Handicap - L'emploi des personnes handicapées a progressé en 2011, le chômage aussi
L'Agefiph - qui fêtera cette année son 25e anniversaire - annonce un nouveau recul du nombre d'entreprises de 20 salariés ne respectant pas le taux d'emploi de 6% et tenues, dès lors, de lui verser une contribution financière (entre 400 et 600 fois le Smic horaire par travailleur handicapé manquant). L'an dernier, 47.520 établissements ont ainsi payé une telle contribution à l'Agefiph, contre un peu plus de 50.000 en 2010. Depuis 2007, ce sont ainsi plus de 10.000 entreprises qui ont atteint le taux d'emploi de 6%. Cette évolution, résultante de la dynamique engendrée par la loi Handicap du 11 février 2005, a pour conséquence logique de priver progressivement l'Agefiph de ses ressources. L'association envisage donc de recentrer ses aides sur les publics rencontrant le plus de difficulté dans leur accession à l'emploi et d'orienter davantage les autres publics vers Pôle emploi.
Si l'emploi des personnes handicapées s'est ainsi amélioré dans le secteur privé, le paradoxe est que le nombre de demandeurs d'emploi handicapés est, lui aussi, en forte progression. Celui-ci a en effet augmenté de 13,9% en 2011, soit une hausse très supérieure à celle observée en population générale (+5,3%). Selon Pierre Blanc, le directeur général de l'Agefiph, dans une interview au quotidien La Croix du 31 mai 2012, "depuis 2011, et surtout au premier semestre 2012, on constate malheureusement, comme pour l'ensemble de la population active, une précarisation de l'embauche des handicapés, avec des postes de plus courte durée. Cette tendance devrait se maintenir tant que la croissance ne sera pas de retour".
Au-delà de ces explications conjoncturelles, cet apparent paradoxe tient aussi, pour une bonne part, à la loi de 2005 elle-même. Devant l'attitude plus ouverte des entreprises (+37% de salariés handicapés entre 2005 et 2009 dans les entreprises de plus de 20 salariés) - et de la société en général - à l'égard du handicap, un nombre plus important de personnes handicapées envisagent une insertion ou un retour sur le marché du travail, qu'elles n'auraient peut-être pas imaginé il y a dix ans. En témoigne notamment la hausse des reconnaissances de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Selon Pierre Blanc, la RQTH "a un peu le statut de valeur refuge en période de crise". Enfin, les obstacles traditionnels à l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés - plus âgés, moins bien formés et au chômage depuis plus longtemps que la moyenne des salariés - sont encore loin d'être surmontés.
Du côté de l'emploi public, le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) n'a pas encore publié ses chiffres pour 2011. On retiendra cependant que la tendance est également à la hausse, mais sur une pente moins prononcée et avec des mouvements plus erratiques et contrastés. Le taux d'emploi global dans les trois fonctions publiques est ainsi passé de 3,74% en 2005 à 4,22% en 2010 (voir ci-contre notre article du 17 février 2012). Mais ce chiffre est similaire à celui de 2007 (4,21%) et ne suffit pas à effacer les effets du recul observé en 2009 (3,99%). Si le taux d'emploi des personnes handicapées est en croissance régulière dans la fonction publique territoriale (de 3,73% en 2005 à 5,1% en 2010) et dans la fonction publique hospitalière (de 3,78% à 5%), il n'en va en effet pas de même dans la fonction publique de l'Etat (de 3,72% à 3,31%).