Le réseau d'initiative publique du Val-d'Oise remporté par TDF : une première qui change la donne
Le conseil départemental du Val-d'Oise et le syndicat mixte Val-d'Oise Numérique ont officialisé vendredi 17 février l'attribution d'une délégation de service public à TDF pour la conception, l'établissement, l'exploitation, la commercialisation et le financement du réseau fibre optique Vortex, couvrant une bonne part du département. Une première pour TDF, qui entre ainsi sur le marché des RIP en ayant soumis une offre financièrement attractive.
Il y avait les opérateurs intégrés (SFR et Orange) et les opérateurs d'opérateurs : Axione, Altitude, Covage. C'est cette dernière catégorie que TDF vient rejoindre, alors que le marché s'était récemment consolidé avec la fusion de Tutor et Covage. Le métier historique de TDF est orienté vers les réseaux hertziens : premier diffuseur de la radio, de la TNT, mais également des réseaux mobiles des grands opérateurs. En gérant 9.500 points hauts, TDF a développé des compétences dans la fibre optique : il fallait bien assurer la connexion de ces antennes émettrices et collectrices et sécuriser le transport des données jusqu'aux infrastructures des entreprises clientes. Un savoir-faire et un portefeuille de relations que TDF souhaite mettre en valeur pour entrer sur le marché des RIP, alors que ses métiers traditionnels en radio et télévision sont plutôt sur le déclin. Cette diversification a été décidée il y a plus d'un an, en concertation avec les investisseurs de l'entreprise, des fonds d'infrastructure notamment. "Cela fait deux ans que TDF nous a rejoint", observe Etienne Dugas, président de la fédération des industriels des RIP. Un événement qui n'est pas perçu par tous avec autant d'enthousiasme ; Covage, très présent en Ile-de-France et qui avait acquis son concurrent Tutor, avait déposé en décembre un recours contre l'attribution de la DSP du Val-d'Oise à TDF - recours depuis rejeté.
Le Val-d'Oise capitalise sur l'appétit du nouvel entrant
TDF devant encore faire toutes ses preuves sur ce nouveau marché, le département du Val-d'Oise a bénéficié de conditions avantageuses. Sur un projet évalué à 100 millions d'euros, Val-d'Oise Numérique consentira 15 millions d'euros de subventions, soit deux fois moins que la prévision initiale. TDF, soutenu par des actionnaires, investira seul dans la société de projet du RIP ; une participation de la Caisse des Dépôts serait cependant envisagée, dans un second temps. Le Val-d'Oise a également su obtenir des garanties spécifiques pour son territoire : l'implantation du centre technique national "Réseaux et Fibre" de TDF sur le territoire du département, une priorité aux entreprises locales dans la sous-traitance, mais aussi la création d'un fonds de 6,5 millions d'euros abondé par le délégataire notamment via redevance directe, au service du développement "des usages, des actions d'insertion et de formation" en lien avec le numérique. "Nous en sommes aux débuts de nos réflexions sur ces thèmes", précise Pierre-Edouard Eon, président de Val-d'Oise Numérique. "Nous allons nous appuyer sur une instance consultative rassemblant les acteurs numériques du département, à la manière du Conseil national du numérique".
Du point de vue technologique, le RIP du Val d'Oise est ambitieux : il s'agirait d'apporter le FttH et le FttO sur 116 communes du Vexin d'ici fin 2019, en fibrant 15 000 premières prises dès 2017.
Le réseau Vortex viendra compléter un réseau plus ancien mené en partenariat avec la Seine-Saint-Denis, Debitex. Le département tente de capitaliser sur ces infrastructures, en construisant des projets de services numériques en partenariat avec la région Île-de-France : un datacenter à Champagne-sur-Oise, pour héberger les données publiques ; un groupement fermé d'utilisateurs, pour développer l'e-éducation dans les collèges et lycées du territoire (voir notre article du 17 octobre 2016).
