Le secteur du spectacle vivant dévoile son plan de transformation écologique
Un grand nombre d'organisations professionnelles du spectacle vivant, dont des scènes publiques, publient un plan d'action pour une transformation écologique. La question de l'écoconditionnalité des subventions y est largement abordée, ce qui concerne de très près les collectivités, tout comme la question des transports du public.
Quelques semaines après la publication par le ministère de la Culture d'un guide "d'orientation et d'inspiration" pour la transition écologique des acteurs culturels (lire notre article du 15 janvier), c'est au tour des acteurs du spectacle vivant de publier leur "plan d'action commun pour une transformation écologique".
Signé par quatorze organisations professionnelles, dont France festivals, le Syndicat des musiques actuelles (SMA) et le Syndicat national des scènes publiques (SNSP), rassemblées au sein de l'association Arviva, ce plan se veut le "signe de [la] volonté de sensibiliser massivement [les] membres aux enjeux de la transformation écologique" et identifie des thématiques "sur lesquelles [les] organisations ont la capacité d'agir de façon conjointe : formation, politiques culturelles et leurs financements, travail et emploi, informations et outils, et mobilités".
Pour une écoconditionnalité des aides concertée
Au chapitre des politiques culturelles et de leurs financements, le plan d'Arviva s'attarde largement sur les pratiques d'écoconditionnalité des aides publiques à la culture. L'association estime que "si l'instauration progressive de critères d'écoconditionnalité […] semble un levier pertinent pour permettre la transformation systémique du secteur, elle doit être construite en concertation avec les organisations représentatives des acteurs concernés pour proposer des mesures adaptées et garantir une cohérence d'ensemble".
Arviva s'engage dès lors à "dresser un panorama représentatif – mais non exhaustif – des pratiques d'écoconditionnalité existantes", notamment en collaborant avec les acteurs concernés, dont les collectivités territoriales et leurs associations. Ce travail devra permettre "d'adopter un point de vue critique et d'analyser ces différentes expérimentations, ainsi que leurs effets sur les acteurs concernés". Il devrait être mené en collaboration avec des organismes observateurs des politiques culturelles et/ou des collectivités territoriales volontaires impliquées dans le réseau Arviva et sera réalisé, entre autres, via un questionnaire court à destination des collectivités, pour un partage fin 2024.
Rendre lisibles les financements de la transition
À terme, "l'objectif est de tendre vers l'harmonisation des critères et de leurs modalités d'évaluation […] et vers une répartition claire des rôles entre les financeurs afin de favoriser l'interopérabilité des dispositifs". Toutefois, souligne encore Arviva, cette question de l'écoconditionnalité des critères de subventions "ne doit pas cacher d'autres enjeux importants qui n'apparaissent pas explicitement dans cette mesure, par exemple celui de la formation aux enjeux écologiques des agents et élus en charge de l'instruction des dossiers de demandes de financements".
Toujours à propos des politiques publiques, le plan entend "encourager la production et la mise à disposition des structures d'un diagnostic de l'existant des financements publics de la transition écologique". Autrement dit, les "rendre lisibles". Le tout dans un double objectif : rassembler et structurer ces informations pour "faire gagner du temps aux acteurs du spectacle" et valoriser les dispositifs mis en place pour soutenir la transformation écologique.
Influer sur les politiques de mobilité
Enfin, dans un secteur où la mobilité, en particulier du public, constitue la part la plus importante de l'impact carbone, le plan invite les entreprises culturelles "à interroger leurs mobilités et l'impact de leurs modèles de production/diffusion, à expérimenter et soutenir des formes de mobilités durables", mais aussi "à porter des discours communs pour influer sur les politiques d'aménagement du territoire et d'organisation de la mobilité".
Parmi les objectifs qui seront discutés cette année, y compris avec les collectivités, on note d'abord des mesures destinées au public : développement de transports publics accessibles ou extension de leurs horaires, systématisation des infrastructures d'accueil de mobilités douces dans les lieux de spectacle, gratuité des transports en commun sur présentation du billet de spectacle ou encore mise en réseaux des structures culturelles pour créer des coalitions territoriales.
De manière plus spécifique, le plan invite la SNCF à créer une carte pour permettre aux artistes et techniciens de voyager avec leurs instruments sans risque d'amende, à simplifier le fret ferroviaire des instruments volumineux et des décors, mais demande aussi aux salles et aux producteurs d'harmoniser les normes techniques et de matériels afin de réduire le volume transporté et d'optimiser les tournées.