Le programme Leader connaît une nouvelle fois un démarrage inquiétant
Le congrès des groupes d’action locale qui s’est tenu à Poitiers au début du mois confirme les craintes : la nouvelle programmation 2023-2027 du programme Leader peine à prendre son envol. Au risque d’entraîner désintérêt et défiance des porteurs de projets, alerte-t-on.
C’est désormais un marronnier, et c’est tout sauf une surprise, tant les alertes ont été nombreuses : une nouvelle fois, le démarrage de la nouvelle programmation (2023-2027) du programme Leader se fait plus que poussif.
Hétérogénéité des situations
C’est l’un des principaux constats qui a été tiré lors du congrès national des groupes d’action locale (GAL), qui s’est tenu les 1er et 2 octobre derniers à Poitiers. Même si les situations varient sensiblement d’une région à l’autre. Certaines autorités de gestion n’ont ainsi toujours pas, ou en partie seulement, conclu leurs conventions avec les GAL : ainsi de la Corse, de la Guyane, des Hauts-de-France, de la Martinique, de l’Occitanie, des Pays de la Loire et de La Réunion. Les demandes d’aides ne sont ouvertes que dans cinq régions : en Aura, qui a fait le pari de la "départementalisation", en Centre-Val de Loire, en Île-de-France, en Normandie et en Nouvelle-Aquitaine. Les GAL d’Île-de-France se montrent toutefois inquiets face aux difficultés qu’ils éprouvent dans la mise en œuvre de la programmation, comme ceux de Bourgogne-Franche-Comté, une région qui, avec l’Occitanie, avait déjà été pointée du doigt lors du congrès de l’an dernier. Leader France déplore d’ailleurs la diversité des approches suivies d’une région à l'autre : "Certaines autorités de gestion organisent régulièrement des réunions, très appréciées, avec leurs GAL, mais ces dispositifs ne sont pas systématiques, causant une frustration au sein d'autres régions." En Paca, par exemple, les GAL semblent satisfaits de ce début de programmation, et notamment de garder l’instruction des dossiers.
Aucun paiement, au risque de mettre à mal et détourner les porteurs de projets
Par ailleurs, il est observé qu'aucune des neuf régions recourant au logiciel de gestion Europac n’a pour l’heure ouvert son volet de demande d’aides. Plus encore, la phase de paiement n’est ouverte dans aucune région française, et ne devrait pas l’être avant la fin du premier trimestre 2025. Une situation qui met de nombreux porteurs de projets privés en difficulté, faute de trésorerie suffisante, alerte-t-on chez Leader. Et qui entraînerait "défiance et désintérêt" pour le programme. Un constat malheureusement lui aussi déjà dressé, notamment lors du congrès Leader de 2022, la complexité des procédures achevant de détourner les plus motivés. Au risque pour la France de perdre de précieux fonds à l’heure des "déficits extrêmes", menace qu’Élisabeth Borne avait l’an passé appelé à conjurer (voir notre article du 13 novembre 2023).
Coopération transnationale au menu du congrès Elard
Relevons enfin qu’après le succès emporté l’an passé, et la France présidant toujours la fédération européenne (Elard) du programme Leader, le congrès national s’est cette fois encore prolongé avec la tenue du deuxième congrès européen des GAL, consacré cette année à la coopération transnationale. Une "foire à la coopération" a notamment permis aux plus de 400 participants d’échanger idées, projets et bonnes pratiques. Il a également été l’occasion de récompenser quatre projets de coopération déployés lors de la précédente programmation.
› Nouveau conseil d’administration pour Leader FranceLe congrès a également été l’occasion de procéder au renouvellement du conseil d’administration de l’association Leader France, qui reste présidée par Thibaut Guignard, maire de Ploeuc-L’Hermitage (Côtes-d’Armor). Siègent à ses côtés : Irène Tolleret (Occitanie), vice-présidente ; Hafidhou Abidi Madi (Mayotte), secrétaire ; Bertrand Trepo (Grand Est), trésorier, ainsi que les administrateurs Nathalie Archaimbault (Paca), Laurent Danede (Nouvelle-Aquitaine), Abderhamane Guerzou (Hauts-de-France), Hubert Lefevre (Normandie), Quentin Legouy (Centre-Val de Loire), Dominique Marion (Nouvelle-Aquitaine), Claude Marquis (Auvergne-Rhône Alpes), Patrick Molinoz (Bourgogne-Franche-Comté), Olivier Naria (La Réunion), Nathalie Regond-Planas (Occitanie) et Claudie Vetro (Martinique). Un conseil qui a d’ores et déjà adopté une feuille de route pour les trois années à venir, laquelle prévoit notamment la régionalisation de la fédération des GAL. |