Société de l'information - L'e-participation dépend du niveau de diplôme, souligne l'étude d'un observatoire breton
"Internet creuse la fracture civique en permettant aux citoyens les plus éduqués et les plus compétents en matière d’usage internet d’accéder à davantage d’informations et d’interagir avec l’administration." C'est la principale conclusion d'un article, mis en ligne le 12 octobre, sur le site du groupement d'intérêt scientifique (GIS) breton M@rsouin (môle de recherche sur la société et les usages d'internet). Reprenant les chiffres de fin 2009, la responsable des enquêtes de l'observatoire et prospective sur la société de l’information et ses services (Opsis), Jocelyne Trémenbert, révèle la plus forte participation citoyenne des internautes les plus éduqués. Si 69% des internautes interrogés n'hésitent pas à rechercher une information administrative en ligne, ce taux d’usagers ne cesse de croître avec le niveau de diplôme : +37 points entre la catégorie des "sans diplômes" et celle "des diplômés du supérieur", +43 points entre les moins compétents et les plus compétents, soit 81% des cadres et professions intellectuelles supérieures. De même, si globalement la moitié des internautes (53%) télécharge les documents et 43% remplissent les formulaires en ligne, ces pratiques sont plus nombreuses pour les cadres et professions intellectuelles supérieures (73%). Enfin, seuls 7% des internautes bretons ont consulté les délibérations en ligne du conseil municipal et le même pourcentage a échangé par mail avec un élu. En outre, seulement 17 des 2.008 personnes interrogées déclarent avoir participé à un débat politique en ligne sur un portail ou un site web de l’administration. En matière de participation citoyenne, même pour les cadres, les internautes n’en sont donc qu’aux premières étapes de l’échelle à 5 niveaux développée par l’International association for public participation, incluant les stades d’information, de consultation, d’implication, de collaboration et d’autonomisation. Ces résultats démontrent, s'il en était besoin, que le rôle des espaces publics numériques (EPN) dans l'acculturation des populations aux technologies de l'information et de la communication (TIC) n'est pas encore achevée. Comme certains EPN ont déjà contribué à sensibiliser à l'usage des formulaires de l'e-administration (par exemple, dans la Manche), d'autres pourraient désormais œuvrer, à l'image du projet de la région Nord-Pas-de-Calais, à une meilleure connaissance des outils au service de la participation citoyenne : concertation publique en ligne, relation avec les élus, comparaison des délibérations sur le même sujet dans diverses collectivités locales, etc. Même si ces usages sont politiquement plus sensibles que d'apprendre à remplir sa feuille d'impôt en ligne, il en va bien de l'intérêt général en matière de progression de l'e-démocratie.
Luc Derriano / EVS