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Grand Paris - Le gouvernement veut recalculer les coûts du Grand Paris

Elus et entreprises ont vivement réagi à "la décision du gouvernement ne pas inscrire dans la loi de programmation budgétaire 2013-2015 le milliard d'euros qui devait constituer la première tranche de la dotation en capital de la Société du Grand Paris (SGP)". Le ministère de l'Egalité des territoires et du Logement a cherché à les rassurer le 2 octobre, précisant que le Grand Paris se ferait dans les temps. Mais le gouvernement est en train de recalculer les coûts du projet afin de définir, début 2013, un plan de financement et de séquencement. Un rapport doit être remis à la fin de l'automne à Cécile Duflot sur le sujet.

Le projet du Grand Paris "se fera dans les temps". C'est ce qu'a assuré Cécile Duflot, ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, ce 3 octobre à la sortie du Conseil des ministres. La veille, l'absence de la première tranche de la dotation en capital de la Société du Grand Paris, équivalente à un milliard d'euros, dans le projet de loi de programmation des finances publiques avait fortement fait réagir élus et patronat. Cette dotation doit permettre le démarrage des travaux sur le Grand Paris Express, la double boucle de métro automatique prévue d'ici 2025.
"C'est un triple mauvais coup, a affirmé Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne. Mauvais coup porté à tous les Franciliens qui vivent en banlieue les difficultés de transport au quotidien, mauvais coup contre un projet indispensable, mauvais coup enfin pour le développement, l'emploi et la croissance de la région capitale et de l'ensemble du territoire." Christian Favier demande à ce que François Hollande reçoive d'urgence les élus de la région. "Parler de métropole, de nouvelle gouvernance, de politique d'aménagement et d'environnement n'a aucun sens sans ce projet concret", a-t-il indiqué.
De son côté, Patrick Braouezec, président de Paris Métropole, qui réunit 202 collectivités d'Ile-de-France, a estimé qu'"il y a là une impérieuse nécessité que ce milliard soit introduit lors des débats." Un milliard nécessaire notamment pour lever les emprunts qui permettront de réaliser les 200 kilomètres du métro. "L'enjeu n'est pas que francilien : si la région capitale se porte mal, l'ensemble du pays en subira les conséquences", a ajouté le président de la Communauté d'agglomération Plaine Commune (Seine-Saint-Denis). D'aucuns mettent en avant les conséquences en terme de développement économique et d'emploi. La vingtaine de contrats de développement territorial, négociés entre le préfet de Paris et les élus depuis un an, est basée sur la création des nouvelles gares liées au futur métro. Des objectifs ambitieux de construction de logements sont notamment intégrés à ces contrats. Si le Grand Paris Express venait à être annulé, qu'adviendrait-il de ces projets, sans gare ?

"L'acte de décès du Grand Paris"

Valérie Pécresse, chef de l'opposition UMP au conseil régional d'Ile-de-France, y voit tout simplement "l'acte de décès du Grand Paris", tandis que Laurent Lafon, président du groupe UDI à la région, estime que le gouvernement "a commis une erreur stratégique" et que c'est "inacceptable que l'Etat abandonne les Franciliennes et les Franciliens." Au sein du Medef Ile-de-France, Jérôme Dubus, délégué général, demande à ce que le gouvernement revienne sur sa décision, au moment des discussions parlementaires du projet de loi de finances, estimant qu'"il en va de l'avenir de l'économie de la région capitale." La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) craint elle aussi des répercussions sur l'économie. C'est "un mauvais signal pour les entreprises de travaux publics", a-t-elle signalé dans un communiqué diffusé le 2 octobre.
Pour les responsables de la Société du Grand Paris, il n'y a pas péril en la demeure. Ce milliard d'euros ne serait pas nécessaire en 2013, ni même en 2014 mais plutôt en 2015, quand les travaux seront entamés. De son côté, le gouvernement a justifié l'absence de la dotation dans le projet budget de 2013 ou dans le projet de loi de programmation des finances publiques. "Les engagements financiers pris par l'Etat n'ayant pas été garantis par le précédent gouvernement, Cécile Duflot a souhaité que toute la transparence soit faite sur les coûts du projet et ses modalités de financement, afin d'assurer la pérennité du projet et son engagement effectif", signale le ministère de l'Egalité des territoires dans un communiqué du 2 octobre. Le gouvernement est donc en train de réévaluer les coûts réels du projet à travers un audit et de voir quelles seront les étapes de son financement. Un rapport sera remis à la fin de l'automne à Cécile Duflot. Après quoi, le gouvernement définira un plan de financement, avec des priorités, au début de l'année 2013, et en concertation avec les élus des territoires concernés. "Le Grand Paris se fera dans les temps, avec l'intégration à la fois d'une pression budgétaire que tout le monde connaît et une priorisation du projet qui est en cours", a insisté la ministre le 3 octobre. Quant à savoir si le gouvernement souhaite supprimer une partie du projet, "ce n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour, a signalé Cécile Duflot, la question qui est posée, c'est celle de son séquencement et de la priorisation du projet".

 

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