Le recours au fonds d’aide aux jeunes (FAJ) diminue fortement
La montée en puissance de la garantie jeunes, remplacée par le contrat d’engagement jeune en 2022, expliquerait en partie l'évolution de ce dispositif géré par les départements.
"Créé en 1989 pour pallier la non-éligibilité des moins de 25 ans au revenu minimum d’insertion", le fonds d’aide aux jeunes (FAJ) "vise à sécuriser les parcours d’insertion en tenant compte des situations d’urgence", selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux). La Drees publie ce 15 février les dernières données de son enquête sur ce dispositif géré par les départements qui, depuis la loi de décentralisation de 2004, établissent librement les conditions d’éligibilité aux aides. Ces dernières sont "versées le plus souvent à titre subsidiaire, lorsque les autres dispositifs existants ne peuvent être mobilisés", explique encore la Drees.
En 2022, les départements ont attribué 16,2 millions d’euros d’aides à des jeunes de 18 à 25 ans en difficulté dans le cadre du FAJ, soit une baisse de 42% par rapport à 2013. Cela correspond à 82.900 aides individuelles attribuées en 2022, soit 20% de moins qu’en 2019 et 44% de moins qu’en 2013 (147.880 aides avaient été alors délivrées). Sans double compte (puisque l’aide peut être perçue plusieurs fois dans l’année), 56.700 jeunes ont bénéficié du FAJ en 2022, contre 96.200 en 2013.
Cette baisse continue du nombre d’aides attribuées et de bénéficiaires depuis une dizaine d’années s’explique "en partie par un effet de substitution avec l’expérimentation de la garantie jeunes (GJ) qui a débuté en 2013 et a été généralisée à partir de 2017", selon la Drees. S’adressant aux jeunes de 16 à 25 ans ni en emploi, ni en formation, ni en étude (Neet), la garantie jeunes prévoyait un accompagnement intensif vers l’emploi et une aide financière ; ce dispositif a été remplacé par le contrat d’engagement jeune (CEJ) en 2022. La baisse du nombre de bénéficiaires du FAJ "s’est accentuée entre 2021 et 2022, passant de 70.100 à 56.700 (-19,1%)" après une diminution de "4,6% par an en moyenne entre 2019 et 2022", observe la Drees. Le taux d’attribution des aides n’a lui pas baissé : 92% des demandes ont été satisfaites en 2022, comme en 2019.
Le montant moyen perçu par bénéficiaire du FAJ sur une année a augmenté : 290 euros en 2022, contre 250 euros en 2019, ce qui correspond à une hausse de 21 euros en euros constants. Les sommes versées par bénéficiaire varient beaucoup d’un département à l’autre : "dans un département sur dix, ce montant est inférieur à 100 euros, dans quatre sur dix, il est compris entre 100 et 200 euros, dans trois sur dix, il est compris entre 200 et 300 euros, et il est supérieur à 300 euros dans deux départements sur dix". Le FAJ est une aide dite "de dernier recours" et 58% des financements attribués en 2022 ont servi à subvenir à des besoins alimentaires. Les autres besoins mentionnés sont le transport dont l’aide au permis de conduire (19% en 2022), le logement (6%), la formation (4%) et une catégorie "Autres" (12%) regroupant le soutien à la recherche d’emploi, la santé ou encore "des aides en attente de paiement".
Pour cette enquête, la Drees s’appuie sur une collecte exhaustive des données déclarées par les départements (et sur des estimations pour les données manquantes) ; ces données départementales sont publiées en même temps que la synthèse nationale.