Le plan de 239 brigades de gendarmerie freiné par le manque de personnels

Promis par Emmanuel Macron en janvier 2022, lors d’un déplacement à Nice (voir notre article du 10 janvier 2022), le déploiement de nouvelles brigades de gendarmerie, porté à 239 au fil des annonces, patine faute de personnels. C'est ce qu'a laissé entendre le nouveau directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), Hubert Bonneau, devant la commission des affaires étrangères du Sénat, mercredi 13 novembre 2024. La liste des brigades retenues avait été dévoilée par Emmanuel Macron lui-même, le 2 octobre 2023 à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne (voir notre article). Mais à ce jour, seulement 80 d'entre elles ont été créées. Ce plan "doit se poursuivre au rythme des évolutions des effectifs votés en loi de finances", a déclaré le responsable. Seulement, "pour l'instant, le schéma d'emploi est à zéro". "Nous aurons besoin cette année pour faire les 57 brigades (programmées en 2025) de 464 ETP positifs", a-t-il alerté, renvoyant au débat parlementaire sur le projet de budget pour 2025. "Nous comptons sur le ministre (Bruno Retailleau) pour nous aider dans ce domaine." "Si nous les avons pas complètement, cela se reportera sur les années suivantes."

Un plan bientôt adressé aux maires

L'an dernier, le gouvernement avait indiqué que ces nouvelles brigades comprenant 93 nouvelles brigades fixes et 145 nouvelles brigades mobiles et des unités spécialisées contre les violences intrafamiliales ou la protection de l'environnement, impliquaient le déploiement de 2.144 gendarmes supplémentaires sur le territoire d'ici à 2027.

Bruno Retailleau "m’a demandé de lui proposer un plan pour les années qui viennent de désignation des unités qui seront créées. Il souhaite pouvoir adresser aux maires le tableau, annuellement, des brigades qui seront créées", a précisé le DGGN, qui annonce ce plan pour "la fin de l'année". "C'est une volonté du ministre et c'est une volonté du président de la République que d'aller au bout de ces 239 brigades", a-t-il assuré, mais ses propositions "pourront dépasser peut-être 2027", a-t-il reconnu. 

Ce renforcement du maillage est "essentiel pour la gendarmerie, ce n'est pas un 'coup de bluff' (…). Le renforcement dans la profondeur des territoires, c'est l'ADN de la gendarmerie", a insisté Hubert Bonneau, car "aujourd'hui nos territoires abritent parfois des choses insoupçonnées". "On parle beaucoup en ce moment de narcotrafic (…) c'est un sujet de contrôle des axes dans la profondeur", a-t-il développé, précisant qu'"on a autant de consommation en zone rurale qu'en zone urbaine".

Un audit du parc immobilier

Ce n'est pas la seule difficulté à laquelle ce plan doit faire face. Le parc immobilier de la gendarmerie est confronté à un sous-investissement chronique, comme l'avait pointé un rapport sénatorial cet été, évoquant une "dette grise" de 2,2 milliards d'euros. "Un rapport édifiant qui traduit bien la réalité de ce que l'on vit", a témoigné Hubert Bonneau, indiquant avoir commandé un audit interne à ce sujet. Difficultés accrues encore par le surcoût qu'a représenté l'organisation des Jeux olympiques et l'intervention en Nouvelle-Calédonie, plaçant de nombreuses gendarmeries dans l'incapacité de payer leurs loyers. Le gouvernement s'est engagé à ce que tous les impayés soient réglés avant la fin de l'année (voir notre article du 10 octobre). Les locaux de toutes les nouvelles brigades seront loués aux collectivités.