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Architecture / Logement social - Le Lab cdc et l'USH lancent un appel à projets sur l'"architecture de la transformation"

L'innovation architecturale fait l'objet d'un appel à projets lancé le 18 septembre à l'initiative de la Caisse des Dépôts et l'Union sociale pour l'habitat. Les bailleurs sociaux voulant relever le défi ont jusqu'au 10 novembre pour déposer leur candidature. Au final, cinq d'entre eux entreront dans une phase d'incubation pour développer leur projet et bénéficieront d'une enveloppe pouvant aller jusqu'à 100.000 euros. Cet appel à projets s'inscrit dans la continuité des travaux des groupes de réflexion sur la Stratégie nationale pour l'architecture.

"Rien de ce qui est innovant ne m'est indifférent", a déclaré Fleur Pellerin, lors du lancement de l'appel à projets en faveur d'une "architecture de la transformation", vendredi 18 septembre, hôtel de Pomereu. Le ministère de la Culture est partenaire, avec les ministères de l'Ecologie et du Logement, de cet appel à projets destiné aux bailleurs sociaux et lancé par le groupe Caisse des Dépôts et l'Union sociale pour l'habitat (USH). Il sera conduit dans le cadre du Lab cdc, "l'incubateur de projets innovants" du groupe Caisse des Dépôts.
L'appel à projets s'inscrit dans une démarche d'"expérimentation/action" considérée par Pierre-René Lemas, directeur général du groupe Caisse des Dépôts, comme "la meilleure façon d'avancer" pour aboutir à "des projets concrets et réplicables" et favoriser un "écosystème d'innovation architecturale". Il s'agit également d'"anticiper ce que le produit logement devra devenir demain pour les générations futures", insiste pour sa part Frédéric Paul, délégué général de l'USH.

Projets de construction et de réhabilitation

Concrètement, l'appel à projets s'adresse exclusivement aux bailleurs sociaux et portent sur la construction ou la réhabilitation de bâtiments pour produire des logements sociaux, très sociaux ou intermédiaires, sur marchés tendus ou détendus. Les projets doivent "répondre aux enjeux liés aux mutations démographiques, sociologiques, et urbaines et démontrer leur exemplarité au plan environnemental". Pour cela, ils doivent s'efforcer de "concilier innovation technique, innovation d'usage et de process", en répondant obligatoirement à deux thématiques : d'une part "la conception des logement pour la performance écologique et énergétique" (réhabilitation bas carbone, utilisation des énergies renouvelables, empreinte environnementale, intégration de la biodiversité…) et d'autre part "l'évolutivité des logements" (anticipation de l'évolution des familles, adaptation au handicap ou au vieillissement…) et/ou "la transformation d'usage des bâtiments" (reconversion de bâtiments tertiaires en logement, contribution à la densification urbaine…).

Economie circulaire, insertion urbaine, durabilité...

Sur ce point, chacun son "dada". Fleur Pellerin a évoqué "l'économie circulaire dans l'architecture", citant la démarche de déconstruction, le réemploi des matériaux ou encore la valorisation du patrimoine du 20e siècle. Pierre-René Lemas attend quant à lui des projets autour de logements "handicapables aisément" ou qui prennent en compte les phénomènes de décohabitation, et qui de toute façon s'inscrivent dans leur environnement urbain.
Frédéric Paul a quant à lui insisté sur la montée de la précarité et de la pauvreté. Le délégué général de l'USH aimerait que les équipes gardent bien en tête la solvabilité de l'usager (locataire ou accédant), ce qui invite à prendre en compte dans la conception du projet : son coût d'investissement, les charges à venir pour l'occupant, la durabilité du produit (ou, dit autrement, son "obsolescence"), son adaptabilité dans le temps...

Phase 1 : la candidature

Pour répondre à l'appel à projets, "les bailleurs sociaux doivent constituer à leur côté une équipe pluridisciplinaire de maîtrise d'œuvre comprenant des cabinets d'architectes et, le cas échéant, des bureaux d'études, voire des groupements d'opérateurs économiques intégrant des entreprises", indique le communiqué de presse. A noter que, si l'on se réfère au règlement de l'appel à projets, il est mentionné que "la constitution de l'équipe dans son intégralité n'est pas un préalable à la phase 1 'Candidature'".
Parallèlement, la Caisse des Dépôts et l'USH lancent un appel à candidature aux étudiants d'écoles d'architecture, de design et d'ingénieurs. Les étudiants sont invités à se constituer en équipe de 2 à 4 étudiants. Ceux qui seront retenus iront "enrichir et challenger" les projets candidats des bailleurs qui seront présélectionnés.

Phase 2 : la confrontation

A l'issue de cette phase de candidature, 10 à 15 projets de bailleurs seront présélectionnés mi-novembre 2015. Chaque équipe d'étudiants choisira un à deux projet(s) de bailleurs et préparera un "pitch" de proposition innovante prenant la forme d'une vidéo de 2 à 3 minutes qui explicite le concept et/ou la proposition de travail ainsi qu'un croquis/poster. Les équipes d'étudiants retenues par les bailleurs sociaux présélectionnés participeront alors à un atelier de deux jours pluridisciplinaires appelé "Hack'Archi", organisé par l'équipe du Lab cdc, avec des chercheurs, des sociologues, des usagers. L'idée étant de "créer un contexte favorable à l'émergence d'idées nouvelles".

Phase 3 : l'incubation

Sur les 10 à 15 projets de bailleurs retenus en novembre 2015, 5 seulement seront sélectionnés début 2016 par un jury pluridisciplinaire. Ces projets entreront alors en phase d'incubation et bénéficieront d'un cadre d'expérimentation "dédié et éprouvé". A l'issue de la démarche, chaque porteur de projet devra présenter, outre des innovations architecturales, les modalités de leur généralisation techniques, méthodologiques et économiques. Ces éléments seront regroupés dans une boîte à outils qui sera mise à disposition de l'ensemble des bailleurs sociaux.
C'est durant cette phase d'incubation que les 5 projets pourront bénéficier chacun d'un soutien financier "pouvant aller jusqu'à 100.000 euros", s'est engagé Pierre-René Lemas.