 41), tandis que les chaînes en clair participent au financement de 31 films aidés par les collectivités (contre 48) et les Sofica à celui de 46 films (contre 49).
Derniers enseignements du bilan : en 2012, 16 films ont été aidés par deux collectivités et l'Ile-de-France représente, à elle seule, 51,9% de l'ensemble des aides publiques des collectivités à la production cinématographique, avec un total de 8,41 millions d'euros et 35 films aidés en 2012, loin devant Rhône-Alpes (3,67 millions).