Le Tour de France, une vitrine pour la politique du vélo à Bordeaux
Le passage du Tour de France cycliste à Bordeaux ce 7 juillet constitue pour la municipalité une occasion de mettre en avant toutes les dimensions de sa politique en faveur du développement du vélo, du sportif à l'usage quotidien.
En juillet 2021, à rebours de ses collègues maires écologistes de grandes villes qui avaient critiqué le Tour de France un an plus tôt (lire notre article du 11 septembre 2020), Pierre Hurmic, premier magistrat de Bordeaux, avait parcouru les trente kilomètres qui séparent la préfecture de la Gironde de sa sous-préfecture Libourne pour assister à la 20e étape de la plus grande course cycliste du monde. Son but ? Rencontrer Christian Prudhomme, le directeur du Tour, et lui dire que sa ville désirait de nouveau accueillir l'épreuve. Après une éclipse de douze ans, Bordeaux est ainsi ce vendredi 7 juillet ville d'arrivée de la 7e étape du Tour de France. Pour Pierre Hurmic, cet évènement est l'occasion de proposer aux habitants et aux touristes une grande fête populaire et gratuite, une dimension qui lui est chère, mais également de donner de la visibilité à sa politique en faveur du vélo.
"Nous avons en effet candidaté il y a deux ans, au moment où il y a eu une polémique entre l'organisateur et certaines municipalités qui ne voyaient pas l'opportunité [d'accueillir le Tour]. On nous a enfermés dans un débat en disant : 'Regardez, Lyon ne veut pas, Rennes ne veut pas, Poitiers ne veut pas, alors pourquoi Bordeaux ?'", confie Mathieu Hazouard, adjoint au maire de Bordeaux chargé des sports.
Pourquoi Bordeaux ? La réponse est multiple. Le Tour est vu par 1,5 milliard de téléspectateurs à travers le monde et offre une vitrine internationale incomparable. Le Tour est aussi un levier économique substantiel pour les villes-étapes. Si le ticket d'entrée pour accueillir une arrivée est de 130.000 euros, auxquels la ville et la métropole ajouteront un certain nombre d'investissements (sécurité, gestion des déchets, etc.) pour un montant total de près d'un million d'euros, Bordeaux attend entre 30.000 et 50.000 visiteurs pour le Tour, dont 30 à 40% devraient rester tout le week-end. "Les grands événements sont un investissement de la puissance publique pour le territoire et sa vitalité économique", assure Mathieu Hazouard.
"Dialogue constructif" avec ASO
On pourrait également mettre en avant la dimension environnementale du Tour. Ou plutôt la volonté affichée de faire mieux en la matière. "Aujourd'hui, on ne pourrait plus organiser de grands évènements ?, interroge Mathieu Hazouard de façon provocante. Nous avons tous le même horizon et il faut amener chacun vers une dimension de sobriété. Il y a toujours un débat sur l'impact social et environnemental des grands évènements sportifs. Aujourd'hui, le Tour fait preuve d'une trajectoire très positive dans la réduction de son empreinte environnementale."
Pour appuyer cette dimension environnementale, un "dialogue constructif" s'est instauré entre la ville de Bordeaux et ASO, organisateur du Tour. "Nous avons rencontré la ville et lui avons présenté notre politique et nos opérations dès l'annonce du parcours. Cela leur a permis de voir ce que nous faisions et de compléter ce dispositif. Nous avons été complémentaires dans l'organisation de cette étape", explique Karine Bozzacchi, responsable RSE du Tour de France chez ASO. Résultat : un parking à vélos gardé de mille places, contre environ cent vingt places sur les autres villes-étapes, a été installé près de la zone d'arrivée, place des Quinconces. Une installation éphémère qui appuiera la campagne incitant le public à venir en transports en commun ou en covoiturage. La gestion des déchets et les offres de restauration favorisant les produits locaux et les circuits courts constituent d'autres aspects de la coopération entre la ville et ASO en matière environnementale.
Mais en accueillant le Tour, la ville veut aussi et surtout mettre en avant "ce qu'on peut faire autour du vélo avec toutes ses particularités". Depuis septembre dernier, les classes de CM2 de la commune suivent l'apprentissage du Savoir-rouler à vélo et les enfants sortent dans l'espace public durant le temps scolaire. Quelques heures avant le peloton du Tour, ce 7 juillet, onze de ces classes vont passer la ligne d'arrivée à vélo. Deux clubs cyclistes amateurs vont par ailleurs profiter des recettes générées par le passage de la caravane. "Le Tour, c'est du sport professionnel, confie Mathieu Hazouard. En tant qu'adjoint aux sports, j'y suis attaché. À côté de la dimension mobilité et loisirs, certains souhaitent avoir des trajectoires de haut niveau. Je n'oppose pas les uns et les autres. C'est un tout. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons souhaité accueillir une étape."
La preuve par le Tour
Une dimension sportive qui s'articule nécessairement avec les usages quotidiens du vélo. "Aujourd'hui, à Bordeaux la dynamique autour du vélo porte sur plusieurs angles. Une jeune fille de douze ans peut-elle trouver un club capable de l'accueillir ? Puis-je pratiquer de manière sécurisée en ville ? Cela participe d'une action ancrée de longue date. Depuis dix ans, Bordeaux et la métropole sont en perpétuel aménagement. Nous favorisons la pratique du vélo dans son ensemble. Le Tour vient mettre en lumière tout ça", pointe Mathieu Hazouard.
Cette politique globale s'est récemment concrétisée par une distinction, toujours en lien avec le Tour de France : Bordeaux a obtenu le label Ville à vélo du Tour de France, créé en 2021 pour encourager les initiatives en faveur de la pratique de la bicyclette au quotidien dans les communes ayant accueilli au moins une fois le Tour. Bordeaux a été récompensée par quatre "vélos", un niveau que seule Paris avait atteint avant elle. "Cela souligne la forte appétence de la ville en faveur du vélo", se félicite Karine Bozzacchi. Une distinction qui souligne aussi que le retour du Tour à Bordeaux n'est pas un épiphénomène. "Nous continuerons à être candidats à l'accueil d'étapes." Prochain objectif pour la ville : accueillir le Grand Départ du Tour de France femmes en 2025.