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L'économie collaborative, une opportunité de développement pour les villes moyennes ?

En préparation depuis plusieurs mois, l'exploration du Lab Ouishare x Chronos "Sharitories" pour "mettre les pratiques collaboratives au service des villes moyennes" s'est conclue à la fin du mois d'octobre. Elle avait été portée avec le soutien du CGET, de Transdev et de Castorama. En observant le cas de quatre villes moyennes françaises - et quatre terrains de comparaison européens - le Lab démontre que ces territoires constituent un terreau privilégié pour l'émergence de pratiques collaboratives. Pour les rédacteurs du rapport final, c'est là un tremplin de développement original, permettant de s'affranchir du mimétisme des grandes métropoles.

Les "standards techno-centrés et coûteux de Smart City développés dans les métropoles" : voilà le paradigme qui, aux yeux des protagonistes de l'exploration Sharitories, ne peut pas garantir le développement et la résilience des villes moyennes françaises. Au cœur de cette étude, la certitude que ces territoires présentent des atouts propres, qui pourraient leur permettre de s'affranchir du mimétisme face aux métropoles, et de développer des politiques publiques qui misent sur la participation et la collaboration. En parlant de la "captation démographique des métropoles" à laquelle ces villes moyennes devraient résister, l'étude semble négliger le dynamisme de nombre de celles-ci. Mais l'essentiel est là : le Lab Ouishare x Chronos choisit de considérer les villes moyennes comme un territoire d'opportunités, et de valoriser leur "niveau de proximité", qui permettrait de développer une dynamique collective qui reste plus difficile à mettre en place dans un cadre métropolitain. Par économie collaborative, l'étude regroupe plusieurs activités qui rejoignent la même dynamique : la consommation collaborative (le partage, le troc ou la location préférés à l'achat), le financement participatif, la gouvernance partagée et, enfin, les lieux collaboratifs (tiers-lieux, fablabs, recycleries, etc).

Les villes moyennes sont déjà sur les rails du collaboratif

Pour démontrer qu'une démarche collaborative peut changer beaucoup de choses dans la manière dont le développement local se construit, l'équipe Sharitories prend l'exemple de Lorient. La ville, plutôt que de se mesurer à ses voisines et entrer en concurrence avec elles, collabore via une alliance "Bretagne Sud" sur des enjeux communs, notamment l'attractivité résidentielle auprès des cadres. Le collaboratif se décline à plusieurs échelles : au sein de l'une des zones d'activités de l'agglomération, Kerpont, les entreprises se sont rassemblées pour mutualiser des services de consommation d'énergie, de mobilité des salariés, d'échanges de matières premières. Le site web de la zone rassemble les actualités des entreprises, les offres d'emploi. Le collaboratif se conjugue également entre particuliers. À Lorient, on pousse l'usage de l'application Smiile, qui permet l'échange d'objets et de services entre particuliers. Les débuts sont là plus poussifs : la plateforme a vu 52 transactions se réaliser sur l'année 2016-2017.
À Mont-de-Marsan, dans les Landes, on choisit aussi le parti de l'inventivité. Et pour cause : "coincée entre Bordeaux et Toulouse", selon les mots de son directeur du développement économique, l'agglomération ne peut se permettre de concurrencer les métropoles. Alors, en s'appuyant sur une tradition associative vivante, et la présence de quelques projets innovants émergents (Bulb in Landes pour le financement participatif, Votremachine.com pour la location de matériel agricole), Mont-de-Marsan souhaite devenir un terrain d'expérimentation pour que les entreprises viennent y tester leurs nouvelles solutions, au travers d'appels à projets. De nombreux territoires, hors des métropoles, souhaitent adopter cette approche, se connecter à la nouvelle économie et l'innovation, malgré leurs difficultés à accueillir des jeunes pousses sur place.

Une feuille de route pour l'attractivité des villes moyennes

De tous ces exemples, l'équipe à l'origine de l'exploration a pu tirer une "feuille de route" au service des villes moyennes souhaitant faire du collaboratif un atout pour leur développement économique. Trois piliers sont explicités : mieux engager les citoyens dans la gouvernance locale, créer plus de liens et de cohésion entre les différents acteurs économiques, et enfin trouver de nouveaux modèles et leviers économiques, notamment via le financement participatif et la valorisation d'espaces vacants.
Les actions proposées sont taillées pour correspondre aux trois défis identifiés comme majeurs pour les villes moyennes : le dynamisme économique, l'attractivité et la qualité de vie. Parmi les initiatives phares qui sont proposées, "créer des passerelles entre offres de formation et écosystème entrepreneurial". Selon l'étude, les collectivités devraient concentrer leurs efforts d'accompagnement de l'entrepreneuriat auprès des secteurs qui bénéficient d'une formation locale. Concrètement, il s'agirait de développer plus souvent des incubateurs et pépinières d'entreprise à proximité des établissements d'enseignement. Cité en exemple, le projet de pépinière La Fabrik au sein du parc d'activités So Watt de Mont-de-Marsan Agglo, qui veut offrir une plateforme de travail adaptée aux jeunes entrepreneurs sortant des écoles locales, bien tentés de poursuivre leur carrière vers Toulouse et Bordeaux. Si l'étude Sharitories exclut une concurrence des villes moyennes avec les métropoles, l'ombre de ces dernières n'est jamais bien loin.

 

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