Le tourisme a signé ses plans Eau
Le secteur touristique a adopté trois plans de sobriété hydrique. Dans chaque domaine – hôtellerie-restauration, sports et activités de plein air, et espaces de loisirs, d'attractions et culturels –, les acteurs s'engagent à réduire leur consommation, sensibiliser le public et organiser la gestion de crise.

© @n_delattre/ Nathalie Delattre (à gauche)
Deux ans après le lancement du plan Eau par le président de la République, Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, a signé le 24 avril à Paris trois plans de sobriété hydrique pour couvrir la totalité des activités du secteur touristique.
En matière d'eau, le tourisme est un acteur économique à part. Alors qu'un Français moyen consomme 148 litres d'eau quotidiennement, ce même Français en utilise 230 litres lorsqu'il est en vacances. Selon une analyse de la direction générale des Entreprises (DGE) publiée en septembre 2024, les activités touristiques représentent chaque année 335 millions de mètres cubes de prélèvement en eau. 59% de ce prélèvement est associé à l'hébergement et 27% à la restauration, alors que la production de neige et le secteur du golf atteignent respectivement 9% et 3%. L'eau est ainsi une ressource stratégique pour l'attractivité touristique et sa disponibilité conditionne le bon fonctionnement de nombreuses activités. Car si elle s'avère indispensable pour les stations de ski et les golfs, elle l'est tout autant pour les campings, parcs de loisirs ou activités de plein air.
Des acteurs déjà "fortement engagés"
Dans son analyse, la DGE précisait que "les acteurs du tourisme sont fortement engagés pour économiser l'eau" – citant les 94% d'hôtels qui sensibilisent leur clientèle aux économies d'eau – mais ajoutait aussitôt que "de nombreux efforts restent à fournir". Elle annonçait alors que les conclusions de son étude conduiraient à un travail avec les acteurs du tourisme. C'est chose faite grâce à la signature des trois plans élaborés sous la coordination de la DGE et de la Confédération des acteurs du tourisme (CAT), aux côtés du ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, des collectivités locales et des agences de l'eau.
Pourquoi trois plans différents ? Pour impliquer des acteurs travaillant dans des secteurs aussi différents que l'hébergement et la restauration, les sports et les activités de plein air et, enfin, les espaces de loisirs, d'attractions et culturels. Ces trois plans s'inscrivent dans l'objectif national de réduction de 10% des prélèvements d'eau d'ici 2030 et s'appuient sur une stratégie commune. Celle-ci vise, notamment, à structurer la gouvernance autour de la gestion de l'eau en désignant des référents dédiés et en renforçant la coordination avec les acteurs institutionnels et territoriaux, à faire de l'analyse des consommations un véritable outil de pilotage, et à déployer des outils de sensibilisation à destination des professionnels et des clients.
Intégration aux instances locales de gestion de l'eau
La filière hôtellerie, café, restauration (HCR), s'est engagée par l'intermédiaire de trois organisations professionnelles : le Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR), l'Union des métiers de l'hôtellerie restauration (UMIH) et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC). Parmi les mesures de son plan particulier, on peut noter l'intégration des entreprises aux instances locales de gestion de l'eau, ainsi que la création d'un observatoire de la gestion de l'eau pour le secteur HCR. Ces mesures se déclineront également dans la filière de l'hôtellerie de plein air (HPA), laquelle se dotera de surcroît d'un outil de gestion de crise en cas de sécheresse ou d'inondations. Quant au secteur des résidences de tourisme, outre des actions sur l'organisation de la sobriété hydrique et la collecte de données, il développera des outils de sensibilisation (manuel des écogestes, fiches actions, etc.).
100% d'eau impropre à la consommation dans les golfs
De son côté, la filière sports et activités de plein air, sous le pilotage des Domaines skiables de France, de la Fédération française du golf et de l'Union sport et cycle, s'engage notamment à optimiser les stratégies d'enneigement au cours de la saison de ski, à utiliser 100% d'eau impropre à la consommation dans les structures golfiques ou à recenser les difficultés rencontrées sur le terrain en cas de crise due à la sécheresse et à les transmettre aux autorités locales et nationales compétentes avant de déployer un plan d'adaptation en cas de restrictions d'usage.
Enfin, les espaces de loisirs, d'attractions et culturels, particulièrement exposés à des vulnérabilités accrues pour ceux qui se situent en plein air, entendent, sous la conduite de leur syndicat national (Snelac), déployer des solutions innovantes de récupération, de stockage et de réutilisation des eaux de pluie, poursuivre la réalisation d'un observatoire sur les usages de l'eau dans les sites de loisirs et culturels, et réaliser une cartographie des exploitants touchés par des périodes de stress hydrique pour mieux les accompagner.
Le suivi du déploiement de ces différents plans sera assuré dans le cadre du Comité de filière tourisme.
› 25 lauréats pour l'AMI "Gestion des ressources en eau dans le tourisme"À l'occasion de la signature des trois plans de sobriété hydrique du secteur touristique, Nathalie Delattre a annoncé la liste des vingt-cinq lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt "Gestion des ressources en eau dans le tourisme", piloté par Atout France, qui vise à soutenir des projets innovants portés par les acteurs du tourisme pour améliorer la gestion de l'eau à l'échelle des territoires. Les lauréats retenus proposent des projets exemplaires en matière de gestion de la ressource en eau : diagnostic et suivi des réseaux hydrauliques, sensibilisation et formation des acteurs et des touristes, concertation entre usagers et acteurs des projets de gestion de l'eau, etc. Ils bénéficieront chacun d'une subvention pouvant aller jusqu'à 50.000 euros et d'un accompagnement par Atout France pendant douze mois. Parmi les lauréats, on trouve des acteurs privés du secteur de l'hôtellerie ou des résidences de tourisme, ainsi que des sites comme la grotte Chauvet, en Ardèche, la marina de Dunkerque ou le parc du Futuroscope, ou encore des acteurs associatifs ou publics, à l'image de l'agence de développement touristique de l'Ardèche, de Dinan agglomération et du comité départemental du tourisme de la Dordogne. |