L'éducation prioritaire propose une offre de formation plus riche
Les collèges REP et REP+ ont une offre de formation plus large que les autres établissements. Cette offre leur permet d'atténuer l'effet de l'évitement scolaire dont ils peuvent être l'objet.
Et si l'apport majeur de l'éducation prioritaire tenait dans son offre de formation ? Alors que les 1.092 collèges des réseaux d'éducation prioritaire REP et REP+ scolarisaient en 2022 un collégien sur cinq, une étude de la Depp (direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'Éducation nationale) propose une synthèse à jour des données portant sur l'éducation prioritaire. Cette étude – qui rappelle que près de quatre collèges REP+ sur dix sont concentrés dans cinq départements (Nord, Guyane, Seine-Saint-Denis, Bouches-du-Rhône et Réunion), alors qu'un tiers des départements, plutôt ruraux, n'en comptent aucun – souligne aussi que "les collèges en éducation prioritaire ont une offre de formation plus riche".
Arts, sports et langues vivantes
Alors que les collèges publics dispensent en moyenne entre deux et trois dispositifs de formation, ceux de l'éducation prioritaire en proposent entre trois et quatre. Ils possèdent notamment plus souvent des Segpa (sections d'enseignement général et professionnel adapté), des Ulis (unités localisées pour l'inclusion scolaire) et des UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). En 2023-2024, 64% des collèges REP+ et 42% des collèges REP ont par exemple une UPE2A contre 16% des collèges publics hors éducation prioritaire.
Mais ces classes pour élèves à besoins particuliers ne sont pas les seules mises en avant par l'éducation prioritaire. Les classes à horaires aménagés (CHA), qu'elles concernent la musique, la danse ou le théâtre, sont présentes dans 13,3% des collèges REP+ et 13% des collèges REP, pour seulement 7,5% des collèges publics hors éducation prioritaire. Les sections sportives sont également plus fréquentes en éducation prioritaire : 49,4% des collèges REP+ et 41,7% des collèges REP en proposent, contre 34,8% des collèges publics hors éducation prioritaire. Les sections linguistiques sont elles aussi légèrement plus présentes en éducation prioritaire, à l'exception des langues antiques.
Moindre attrait pour le privé
Parallèlement à ces données, la Depp précise qu'à la rentrée 2018 (dernière année d'étude connue), la part des élèves qui choisissent un autre collège public que celui du voisinage est de 22% pour les élèves dont l'établissement environnant relève d'un REP+ et de 17% pour ceux résidant autour d'un collège REP, contre 11% chez les élèves des zones situées hors éducation prioritaire. De plus, le recours au secteur privé sous contrat est moins important chez les élèves dont le collège environnant relève de l'éducation prioritaire : 19% en REP+ et 21% en REP, contre 23% hors éducation prioritaire.
Pour la Depp, ce moindre attrait pour le privé s'explique "sans doute" par les revenus moins élevés des familles résidant autour des établissements REP et REP+. Mais on peut aussi l'expliquer par la très faible présence des classes "à dispositif" dans l'enseignement privé. Si 75,7% des collèges privés proposent des langues antiques, une minorité (42,2%) offrent une section linguistique et moins encore une section sportive (16,7%). Quant aux Segpa et aux classes à horaires aménagés artistiques, elles ne concernent respectivement que 5,3% et 1,4% des collèges privés. En tout état de cause, la Depp estime que la diversité de leur offre de formation "permet de limiter l'évitement des collèges situés en éducation prioritaire".