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Logement - Le secteur locatif privé, une affaire de petits propriétaires

L'Agence nationale pour l'information sur le logement publie une étude à vocation comparative sur la situation des principaux pays développés en matière de secteur locatif privé. Le taux français de bailleurs physiques ne se retrouve nulle part ailleurs.

L'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil) publie, dans la dernière livraison de sa revue "Habitat actualité", une étude intitulée "Comment développer un secteur locatif privé durable ? Une comparaison internationale". Il s'agit en l'occurrence d'un travail mené par une chercheuse de la célèbre London School of Economics, à laquelle l'Anil a été associée pour la partie française. Partant de la volonté du gouvernement britannique d'encourager le développement du parc locatif privé, cette étude à vocation comparative s'intéresse à la situation des principaux pays développés en la matière. Malgré certaines difficultés méthodologiques - la définition du parc locatif varie selon les pays -, l'étude apporte plusieurs enseignements intéressants, au moment où le gouvernement vient d'annoncer la disparition prochaine du dispositif Scellier d'encouragement à l'investissement locatif.
Tout d'abord, il apparaît un certain nombre de constantes. Ainsi, "dans la plupart des pays européens, la Suisse constituant la principale exception, le poids du parc locatif privé n'a cessé de se réduire au cours du siècle dernier, passant de statut d'occupation majoritaire à celui de statut résiduel". A l'exception du Royaume-Uni et de l'Irlande, "cette marginalisation s'est accentuée au cours des trente dernières années, sous le double effet du développement du parc locatif social et des progrès de l'accession à la propriété". En France, la part du parc locatif privé est passée de 25% au début des années 1980 à 22% ces dernières années. Aujourd'hui, cette part dans le parc total de logements va de 7% en Espagne et 10% en Irlande et aux Pays-Bas, à 32% aux Etats-Unis, environ 56% en Suisse et 60% en Allemagne. La plupart des pays développés se situent toutefois autour de 15 à 20%. En outre, le parc locatif privé est socialement assez typé, dans la mesure où il accueille surtout des jeunes (notamment les étudiants), des personnes âgées, des personnes isolées avec ou sans enfants, celles disposant de bas revenus et des immigrants.
L'étude se penche également sur le statut des bailleurs du parc locatif privé. Sur ce point, la France se distingue très nettement des autres pays développés. Les propriétaires bailleurs personnes physiques représentent en effet 95,1% de l'ensemble des logements de cette catégorie, contre 3,3% pour les bailleurs institutionnels et 1,6% pour les "autres". Ce taux de bailleurs physiques ne se retrouve dans un aucun autre pays développé. Pour s'en tenir à la seule répartition entre personnes physiques et bailleurs institutionnels, la proportion est ainsi de 86/14 en Espagne, 86/7 en Belgique, 78/13 aux Etats-Unis, 75/25 au Royaume-Uni, 61/17 en Allemagne ou 44/37 aux Pays-Bas. Dans des pays comme la Suède ou l'Autriche, les bailleurs personnes physiques sont même pratiquement inexistants. A défaut d'être encore la France de propriétaires occupants souhaitée par le chef de l'Etat, notre pays peut - sans conteste - revendiquer le titre de royaume des petits propriétaires bailleurs...