Economie sociale et solidaire - L'emploi associatif : reflet de l'histoire des territoires
Les quatre familles de l'économie sociale (associations, fondations, coopératives et mutuelles) génèrent 90 milliards d'euros de valeur ajoutée, soit 5% de la valeur ajoutée de l'ensemble de l'économie, d'après une étude de l'Insee, publiée le 21 novembre 2014. "Elles constituent un acteur économique important, pesant 10% de l'effectif salarié (personnes physiques) et 8% de la masse salariale", indique l'Insee. Ces acteurs emploient ainsi 2,3 millions de salariés et versent 60 milliards d'euros de rémunération. Mais "leur importance va au-delà de ces indicateurs", assure aussi l'institut, qui précise notamment que le bénévolat n'est pas pris en compte dans les données.
Autre information livrée par l'Insee : ces familles de l'économie sociale et solidaire sont assez hétéroclites dans leur poids et leur secteur d'intervention.
Les associations et fondations réalisent la plus grosse part de valeur ajoutée : 65,1 milliards d'euros contre 14,7 milliards pour les coopératives et 10,1 milliards pour les mutuelles. Les associations comportent le plus grand nombre de salariés : 1,8 million en 2012. Un effectif qui a mieux résisté à la crise que celui de l'ensemble de l'économie, du fait des domaines d'intervention (action sociale, sport, culture, enseignement général, formation professionnelle et santé).
Les fondations comptent quant à elles 73.180 salariés en 2012 et interviennent dans un nombre plus limité d'activités comme la santé, l'action sociale, l'enseignement et la recherche. "Elles sont en moyenne plus grandes que les associations avec quelques très grosses structures, tels l'Institut Pasteur et l'Institut Curie dans la recherche, et la Fondation nationale des sciences politiques dans l'enseignement", souligne l'étude.
Les coopératives représentent 307.020 salariés, principalement dans la banque et la filière agroalimentaire. Les mutuelles (131.410 salariés en 2012) qui intervenaient auparavant surtout dans les complémentaires santé et l'assurance des biens et des personnes se sont diversifiées (audition, optique). Ces dernières ont aussi "privilégié la création de filiales extérieures à l'économie sociale pour élargir leur offre et cibler de nouveaux clients", précise l'Insee.
Une présence inégale selon les territoires
Même hétérogénéité concernant la présence de ces acteurs sur le territoire : leur poids, qui est de 10% de l'emploi national, est de 28% en Lozère et de 15 à 18% dans une partie du Massif central. Le plus souvent, l'économie sociale vient compenser l'absence de l'industrie et d'une grande partie du tertiaire supérieur (métiers du savoir) en dehors des activités financières. "L'économie sociale pèse donc très peu dans les grandes métropoles", précise la note, qui indique aussi que l'emploi associatif est le reflet de l'histoire des territoires. Ainsi, l'action sociale, domaine d'intervention des associations, représente une part importante des emplois en Lozère (50 emplois pour 1.000 habitants) et dans le Cantal, l'Orne et l'Aveyron (25). Elle est bien moins importante (moins de 10 emplois pour 1.000 habitants) dans la plupart des départements franciliens. L'enseignement associatif, souvent catholique, est fortement développé dans le Grand Ouest, le sud du Massif central et à Paris.
Des coopératives agricoles se sont développées en Bretagne pour compléter l'agriculture locale "dans le sillon du syndicalisme paysan", et les coopératives viticoles interviennent dans le vignoble champenois, mais peu dans le Bordelais…
Autour de Niort, berceau des premières mutuelles d'assurances, l'importance de ces structures persiste.
Enfin, l'Insee indique que la gestion de l'emploi dans les quatre familles de l'économie sociale et solidaire est elle aussi très hétéroclite. Les associations ont tendance à recourir aux contrats aidés. Ils représentent en moyenne 6% des contrats de travail associatifs en 2011. Les coopératives ne les utilisent quasiment jamais. Ils sont aussi marginaux dans les mutuelles et les fondations.
Le temps de travail est aussi plus réduit dans les associations (une moyenne de 1.150 heures par poste), les activités se faisant plus souvent à temps partiel.