Jeunes en situation de précarité : "Il y a une urgence à agir"
Des organisations de jeunesse ainsi que le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse alertent sur la situation de nombre de jeunes dont les difficultés s'aggravent pendant la crise sanitaire. Alors que les aides de solidarité annoncées la semaine dernière ne concernent pas les jeunes de moins de 25 ans non bénéficiaires du RSA, le COJ appelle le Premier ministre à prendre en compte la situation de tous les jeunes précaires, étudiants ou non. Concernant les étudiants, ce sont pour l'instant 10 millions d'euros qui ont été débloqués pour des aides alimentaires, en plus d'un appel à la mobilisation de la contribution de vie étudiante et de campus gérée par les établissements.
Dans la crise sanitaire, économique et sociale que nous vivons, "il y a une urgence à agir pour la jeunesse !". C'est le cri d'alarme diffusé le 20 avril 2020 par les neuf réseaux associatifs et syndicaux de la plateforme "Pour un Big bang des politiques jeunesse" (1). "Déjà, nos organisations observent un blocage des parcours d’insertion professionnelle pour les jeunes : arrêt de CDD, mise au chômage, blocage des missions d’intérim, report des stages, etc.", alerte le collectif.
Pourtant, alors que le président de la République a indiqué le 13 avril que des aides d'urgence cibleraient également les étudiants, "les mesures de solidarité annoncées le 15 avril par le Premier ministre excluent tous les jeunes en situation de précarité de moins de 25 ans qui ne bénéficient pas du RSA" (revenu de solidarité active), déplorent les organisations de jeunesse. Un choix dont s'est également ému le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ), qui s'est adressé par courrier au Premier ministre auprès duquel il est placé. "Vivant avec peu de ressources, souvent issues de l'économie de la 'débrouille' qui est aujourd'hui à l'arrêt, de nombreux jeunes se retrouvent aujourd'hui en grande difficulté", fait valoir le COJ.
Ne laisser aucun jeune sur le bord du chemin
Plusieurs propositions sont formulées pour soutenir les jeunes les plus en difficulté, les organisations de jeunesse demandant en premier lieu que l'aide exceptionnelle accordée aux familles les plus modestes soit également versée aux jeunes de moins de 25 ans en situation de précarité. Le COJ met en avant la nécessité de solutions pour les jeunes en apprentissage "en difficulté pour continuer ou trouver une alternance au sein d'une entreprise" ou encore pour les jeunes inscrits en Garantie jeunes qui "ne peuvent aujourd'hui plus bénéficier d'accompagnement collectif ni de mise en situation professionnelle". Le conseil consultatif attire également l'attention sur les jeunes bénéficiant de l'aide sociale à l'enfance ou sortis du dispositif depuis moins de six mois, pour lesquels "une aide du montant du RSA pourrait être versée par l'intermédiaire des conseils départementaux ".
Pour un meilleur repérage des situations difficiles, le COJ appelle à mobiliser tous les acteurs de l'accompagnement social et de l'insertion – missions locales, écoles de la deuxième chance, centres communaux d'action sociale, CAF, Pôle emploi… – "afin qu'aucun jeune ne soit laissé sur le bord du chemin".
Etudiants : des aides d'urgence attribuées par les Crous
Depuis le début du confinement, des initiatives ciblant les étudiants en difficulté ont été portées par les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), avec en particulier la distribution de denrées alimentaires dans le contexte de fermeture des restaurants universitaires. 58.000 étudiants seraient actuellement confinés dans les résidences Crous, qui ont pour certaines mis à disposition des chambres pour les personnels soignants.
Le ministère de l'Enseignement supérieur avait annoncé dans un communiqué du 31 mars le déblocage de 10 millions d'euros à destination de ces aides d'urgence attribuées par les Crous. La mobilisation d'une partie de la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), qui est une ressource des établissements, doit en outre servir à financer "des cartes d'achat alimentaires ou le financement d'épiceries sociales et solidaires" ainsi que des outils informatiques ou d'accès à Internet pour la formation à distance, et à soutenir les étudiants privés de leur emploi lorsqu'ils ne bénéficient pas des aides génériques du gouvernement. Depuis, Emmanuel Macron a annoncé que les enseignements dans les établissements d'enseignement supérieur ne reprendraient pas avant la rentrée prochaine.
Côté formation professionnelle, certaines collectivités se mobilisent, à l'instar de la région de La Réunion qui a annoncé le maintien des bourses et rémunérations des stagiaires et a ouvert une plateforme de formation à distance.
A noter enfin que l'Union nationale des missions locales actualise régulièrement des foires aux questions très complètes sur l'accompagnement des jeunes ou encore la sécurisation des recrutements en période sanitaire.
(1) La Confédération française démocratique du travail (CFDT), le Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), le Forum français de la jeunesse (FFJ), la Fédération française des maisons de jeunes et de la culture (FFMJC), le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), l'Union nationale des étudiants de France (Unef), l'Union nationale pour l’habitat des jeunes (Unhaj).