Le ministère des Sports loue déjà l'héritage de Paris 2024
Dans un dossier très complet, le ministère des Sports énumère dans le détail l'héritage positif des Jeux olympiques de l'été 2024. Un exercice obligé pour entraîner l'adhésion de la population.
Si l'heure n'est pas encore – et pour cause – au bilan des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, le ministère des Sports entend déjà faire connaître l'héritage que cet évènement planétaire, de retour en France un siècle après la précédente édition, laissera à notre société. Il vient en effet de publier un dossier de presse intitulé "Des Jeux responsables et utiles" afin de présenter les principales retombées durables attendues sur le territoire.
Acceptation sociale
Si cet exercice paraît tenir de la simple communication politique, sa fonction va bien au-delà. Aux yeux du gouvernement comme à ceux des instances internationales propriétaires des droits sur les grands évènements sportifs internationaux – à l'image du Comité international olympique (CIO) –, la présentation d'un héritage tangible pour la population est une manière de renforcer l'acceptation sociale de ces rendez-vous de plus en plus contestés pour leur coûts d'organisation et les nuisances qu'ils peuvent entraîner, au point que de moins en moins de territoires envisagent de les accueillir. On se souvient qu'après des référendums organisés à Boston et Hambourg, ces villes avaient retiré leurs candidatures à l'accueil des éditions 2024 et 2028 des Jeux d'été, laissant Paris et Los Angeles se disputer deux places… pour deux et provoquant quelques sueurs froides du côté de Lausanne, siège du CIO.
Agenda 2020
Parallèlement, un tel document est aussi pour le pays hôte une manière de faire savoir au CIO qu'il respecte son Agenda 2020, lequel exige désormais de chaque candidat qu'il suive "une nouvelle philosophie" consistant à présenter "un projet conforme aux besoins de planification à long terme sur les plans économique, social et environnemental".
Le dossier proposé par le ministère des Sports s'inscrit dans cette logique. Il présente tout d'abord la transformation du territoire et du cadre de vie des habitants. Ici, ce sont évidemment les territoires accueillant les épreuves qui sont concernés, et en premier lieu la Seine-Saint-Denis, qui devrait subir une véritable "transformation", tant en termes d'habitat, d'aménagement urbain que d'équipements sportifs, ce département étant particulièrement déficitaire en la matière. C'est encore toute l'Île-de-France qui bénéficiera des importants travaux réalisés sur les transports en commun pour desservir au mieux les sites olympiques. Sur ces sujets, on parlera du rendez-vous olympique comme facteur d'accélération des projets plutôt que comme déclencheur.
Un message pour les Alpes
La deuxième thématique de l'héritage porte sur l'inclusion, un domaine désormais incontournable des politiques publiques. Ici, l'héritage sera, comme dans d'autres secteurs, double. D'un côté, l'accès aux transports ou à différents types de bâtiments a été amélioré pour les personnes handicapées. D'un autre côté, celles-ci se voient proposer un accès facilité à pratique sportive.
La pratique sportive est précisément le troisième thème développé par le dossier. Si le vœu exprimé dès 2017 par Emmanuel Macron d'augmenter de trois millions le nombre de pratiquants et de faire de la France une nation sportive n'est pas encore devenu réalité, les Jeux ont permis des "investissements massifs" dans les équipements sportifs et sur tout le territoire, mais aussi un renforcement des actions en faveur du sport-santé ou du sport comme outil d'insertion.
Enfin, ce dossier "héritage", dans lequel plusieurs ministres ont pris la parole, est l'occasion pour le gouvernement de mettre en avant le savoir-faire français en matière d'organisation d'évènements sportifs durables. Une façon d'annoncer aux habitants des Alpes, qui devraient accueillir les Jeux d'hiver en 2030, qu'ils auront droit, eux aussi, à leur héritage.