Le milieu socio-économique d'origine pèse largement sur le parcours scolaire des enfants... surtout en France
En prélude à ses Regards sur l'éducation – à paraître en novembre –, l'OCDE étudie le lien entre le milieu socio-économique des élèves et leurs parcours scolaires. La France se distingue dans l'accueil des plus jeunes et dans la relation entre le diplôme des parents et celui de leurs enfants.
Les inégalités en matière d'éducation se manifestent dès le plus jeune âge et les plus importantes sont imputables au milieu socio-économique des parents et des élèves, met en avant l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans une note (non encore publiée) extraite de l'édition 2024 de ses Regards sur l'éducation.
Cette note pointe d'abord les bons résultats des systèmes éducatifs des 38 pays membres de l'OCDE. Ainsi, les jeunes adultes susceptibles de "rester à la traîne" ont vu les retombées de l'éducation et leurs perspectives professionnelles s'améliorer ces dernières années. La part des 25-34 ans sans diplôme du second cycle de l'enseignement secondaire est, par exemple, passée de 17% en 2016 à 14% en 2023 dans l'ensemble de l'OCDE. En France, cette part a reculé de 13% à 11% sur la même période.
Si les diplômés de niveau bac sont donc plus nombreux dans notre pays, ceux qui n'atteignent pas ce niveau ont cependant plus de mal qu'ailleurs à s'insérer dans le marché du travail : seuls 54% des 25-34 ans sans diplôme du second cycle de l'enseignement secondaire sont employés, contre 61% en moyenne dans l'OCDE.
Des diplômes selon le milieu familial
Mais la note pointe aussi la relation, plus étroite en France, entre le niveau d'études des parents et celui de leurs enfants. 80% des 25-64 ans dont l'un des parents au moins était diplômé de l'enseignement supérieur en 2021 ont également obtenu un diplôme de l'enseignement supérieur en France, contre 72% dans les autres pays. À l'inverse, seuls 25% des 25-64 ans dont les parents n'ont pas atteint le secondaire supérieur ou l'enseignement post-secondaire non tertiaire sont diplômés de l'enseignement supérieur. Ce qui place toutefois la France au-dessus de la moyenne (19%).
Sans surprise, la note souligne que "la probabilité que les étudiants de l'enseignement supérieur terminent leurs études avec succès dépend de leur milieu familial". Ici encore, la France se distingue : quand 75% des étudiants dont l'un des parents au moins était diplômé de l'enseignement supérieur en 2020 ont terminé avec succès leurs études supérieures dans les trois ans suivant la fin théorique du programme, seuls 57% des étudiants dont les parents n'avaient pas achevé le second cycle de l'enseignement secondaire en ont fait autant. Une différence de 18 points entre les deux groupes qui place la France en queue de peloton de l'OCDE.
Un accueil différencié dès le plus jeune âge
Les inégalités socio-économiques dans l'éducation apparaissent, par ailleurs, dès le plus jeune âge. En France, les enfants âgés de 0 à 2 ans issus de familles appartenant au tertile inférieur de revenu ne sont que 33% à participer à un service d'éducation et d'accueil des jeunes enfants – susceptible de "réduire les écarts de développement qui désavantagent certains enfants au moment de leur entrée à l'école" –, contre 85% chez ceux issus de familles appartenant au tertile supérieur. La participation globale des enfants âgés de 0 à 2 ans à un tel service est néanmoins beaucoup plus élevée en France (58%) que dans la moyenne de l'OCDE (40%).
En outre, même si "dans les pays les plus équitables, les élèves les plus défavorisés n'atteignent pas le même niveau de performance dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) que leurs camarades plus favorisés", la France, note l'étude, se distingue négativement en termes de résultats. La proportion d'élèves défavorisés ayant atteint au moins le niveau 2 du Pisa en mathématiques en 2022 était inférieure de 45% à celle des élèves favorisés, alors que la moyenne de l'OCDE s'établit à 40%.
Ces constations de l'OCDE arrivent dans un contexte financier particulier. En effet, si la part du produit intérieur brut (PIB) de la France consacrée aux établissements d'enseignement était en 2021 de 5,4%, soit plus que la moyenne de l'OCDE (4,9%), son évolution ne s'inscrit pas dans le rythme constaté ailleurs. Entre 2015 et 2021, les dépenses par élève équivalent temps plein n'ont augmenté en France que de 1,8% par an en moyenne pour l'enseignement élémentaire, contre +2,4% dans l'OCDE, et de seulement +0,1% pour l'enseignement secondaire… contre +1,8% dans les autres pays.
La version définitive des Regards sur l'éducation de l'OCDE paraîtra le 30 novembre 2024.