Le gouvernement présente son plan pour affronter les vagues de chaleur de l'été

Alors que les vagues de chaleur risquent de s'intensifier et de se multiplier, le ministre de la Transition écologique a présenté ce 8 juin un plan pour y faire face, dans tous les domaines d'activité. En complément du dispositif canicule sur les risques sanitaires géré par le ministère en charge de la santé, il comporte 15 actions d'application immédiate. Dont un recensement des îlots de fraîcheur et des fontaines publiques dans les communes, la diffusion de messages de prévention dans les transports, une incitation à une meilleure inscription des personnes vulnérables sur les registres communaux ou encore la mise en place d'un contrôle annuel des pièces et des équipements de confort dans les crèches et les bâtiments scolaires.

Contrairement à des pays proches comme l'Allemagne, l'Italie ou la Suisse, la France n'avait jusqu'ici pas de plan général pour gérer les vagues de chaleur, a rappelé Christophe Béchu en présentant ce 8 juin le plan qui vise à "informer, anticiper, protéger" face à un phénomène appelé à se multiplier. "Il faut qu'on change de braquet sur l'adaptation au changement climatique", a déclaré le ministre de la Transition écologique, en rappelant le record de l'été 2022 - 33 jours de canicule entre début juin et fin août, loin devant 1983 (23 jours) et 2003 (22 jours). "Les effets du réchauffement climatique sont déjà à l'oeuvre en France" et "l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur d'ici 2050 est inévitable", estime le ministère dans son document de présentation du plan, en soulignant que celles-ci affectent "tous les aspects de notre économie et de la vie quotidienne" comme la santé, le travail, la vie sociale et culturelle, les ressources naturelles, les forêts, etc.

Depuis 2000, ces canicules ont été en France cinq fois plus fréquentes qu'avant 1989 et elles seront deux fois plus nombreuses d'ici 30 ans. Outre le nombre record de jours de canicule, 2022 a été assez emblématique de cette tendance avec plus de 1.500 records locaux de chaleur battus et la vague de chaleur la plus précoce jamais enregistrée entre le 15 et le 19 juin.

"Consignes et bonnes pratiques"

"Cette année, nous n'allons pas attendre qu'une vague de chaleur arrive pour diffuser des consignes et bonnes pratiques", a souligné Christophe Béchu. Le plan qu'il a présenté, qui a vocation à compléter le dispositif canicule sur les risques sanitaires géré par le ministère en charge de la santé "est basé d'une part sur l'homogénéisation et la systématisation de pratiques déjà existantes, d'autre part sur des pratiques nouvelles", a expliqué le ministre.

Le plan vise quatre cibles : le grand public, les plus jeunes et les personnes vulnérables, les travailleurs et les entreprises, les organisateurs et spectateurs d'événements sportifs et culturels, particulièrement nombreux l'été.

L'Etat prévoit ainsi une campagne grand public, indiquant les travaux et les comportements à avoir au sein de son logement, et les "bons gestes" pour prévenir les noyades ou prendre soin de ses animaux de compagnie. Un recensement des îlots de fraîcheur et des fontaines dans les communes sera effectué par les préfets de département, en y associant les maires, et communiqué à la population. Des messages de prévention dans les transports et par SMS seront également diffusés en cas de fortes chaleurs.

Un premier bilan de la start up d'Etat "Plus fraîche ma ville" est également prévu. Ce service numérique gratuit lancé par l'Ademe, qui a associé des élus et des agents territoriaux à sa conception, propose d'aider les collectivités dans le choix de solutions de rafraîchissement urbain pérennes et durables.

Les gestionnaires du réseau d'électricité "RTE et Enedis renforceront dès l'été 2023 les moyens de surveillance et d'intervention en déployant notamment des équipes d'urgence pendant les vagues de chaleur et de sécheresse afin d'éviter des coupures de courant", indique également le ministère.

Inscriptions des personnes vulnérables sur les registres communaux

Les personnes vulnérables seront incitées à s'inscrire sur des registres communaux mis en place depuis la canicule de 2003 pour qu'elles puissent être informées et secourues en cas de chaleurs excessives. "Actuellement, seules 5% des personnes âgées vulnérables sont inscrites sur ces registres", a indiqué Christophe Béchu. Des jeunes en service national universel (SNU) seront donc mobilisés à cette fin et une expérimentation sera menée avec La Poste pour que les facteurs pendant leur tournée contribuent aussi à cette action.

Des contrôles annuels des pièces et des équipements de confort seront mis en place dans les crèches et les bâtiments scolaires. Pour limiter les reports d'examen en période chaude, un contrôle des pièces et des locaux rafraîchis à proximité des collèges et des lycées, suffisamment grands pour accueillir les épreuves du brevet ou du bac sera réalisé tous les ans dans chaque académie.

Activités économiques à adapter

Côté entreprises, un guide sur les mesures et les travaux destinés à améliorer la température dans les bureaux sera mis en place, tandis que les contrôles de l'inspection du travail seront intensifiés dans les secteurs les plus vulnérables aux risques liés à la chaleur.

Le plan mentionne aussi des actions complémentaires telles que la réglementation de certaines activités selon le niveau de risque incendie par le maire et le préfet - restrictions d'accès aux espaces naturels sensibles des personnes et des véhicules, limitation des activités professionnelles et de loisirs pouvant générer accidentellement des départs de feu (interdiction temporaire du fauchage mécanique, d’utilisation de barbecues à combustible solide, interdiction de fumer à proximité des espaces naturels...).

"Différentes mesures seront mises en place sur le plus long terme afin de renforcer les mesures de limitation de l’impact des vagues de chaleur sur les conditions d’exercice de l’activité économique et des travailleurs", mentionne encore le plan. Ainsi, "en période de canicule, il est conseillé de décaler les horaires de travail, notamment pour les salariés du BTP, afin d'éviter d'exposer les travailleurs aux heures les plus chaudes. A l'inverse, afin de minimiser l'exposition au bruit pour les riverains, des arrêtés municipaux interdisent les chantiers tôt le matin. Une fiche sera élaborée pour aider les maires à adapter ces arrêtés de manière à permettre, en période de fortes chaleurs, l'aménagement des horaires de chantiers et commencer à travailler plus tôt."

Un recensement des événements culturels et sportifs, eux aussi soumis aux aléas climatiques, sera effectué au printemps dans chaque département afin de les inciter à adapter leur organisation en cas de canicule. En cas de risques élevés, les préfets pourront être amenés à les reporter ou à les annuler.