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Ressources humaines - Le "plan" du député Brindeau pour gérer l'allongement des carrières

Le député Pascal Brindeau a remis au ministre de la Fonction publique son rapport sur "la gestion des âges de la vie". Il préconise d'avoir plus systématiquement recours aux outils de gestion des ressources humaines existants et propose quelques innovations, comme un mi-temps de droit pour les agents arrivés en fin de carrière.

La gestion des ressources humaines dans la fonction publique a insuffisamment pris en compte le vieillissement des agents et le report à 62 ans (à partir de 2017) de l'âge de départ à la retraite, constate le député Pascal Brindeau dans un rapport sur "la gestion des âges de la vie" qu'il a remis, ce 28 février, au ministre de la Fonction publique.
Fin 2009, un tiers des agents de l'Etat et des collectivités territoriales et 27% dans les hôpitaux avaient 50 ans et plus, rappelle le député. Les défis posés par cette situation sont nombreux : maintien d'un déroulement de carrière attractif pour ces personnels, reclassement des agents exerçant des métiers pénibles, transmission des connaissances, management des équipes, lutte contre les stéréotypes, santé au travail...
Pour mettre en place une "véritable gestion des âges tout au long de la vie professionnelle", le député du Loir-et-Cher propose une batterie de mesures. L'une des principales consiste à systématiser l'organisation d'un entretien de "mi-parcours". Selon les filières, les agents âgés de 35 à 45 ans rencontreraient le référent "mobilité-carrière" de leur administration, afin d'examiner avec lui leurs perspectives de carrière et définir leur projet. Autre innovation proposée : la création d'un "passeport individuel de compétences" regroupant les informations relatives aux compétences et aux formations de l'agent. Ce support aiderait les agents, en particulier ceux qui exercent un métier pénible, à se préparer à changer de métier. On notera au passage que pour faciliter la reconversion des agents exerçant des tâches pénibles, le député recommande en plus aux services des ressources humaines de repérer les missions existantes et nouvelles que ces travailleurs pourraient occuper après un temps de formation.

Portail unique pour les offres d'emploi du secteur public

Pour améliorer l'accès à la formation, passage souvent obligé vers une nouvelle carrière, le député préconise une utilisation plus grande du bilan de compétences et une meilleure communication sur les dispositifs de formation existants, tels que le congé de formation professionnelle (CFP) ou le droit individuel à la formation (DIF). Concernant ce dernier, le député suggère qu'il soit "explicitement" élargi à des formations d'ordre personnel, "comme cela se pratique déjà dans le secteur privé".
Le député prône aussi de favoriser la mobilité en partant du constat que plus un agent aura exercé de métiers différents dans la première partie de sa carrière, plus il s'adaptera aisément à de nouveaux métiers par la suite. Pour aller dans ce sens, le député préconise ni plus ni moins de confier la gestion des trois fonctions publiques à une seule administration, alors qu'aujourd'hui, elle relève de trois directions différentes (direction générale de l'administration et de la fonction publique, direction générale des collectivités locales et direction générale de l'offre de soins). Dans la même logique de décloisonnement, il préconise la mise en place d'un portail de l'emploi sur lequel les candidats à la mobilité pourraient consulter les offres d'emploi des trois fonctions publiques.

Généraliser le tutorat

Pour améliorer la prévention et les conditions de travail, le député semble faire du recrutement de médecins du travail supplémentaires un préalable. Il rappelle que la fonction publique territoriale ne compte que 750 médecins de prévention (en équivalents temps plein), alors qu'il en faudrait 1.000 pour que les employeurs respectent leurs obligations réglementaires. Favorisés par un certain nombre d'assouplissements, les recrutements permettraient d'envisager la mise en place d'une visite médicale de prévention tous les trois ans à partir de 55 ans (qui serait obligatoire pour les métiers exposés à une forte pénibilité).
Afin d'organiser la transmission des savoirs et des compétences pour les métiers les plus techniques, autre question majeure, Pascal Brindeau préconise d'institutionnaliser les pratiques de tutorat qui existent aujourd'hui dans certaines administrations, mais pas dans toutes. Enfin, pour favoriser la transition en douceur vers la retraite, il propose la création d'un temps partiel de droit pour les agents arrivés à l'âge légal de la retraite souhaitant poursuivre leur activité.
Le ministre de la Fonction publique compte soumettre ces propositions à une concertation avec les organisations syndicales.