Le ministère des Sports se dote d'un nouvel outil pour piloter sa politique
Un "outil fiable", voilà comment la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a qualifié le Baromètre national des pratiques sportives, dont la première édition a été présentée ce jeudi 17 janvier à Paris. Réalisé par le ministère des Sports, en association avec l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) et le Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), ce baromètre sera donc "une boussole pour affiner les politiques publiques", a affirmé la ministre.
Pour Geoffrey Lefebvre, chef de la mission statistique à l'Injep, le baromètre aura notamment vocation à piloter le ministère des Sports vers l'un des buts phares qu'il poursuit actuellement : une hausse de trois millions du nombre de pratiquants. "On ne peut plus s'appuyer sur le seul chiffre du nombre de licenciés sportifs", a-t-il expliqué. Et en effet, l'un des principaux enseignements du baromètre – dont les résultats dévoilés ce 17 janvier proviennent d'une enquête inédite menée entre le 19 juin et le 5 juillet 2018 auprès d’un échantillon de 4.061 individus de 15 ans et plus interrogés sur l’ensemble du territoire national – est qu'une majorité de Français est engagée dans une pratique sportive amateur régulière et autonome, c'est-à-dire en dehors de toute structure, notamment associative.
Les clubs ne rassemblent plus qu'un quart des pratiquants
Ainsi, 61% des pratiquants optent pour une activité en autonomie, contre 24% pour une pratique dans un club ou une association et 8% dans une structure commerciale. Par ailleurs, aucune activité – parmi les huit les plus citées – n'est majoritairement pratiquée dans un club. Football (45%) et tennis (44%) restant les plus pratiqués dans ce type de structures. "La réalité des pratiques, avec 24% de pratiquants en club seulement, n'est pas celle sur laquelle le ministère des Sports s'est jusqu'à présent appuyé", a d'ailleurs souligné Roxana Maracineanu.
Globalement, les résultats démontrent que les Français "font preuve d’un goût assez prononcé pour les activités physiques et sportives" : 66% des personnes âgées de plus de quinze ans, soit un peu plus de 36 millions de Français, ont ainsi eu une pratique sportive au cours des douze derniers mois, tandis que 52% sont des pratiquants réguliers, c'est-à-dire qu'ils pratiquent leur sport principal une fois ou plus par semaine.
Les résultats du baromètre sont par ailleurs édifiants en termes sociologiques. Pour le ministère des Sports, "les données confortent […] le sentiment que la pratique est inégale selon les populations". Les personnes les plus âgées, les moins diplômées, celles disposant des plus bas revenus ou habitant en dehors des grandes agglomérations et, dans une moindre mesure, les femmes pratiquent moins que la moyenne. Parmi les principaux freins à la pratique, le manque de goût pour le sport arrive en première position, notamment chez ceux qui n'ont jamais pratiqué, devant les problèmes de santé, explication avancée principalement par les anciens sportifs.
En termes de disciplines, la course et la marche, pour 40% des Français, les activités de la forme et la gymnastique (22%), les sports aquatiques et nautiques (20%) et les sports de cycles et motorisés (18%) sont les pratiques les plus souvent citées.
Désaffection des équipements publics
Autre enseignement majeur du baromètre : les équipements publics dédiés au sport ne sont pas les lieux de pratique les plus fréquentés. Le cadre de prédilection de la pratique physique principale est en effet le plein air chez 47% des personnes interrogées (dont 36% en milieu naturel et 11% en ville), devant une installation sportive dédiée (29%) et le domicile (18%). Toutefois, trois types d'activités, parmi les plus répandues, restent majoritairement pratiquées dans des installations sportives dédiées : le tennis (70% des pratiques), la natation (66%) et le football (57%).
Cette désaffection des équipements sportifs pourrait s'accroître. En effet, en même temps que le Baromètre du ministère des Sports était présentée une autre enquête, plus ciblée, portant sur les loisirs sportifs des 16-25 ans, réalisée par l’UCPA et le Credoc. Dans cette tranche d'âge, la pratique à domicile est beaucoup plus répandue (chez 58% des répondants), tandis que les pratiques en extérieur enregistrent des hausses marquées : +7% en milieu urbain et +6% en plein nature. "Parmi les lieux de pratique déclarés chez les jeunes, les seuls qui baissent sont les équipements publics et notamment le stade", a précisé Valérie Lourdel, directrice de l'observatoire des pratiques sportives de l'UCPA.
À partir de ce constat, Roxana Maracineanu a pu conclure que si, via la future Agence nationale du sport, les équipements dans les territoires continueraient d'être financés, il y aurait "une mutation vers les équipements qui sont les plus prisés. Et pour cela, les collectivités, qui sont au premier plan, seront les plus à même de nous dire les tendances de leurs territoires".