Le gouvernement travaille à un plan pour les 7 millions de personnes en précarité alimentaire
Le Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa) s'est réuni pour la deuxième fois. Un "plan d'action national pour lutter contre la précarité alimentaire" va être élaboré d'ici cet été.
Le Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa) s'est réuni le 16 mars pour faire le point sur l'aide alimentaire, fortement impactée par les conséquences de la crise sanitaire. Installée le 8 septembre dernier par les ministres des Solidarités, de l'Agriculture et du Logement, cette instance réunit des représentants des différents acteurs concernés : associations de solidarité, collectivités locales (AMF, Unccas, France Urbaine...), Cnous, directions centrales (DGAL, Dehal, DGESIP...). Elle est présidée par Virginie Lasserre, la directrice générale de la cohésion sociale (DGCS).
"Transformer notre modèle de lutte contre la précarité alimentaire"
Lors de sa première réunion, le 4 décembre dernier, le Cocolupa s'était fixé pour ambition de "transformer notre modèle français de lutte contre la précarité alimentaire". Cette première réunion s'était toutefois cantonnée à des échanges sur les pistes d'évolution possibles et à la présentation d'exemples de dispositifs innovants et d'outils de coopération entre les acteurs.
La réunion du 16 mars 2021 a d'abord permis de faire un point de situation, alors que "depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de personnes qui ont recours à l'aide alimentaire ne cesse d'augmenter". Ainsi, "on estime qu'aujourd'hui plus de 7 millions de personnes sont en situation de précarité alimentaire, soit une augmentation de 15 à 20% des files d'aide alimentaire en 2020 par rapport à 2019". Cette file active varie toutefois selon les territoires. Par ailleurs, la réunion a aussi été l'occasion d'un focus la précarité alimentaire des étudiants, qualifiée d'"enjeu essentiel". Depuis le début de la crise sanitaire, les ressources des étudiants ont en effet subi une baisse estimée à 274 euros par mois. Lors de la réunion, le Cnous a indiqué qu'en janvier 2021, le nombre d'étudiants ayant reçu une aide financière versée par un Crous en cas de situation d'urgence ou de détresse avérée était en hausse de 39% par rapport à janvier 2020.
Un plan national d'action "avant l'été"
Face à cette situation, le comité s'est accordé sur une feuille de route "visant à aboutir avant l'été à un plan d'action national pour lutter contre la précarité alimentaire". Ce plan d'action devra notamment répondre à quatre objectifs. Tout d'abord, permettre aux personnes de subvenir à leurs besoins, en particulier en maintenant les mesures d'urgence. Ensuite, prévenir les situations de précarité alimentaire et agir en vue d'obtenir un impact sur le long terme. Troisième objectif du plan d'action : activer les différents leviers permettant d'y parvenir, qu'ils soient juridiques, financiers ou portent sur le partage de l'information. Enfin, assurer le pilotage interministériel de la politique de lutte contre la précarité alimentaire.
A cette occasion, le ministère n'a pas manqué de rappeler le renforcement de l'intervention de l'État "pour faire face à la crise sociale et économique majeure que traverse un nombre croissant de Français" et pour accompagner les personnes les plus précaires. En 2020, l'État a ainsi alloué un budget de 291,4 millions d'euros à la lutte contre la précarité alimentaire, grâce à des crédits de l'Union européenne issus du Fead (Fonds d'aide européen aux plus démunis), de l'État. Ce chiffre traduit une hausse de 121% par rapport à 2019 (voir notre article du 2 septembre 2020). Par ailleurs, la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire – publiée juste avant la crise sanitaire – doit également contribuer à l'aide alimentaire. Elle prévoit en effet de lutter contre le gaspillage alimentaire en instaurant l'obligation, pour les grossistes, de donner leurs produits alimentaires invendus aux associations.