Culture - Le rapport Auclaire propose de décentraliser les dispositifs d'éducation au cinéma
Alain Auclaire - ancien président de la Femis et membre du comité de la diffusion du Centre national de la cinématographie (CNC) - a remis le 10 décembre à Christine Albanel son rapport sur le soutien à l'action culturelle dans le domaine du cinéma, commandé en février dernier. La diffusion culturelle du cinéma - largement financée par l'Etat et les collectivités territoriales - couvre les salles classées art et essai, les festivals, les ciné-clubs et les principales associations et actions de diffusion culturelle. Le rapport formule 22 propositions, dont 12 concernent le réseau de développement des dispositifs d'éducation au cinéma, dans lequel les collectivités sont fortement impliquées à travers leur participation à des opérations comme "Ecole et cinéma", "Collège au cinéma" et "Lycéens et apprentis au cinéma". Le rapport confirme l'importance et la réussite de ces opérations, mais souligne aussi les inconvénients d'une coordination entièrement assurée par le CNC au niveau national. Il propose donc une double évolution. D'une part, confier des responsabilités plus importantes aux coordinations régionales, animées par les directions régionales des affaires culturelles (Drac). D'autre part, "développer la décentralisation du fonctionnement des dispositifs en faveur des coordinations régionales, en relation avec les collectivités territoriales et les partenaires professionnels".
Le rapport rappelle également le rôle essentiel joué par les collectivités dans ces dispositifs d'éducation au cinéma. Dans le cas de l'opération "Lycéens et apprentis au cinéma", par exemple, l'apport des régions s'est élevé à 2,22 millions d'euros pour l'année scolaire 2005-2006, contre 295.000 euros pour le CNC et 706.100 euros pour l'Etat, à travers les Drac. De même, avec un apport total de 3,28 millions d'euros, les départements financent plus de 60% de l'opération "Collège au cinéma". Ces chiffres conduisent Alain Auclaire à proposer de généraliser et de renforcer la dimension "éducation au cinéma" dans les conventions de développement cinématographique et audiovisuel, conclues entre l'Etat, le CNC et les régions. Le rapport recommande aussi d'allonger la durée de vie de ces conventions pour couvrir la période 2009-2012, de rechercher une meilleure coordination des interventions et de généraliser les pôles régionaux d'éducation artistique. Outre la pérennisation des dispositifs d'éducation au cinéma, ces mesures permettraient également, selon le rapport, d'harmoniser progressivement les contributions des régions et de l'Etat. Celles-ci sont en effet très disparates. Pour l'opération "Lycéens et apprentis au cinéma" par exemple, la contribution de la région Nord-Pas-de-Calais représente le double de celle de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, mais la proposition est exactement l'inverse pour ce qui concerne les crédits inscrits pour cette opération par les deux Drac concernées...
Jean-Noël Escudié / PCA