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Culture - Les 101 questions à se poser quand on s'apprête à être adjoint municipal à la culture

Parce que la culture n'est pas une charge comme les autres, la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture a listé les 101 questions que tout adjoint à la culture, qu'il soit d'une petite ou d'une grande ville, devra se poser pour appréhender le champ de ses responsabilités. Une manière aussi, selon la FNCC, pour les élus renouvelés dans leur mandat, de renouveler également leurs réflexions. Pot-pourri.

Philippe Laurent, sous sa casquette de président de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture, a adressé, début février, une lettre aux candidats aux prochaines élections municipales. "La politique culturelle est l'éclairage même de l'action publique", y explique-t-il, "elle est une dimension qui traverse toutes les politiques publiques : questions sociales, tourisme, urbanisme, développement durable…" C'est pourquoi le rôle de l'adjoint à la culture est "particulier à l'égard de l'exécutif", estime Philippe Laurent, il doit entretenir une "complicité forte avec le maire".
Il n'est donc pas question, pour cette association d'élus "pluralistes" - comme aime à le répéter son bureau - d'appeler les candidats à maintenir des budgets culture ambitieux par exemple. Le discours de la FNCC a totalement intégré les "contraintes budgétaires" comme une donnée : on préfère parler de "vision" que d'équipements (qu'ils soient à créer ou à gérer). On aime réfléchir à la manière de faire vivre la culture "autrement".
Pour accompagner les futurs élus à la culture dans cette tâche, la FNCC a listé les 101 questions qu'ils doivent se poser, dans un document intitulé "101 problématiques pour un projet culturel pour les élections municipales de 2014".

Sept questions en temps de crise

Les sept premières questions sont réunies sous le titre "la crise : des choix difficiles". Faut-il demander davantage de recettes propres aux équipements ? Comment concilier "respect de l'équité" et appel à des acteurs bénévoles ? Faut-il afficher un volet culturel dans le projet municipal ou rester discret de peur que les citoyens "jugent les dépenses culturelles peu appropriées à des temps difficiles" ?
Les huit suivantes abordent les coopérations entre collectivités : comment envisager le rôle de l'intercommunalité en matière de culture : est-elle un outil de la commune ou un véritable lieu politique de délibération pour l'action culturelle ? Quel équipement lui transférer et quels équipements garder sans perdre la main dans le domaine de la culture ? Comment favoriser les cofinancements ?
Cinq questions portent sur l'incontournable "demande croissante de démocratie participative". Comment l'organiser ? Comment éviter le populisme ? Comment concilier les "exigences des arts et des artistes" avec les "attentes citoyennes" ?

Comment "assumer la responsabilité" de la préservation des langues régionales ?

Non moins incontournables, huit questions portent sur le thème "développement durable et diversité". "Comment manifester et nourrir les identités territoriales particulières sans pour autant renoncer à la dimension universaliste et profondément ouverte de la culture ? Comment "assumer la responsabilité" de la préservation des langues régionales ? (A noter que la FNCC a renoncé à l'emploi du mot "compétence" qu'elle juge inapproprié au domaine de la culture et qu'elle le remplace systématiquement par "responsabilité") Faut-il mettre en place un Agenda 21 de la culture ?
Treize questions abordent les relations avec les politiques d'urbanisme, de tourisme et patrimoine. Comment revivifier le centre-ville grâce à leur réhabilitation patrimoniale ? Faut-il lutter contre la "dégradation urbanistique" aux abords des villes ?

Faut-il associer les "proam" au projet politique ?

Onze mettent l'accent sur les nouveaux acteurs de la culture : comment faire d'internet "un lieu de proposition et de diffusion de contenus artistiques et culturels ? Quelles nouvelles missions pour les bibliothèques ? Comment associer les "proam" (professionnels-amateurs définis comme ceux qui "pratiquent publiquement, mais hors marché et hors institution, leur expression artistique") au projet politique ? Ou au contraire la puissance publique doit-elle rester à l'extérieur ?
Le document liste tout de même 29 questions à se poser concernant les équipements : faut-il définir ou redéfinir les missions des scènes théâtrales ? Faut-il accroître le soutien aux festivals ? Comment dynamiser les musées municipaux ? Le soutien aux musiques actuelles doit-il être une priorité ? (parmi les 10 questions sur le sujet "musiques actuelles") Faut-il s'engager dans la numérisation des salles de cinéma dépendant des municipalités ?

Pourquoi généraliser l'éducation artistique et culturelle ?

Le chapitre sur les missions culturelles liste pas moins de 20 questions à se poser : sur quel principe justifier une politique en faveur des pratiques amateurs ? Comment renouer avec les milieux de l'éducation populaire ? Comment accompagner l'engagement des conservatoires dans l'EAC (Education artistique et culturelle) ? Faut-il généraliser l'EAC parce que c'est bénéfique pour les résultats scolaires, parce que c'est un fort vecteur de socialisation ou parce que cela repose les enfants des temps d'apprentissage scolaire proprement dit ? Comment organiser les concertations dans le cadre du PEDT (projet éducatif territorial) ou PEL (projet éducatif local) ? Comment envisager l'accessibilité de personnes en situation de handicap à la fois aux lieux, aux enseignements et pratiques et à "leurs propres facultés inventives" ?