Le tour de la forêt française en dix questions

L'Ademe vient de publier un guide intitulé "La forêt française en dix questions" qui passe en revue de manière pédagogique les grands défis auxquels doit faire face la forêt hexagonale.

Réalisé en collaboration avec l'Office national des forêts (ONF) et le Centre national de la propriété forestière, le guide que vient de publier l'Ademe sous le titre "La forêt française en 10 questions" dresse un état des lieux clair et synthétique, assorti d'une riche iconographie, des grands défis qui se posent aujourd'hui pour la forêt hexagonale. Aujourd'hui la plus diversifiée d'Europe, avec 190 essences d'arbres au total, elle pourrait avoir changé de visage d'ici 50 ans sous l'influence du changement climatique. Depuis près de 20 ans, sa santé se dégrade et elle ne s'adapte pas assez vite, ce qui la rend vulnérable aux ravageurs tels que les scolytes, l'hylobe ou la chalarose.

Coupes rases : des impacts à "mieux maîtriser"

Le guide rappelle en outre que la forêt appartient en grande majorité à des propriétaires privés et décrit les règles à respecter en forêt. Il aborde aussi la question de l'exploitation forestière et du rôle de la filière bois. Sur la question controversée des coupes rases, il estime qu'elles peuvent être une nécessité dans certains cas – récolte de plantations résineuses arrivées à maturité ou de la totalité d'un peuplement sinistré (suite à un aléa climatique, à un incendie, à une propagation de ravageurs...) "afin de faire renaître une forêt plus adaptée au futur" – et sont généralement suivies par un programme de plantation.

Mais il reconnaît des "impacts négatifs à mieux maîtriser" : risques d’érosion (surtout sur les terrains en pente) et de lessivage des terres en cas de pluie du fait de la mise à nu brutale du sol, accélération de la décomposition de la matière organique (qui relâche alors du carbone) présente dans le sol, perturbation de la biodiversité, notamment des espèces qui ont besoin d'ombre et d'humidité. De plus, le passage des engins forestiers sur l’ensemble de la parcelle forestière peut entraîner un tassement des sols si la circulation des engins n'est pas correctement organisée. L'air et l'eau entrant difficilement dans la terre tassée, le développement des micro-organismes et la pousse des jeunes plants sont freinés. Le guide indique donc les bonnes pratiques à respecter - ne circuler avec les engins que sur des espaces délimités réservés à leur circulation, laisser les souches d'arbres en terre, ne pas prélever non plus toutes les branches, maintenir des zones à haut intérêt environnemental (îlots d’arbres qui servent d’habitat aux animaux et aux végétaux de la forêt, bois morts qui vont se dégrader lentement pour nourrir le sol...).

Des pistes pour mieux préserver la forêt

Le guide donne des pistes pour mieux préserver la forêt, en organisant une gestion durable, en la laissant se régénérer et/ou en replantant, en protégeant la biodiversité et la fertilité des sols, en veillant à un meilleur équilibre du nombre de cerfs, de chevreuils et de sangliers. Rappelant que 87% des surfaces renouvelées se font par régénération naturelle, il souligne aussi l'importance de bien entretenir la forêt pour favoriser la croissance des plus beaux arbres, sécuriser les milieux et les zones habitées et mieux lutter contre les menaces tout en permettant la continuité de la production de bois, des activités de loisirs, des services environnementaux.

Plantations de résineux : les risques de la monoculture

Concernant les plantations de résineux, le guide explique leur utilité pour la construction en bois tout en pointant les risques liés au manque de diversité. Souvent plantés en monoculture et de façon alignée pour faciliter l’exploitation de la forêt (passage des engins, éclaircies, coupes rases), ils sont plus exposés à la propagation des maladies d’un arbre à l’autre. "Le changement climatique amène aussi à repenser la façon de gérer les forêts pour les rendre plus résistantes et résilientes", insiste le guide. L’augmentation des températures peut ainsi fragiliser les plantations de certains résineux. L’épicéa, par exemple, qui pousse naturellement en montagne, n’est plus adapté pour des plantations en plaine où des périodes de fortes chaleurs sont devenues plus fréquentes.

Le guide revient sur le rôle essentiel joué par les forêts dans l'équilibre climatique et l'intérêt de planter des arbres aujourd'hui même si leur impact ne se fera sentir que dans plusieurs années et que la forêt ne pourra à elle seule compenser l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre du pays. Enfin, il se termine par une évocation des métiers de la forêt.