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Tourisme - Le gouvernement veut un "électrochoc" pour relancer le tourisme aux Antilles

Marie-Luce Penchard et Hervé Novelli ont effectué, du 11 au 14 novembre, un déplacement aux Antilles, consacré principalement à la situation économique et touristique de ces départements. En matière de tourisme, celle-ci peut être qualifiée de catastrophique. Les conséquences du conflit social du début de l'année se sont en effet combinées avec les faiblesses traditionnelles du tourisme aux Antilles. En juillet 2009 par exemple, le volume des nuitées dans les hôtels de Guadeloupe atteignait seulement 68% des nuitées de juillet 2008 et 46% de celles de juillet 2007. Conséquence : le taux d'occupation n'est que de 39%. En Martinique, de nombreux établissements ont déposé le bilan et le nombre d'emplois perdus est estimé à plus de 500 en quelques mois. La situation ne devrait guère s'améliorer avec la saison d'hiver, pourtant traditionnellement favorable. Les professionnels tablent en effet sur un recul de 25% des réservations. A la veille de son départ pour les Antilles, le secrétaire d'Etat chargé des PME et du Tourisme a d'ailleurs contribué, avec le médiateur du crédit, au sauvetage in extremis du groupe Karibea, le principal groupe hôtelier local avec 14 établissements totalisant 1.100 chambres. Le groupe va disposer d'un délai supplémentaire pour construire un tour de table avec la Caisse des Dépôts et d'autres opérateurs.
Echaudés par la crise sociale et son cortège de violences, les touristes de métropole - 80% du tourisme antillais - continuent de bouder la destination. De leur côté, les agences de voyages et les tour-opérateurs - également victimes indirectes du conflit - évitent de promouvoir la destination, quand ils ne la déconseillent pas. A ces éléments conjoncturels s'ajoutent des faiblesses structurelles bien connues : faiblesse de l'ouverture à la clientèle internationale (sur ce point, la diffusion des images d'émeutes sur les chaîne européennes n'a pas contribué à améliorer la situation), équipements parfois vieillots, mauvaise réputation persistante sur la qualité de l'accueil et le niveau des prestations, existence d'une concurrence caribéenne très dynamique et plus attractive en termes de prix (notamment la République dominicaine)...
Face à cette situation, le gouvernement multiplie les initiatives pour soutenir ce qui devrait être l'une des principales locomotives économiques des Antilles. Après l'opération de promotion "Partir aux Caraïbes" au printemps (voir notre article ci-contre du 7 mai 2009) et l'inscription, dans la loi du 27 mai 2009 pour le développement économique des outre-mer, d'une aide de 7.500 euros par chambre pour aider à la rénovation des hôtels (voir notre article ci-contre du 3 juin 2009), Marie-Luce Penchard et Hervé Novelli sont à nouveau revenus sur le sujet lors de leur visite sur place. La ministre déléguée à l'Outre-Mer a ainsi évoqué la nécessité d'un "électrochoc", d'une relation de confiance et d'un "changement de mentalités" - allusion à la réticence dont les Antillais feraient preuve dans le service des touristes -, tout en reconnaissant qu'avec "beaucoup plus d'ultramarins à des responsabilités managériales dans les hôtels, cela donnera une autre visibilité, un autre regard sur le tourisme". De son côté, Hervé Novelli a annoncé la mise en place d'un guichet unique pour l'accueil des entreprises en difficulté. Il a également rappelé la mise en oeuvre prochaine des mesures annoncées par le chef de l'Etat dans son discours du 6 novembre sur la présentation du plan de modernisation de l'outre-mer (voir notre article ci-contre du 9 novembre 2009). En matière de tourisme, celles-ci comprennent notamment un moratoire sur les charges patronales en contrepartie de la signature d'un plan d'apurement (avec des abandons de créances pouvant aller jusqu'à 50%), une bonification des chèques vacances dépensés outre-mer, ou encore la mise en place d'une desserte depuis Roissy à partir de 2011 (ce qui permettrait de drainer la clientèle internationale). Reste à savoir si ce nouveau plan en faveur du tourisme antillais sera - davantage que les précédents - en mesure de pallier les faiblesses structurelles de ce secteur.

 

Jean-Noël Escudié / PCA