Aménagement - Le paysage, un chantier à peine défriché
La commission du développement durable de l'Assemblée nationale a eu la bonne idée de convier, le 22 janvier, des élus et experts à débattre d'un domaine relativement peu maîtrisé : la qualité paysagère. "Les élus municipaux manquent sur le sujet de connaissances, de culture, d'outils. Les Scot et plans locaux d'urbanisme (PLU) ont posé une série de contraintes mais abordent au final peu la question. Dès lors, comment regagner de la qualité paysagère alors que le dispositif et la culture sont plutôt légers en la matière ?", s'interroge Laurent Furst, député (UMP) du Bas-Rhin et membre de cette commission parlementaire. Une des valeurs évidentes du paysage est sa diversité. "Il est triste que les entrées de villes se ressemblent. Chaque territoire a ses potentialités. Après avoir débattu avec la population d'un projet de paysage, en explorant de nouvelles formes de gouvernance et d'appropriation, certaines communautés de communes parviennent à innover en matière de qualité paysagère", motive Sébastien Giorgis, urbaniste et paysagiste. L'association des communes de la Vaunage, dans le Gard, a été mise en avant. Par une action sur le foncier et un travail en finesse, à l'échelle de la parcelle, les élus y ont abouti sur une charte environnementale et paysagère. "C'est une démarche très concertée, un outil efficace pour relancer la dynamique", commente l'architecte Mathilde Kempf, qui a consacré il y a cinq ans un ouvrage à un exercice du même type, la charte paysagère et environnementale des Costières de Nîmes, dans la vallée du Rhône, où c'est à la demande des viticulteurs que les choses ont bougé.
Le paysage, une clé d'entrée des PLUi
Ajoutons le rôle joué par les plans locaux d'urbanisme intercommunaux (PLUi). Même s'ils bousculent certaines habitudes, il n'en sont pas moins, dans certaines collectivités comme la communauté de communes du canton de Prayssas (Lot-et-Garonne), un outil adéquat non seulement pour resserrer les liens entre élus mais aussi contrer les risques de périurbanisation et de banalisation des paysages. Après une analyse de l'existant et d'une étude du paysage pour cerner quelles qualités protéger, les communes ont pu s'y fédérer autour d'une culture partagée de leur paysage. En désamorçant au passage des conflits et sans figer les choses ni faire de ce territoire une réserve indienne. "Le paysage est un bon déclencheur, il permet souvent de repérer des dysfonctionnements dans les politiques de construction ou d'aménagement", ajoute Mathilde Kempf. "C'est un bel outil de démocratie locale car on est tous quelque part des experts du paysage. Le paysage, c'est toujours le paysage d'aujourd'hui, pas celui du passé. Les architectes des bâtiments de France (ABF) ont du mal avec cette notion. Ils sont sur un schéma monumental et daté alors qu'une vision contemporaine existe", conclut Sébastien Giorgis.