Sport - Le Grand Paris envisage son avenir sportif
Maurice Leroy, ministre de la Ville, chargé du Grand Paris, et Chantal Jouanno, ministre des Sports, ont réuni mercredi 20 juillet un comité de pilotage du Grand Paris consacré au développement du sport. Les ministres ont réaffirmé la nécessité de se doter d'une vision stratégique sur ce thème à l'horizon 2030, notamment dans la perspective de futures candidatures du Grand Paris à des grands événements sportifs internationaux, au premier rang desquels les Jeux olympiques. Cette vision doit, selon eux, dépasser la seule réalisation d'équipements structurants pour favoriser l'émergence de projets sportifs globaux, à même de favoriser l'avènement de clubs professionnels comme de dynamiser la pratique sportive de proximité, notamment sur les territoires les plus fragiles.
Des équipements de haut niveau à l'horizon 2015
Selon la note de synthèse du comité de pilotage, "plusieurs rapports récents ont pointé à juste titre le retard pris par la France, et notamment par sa capitale, en matière de grands équipements sportifs". Elle précise toutefois qu'"à horizon 2015, la rénovation et la construction de nombreux équipements structurants devraient aboutir à une offre compétitive pour l'organisation de la plupart des grands événements internationaux". Si le Golf national est actuellement l'unique équipement qui répond aux plus hauts standards internationaux, de nouvelles constructions sont lancées (vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, patinoire de Cergy, Arena 92 à Nanterre, stade Jean-Bouin à Paris, Centre national du handball à Colombes) et de nombreux projets de rénovation d'envergure prévus (Palais omnisport de Paris-Bercy, base nautique de Vaires-sur-Marne, Roland-Garros, Parc des Princes, Stade de France). D'autre part, le besoin d'une aréna polyvalente de jauge intermédiaire (8.000 à 12.000 places) sur le territoire du Grand Paris a été identifié. Si, selon la note, "ces équipements viendront concurrencer des offres existantes et risquent d'affecter à court terme l'équilibre économique de ces derniers, […] on peut néanmoins raisonnablement penser qu'à terme cette offre nouvelle soit au contraire créatrice de valeurs et soit positive pour le développement du sport". Un des effets bénéfiques serait notamment l'aménagement de nouveaux territoires. Le document pointant "la très forte appétence des collectivités" à accueillir de nouveaux équipements.
L'intercommunalité pour soutenir les clubs professionnels
Pour faire vivre ces futures enceintes, le comité de pilotage insiste sur la nécessité de voir émerger des clubs professionnels. Selon lui, il existe "un potentiel pour l'émergence d'une voire deux autres grandes équipes de football, et au moins dix équipes de sports de salle, masculines et féminines". Outre l'occupation des équipements, ces structures professionnelles auraient l'avantage d'"irriguer l'ensemble du territoire et valoriser ainsi tout le potentiel des jeunes talents par la formation" ou encore de réaliser "le rééquilibrage nécessaire (est/ouest et nord/sud)". La note de synthèse identifie trois facteurs de réussite des clubs professionnels : un projet sportif pertinent qui prend racine dans une histoire et une identité forte ; un ancrage et un portage territoriaux de bon niveau (bassin de population, tissu économique, vivier de jeunes pour la formation, dimension financière et politique de la collectivité impliquée, etc.), les communautés d'agglomération jouant à cet égard un rôle-clé, le retard pris dans la structuration de l'intercommunalité en Ile-de-France ayant, d'après le document, freiné l'émergence de grands clubs professionnels de sports de salle ; une capacité financière adaptée.
D'un cluster sport… aux Jeux olympiques
L'étude du comité de pilotage met encore en avant la nécessité de développer des projets innovants autour de dynamiques interfédérales et d'un cluster sport. Des regroupements de fédérations ne possédant pas "la taille critique ou les ressources financières" pour créer seules un centre national sont aujourd'hui envisagés. Ils devraient susciter l'intérêt de territoires en quête de projets sportifs structurants… et trouver un prolongement dans un cluster sport. L'étude souligne en effet qu'aucun grand projet collectif ni groupement d'entreprises n'a jamais émergé dans le Grand Paris dans le domaine du sport, alors même que "plusieurs exemples français et étrangers démontrent l'intérêt économique, sportif et scientifique de cette logique collaborative au sein de la filière sport : l'émergence d'un cluster sport en Ile-de-France, abordée dans l'étude, est une opportunité pour favoriser l'innovation et valoriser les savoirs et savoir-faire de ce secteur".
Figer des emprises foncières
Finalement, la réalisation d'équipements de haut niveau, l'émergence de clubs professionnels et la constitution d'un cluster sport mèneraient tout naturellement à une candidature olympique de Paris. Mais le comité de pilotage pose déjà les conditions d'une future réussite. Pour lui, "la très forte urbanisation dans et à proximité immédiate de la capitale repousse de plus en plus loin du centre historique les options viables pour ces aménagements [olympiques], d'où la nécessité de 'figer' rapidement certaines emprises foncières en cas de volonté de candidature future". Parmi les territoires pressentis, "celui orienté vers le nord qui part du Stade de France […] pour se prolonger jusqu'à l'aéroport Charles-de-Gaulle semble particulièrement prometteur". Après plusieurs échecs, le comité de pilotage du Grand Paris ne se risque toutefois pas à avancer la date d'une prochaine candidature olympique. Mais puisque sa vision stratégique s'étend à l'horizon 2030, rappelons que des Jeux seront organisés en 2028 et 2032…