Le tourisme social revient sur le devant de la scène
À l'occasion d'un déplacement au mont Saint-Michel, Édouard Philippe a confié à la députée de la Sarthe Pascale Fontenel-Personne une mission sur le départ en vacances des "familles les plus modestes". Il s'est en outre vu remettre un rapport sur le potentiel d'emploi dans le tourisme.
Lors d'un déplacement au mont Saint-Michel, le 14 mars, Édouard Philippe a annoncé le lancement d'une mission sur le tourisme social. Le Premier ministre était accompagné de Franck Riester, le ministre de la Culture, de Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, et de Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'État auprès du ministère des Affaires étrangères en charge - de fait - du tourisme. Le rattachement du tourisme au ministère des Affaires étrangères, en 2012 avec Laurent Fabius, a de facto fortement orienté la politique de l'État en la matière vers le développement du tourisme international, avec en particulier l'objectif des 100 millions de touristes à l'horizon 2020.
Près de 40% des Français ne partent pas en vacances
Une préoccupation qui a conduit à délaisser quelque peu le tourisme intérieur et, plus encore, le tourisme social. Un récent rapport de la commission des finances de l'Assemblée nationale s'inquiétait d'ailleurs de ce déséquilibre et de ses conséquences (voir notre article ci-dessous du 15 novembre 2018).
Certes, le taux de départ en vacances des Français continue de se redresser et a atteint l'an dernier 66%, son niveau le plus élevé depuis près de vingt ans (voir notre article ci-dessous du 13 mars 2019). Mais les inégalités sociales restent très prononcées en matière de vacances, sans oublier le cas des "publics à besoins spécifiques" (voir notre article ci-dessous du 18 décembre 2018). Lors de son déplacement, Édouard Philippe a ainsi rappelé que près de 40% des Français ne partent pas en vacances, en particulier parmi les 15-24 ans (59% de non départ) et les plus de 65 ans (60%). En outre, trois millions d'enfants ne partent pas régulièrement en vacances.
Dans ce contexte, le Premier ministre a confié à Pascale Fontenel-Personne, députée (LREM) de la Sarthe, une mission "afin d’identifier les moyens qui permettront aux familles les plus modestes de partir, notamment en se rapprochant des centaines d’opérateurs travaillant avec les milieux associatifs". Les conclusions de cette mission alimenteront le conseil interministériel du tourisme prévu à la fin de 2019 et qui devrait donc consacrer une part significative de ses travaux au tourisme social. À cette occasion, Édouard Philippe a insisté sur le fait qu'"avec 60% d’établissements de tourisme solidaire situés dans des communes de moins de 3.000 habitants, permettre aux Français de partir en vacances est aussi un enjeu économique territorial".
Dans une première version, le communiqué de Matignon, titré "Tourisme pour tous : une mission pour aider plus de Français à partir en vacances", évoquait la réalisation d'un "état des lieux du tourisme". Il précisait aussi que "le Premier ministre souhaite moderniser le 'contrat de confiance' historique passé entre l’État et les centaines d’opérateurs qui interviennent dans ce domaine, souvent de manière associative et désintéressée depuis les années 1930". Deux éléments qui ne figurent plus dans la seconde version du communiqué, mise en ligne quelques heures plus tard.
"Un gisement d'emplois à exploiter"
Celle-ci, titrée "Tourisme : un gisement d'emplois à exploiter", est centrée sur un autre aspect du déplacement d'Édouard Philippe au mont Saint-Michel : la remise du rapport confié en octobre dernier à trois professionnels du secteur en vue de développer le potentiel d'emploi dans le tourisme. Sur ce point, Édouard Philippe rappelle que "chaque année, sur près de 280.000 emplois de recrutement (identifiés par Pôle emploi), 50.000 ne sont pas pourvus".
La réponse passe par un renforcement de l'attractivité du secteur auprès des jeunes. Pour cela, "dans un secteur où les métiers peuvent s’avérer éprouvants, il est impératif d’améliorer les conditions de vie au travail". Le rapport préconise donc la mise en place d’un contrat entre l’État et les professionnels du secteur, prévoyant une série d’engagements en ce sens. Une autre piste consisterait à faciliter le passage entre les différentes branches du tourisme, afin de permettre la continuité de l’emploi. Ceci suppose de "rapprocher les branches du tourisme, dans une gouvernance commune et des filières structurées". Le rapport préconise également de développer des solutions concrètes comme les groupements d’employeurs.
Un Epic du mont Saint-Michel... en janvier 2020
Édouard Philippe a aussi profité de son passage sur le site pour lancer la préfiguration de l'Epic national (établissement public à caractère industriel et commercial) du mont Saint-Michel, qui sera chargé de sortir enfin le mont de ses problèmes récurrents de gouvernance et de coordonner la gestion du site et son développement, à la fois touristique, culturel et territorial (voir notre article ci-dessous du 19 décembre 2017). Le communiqué précise que la création de cet Epic "répond au souhait partagé par tous de mettre en place une structure de gestion unique du site dans ses différentes dimensions (accueil, sécurité, stationnement, billetterie, services, tourisme, programmation culturelle, gestion des ouvrages)". Le Premier ministre a nommé Christophe Beaux, conseiller-maître à la Cour des comptes et ancien PDG de la Monnaie de Paris, préfigurateur de cette nouvelle structure.
Le principe de la création de cet Epic avait été annoncé par Bernard Cazeneuve, alors Premier ministre, en avril 2017. Elle a ensuite été confirmée par Édouard Philippe lors du comité interministériel du tourisme du 19 juillet 2018 (voir notre article ci-dessous du même jour). Finalement, l'Epic du mont Saint-Michel devrait être opérationnel... le 1er janvier 2020.