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Service public - Le gouvernement "n'est pas en train de liquider" La Poste, assure Christine Lagarde

Le gouvernement "n'est pas en train de liquider" La Poste. C'est ce qu'a déclaré Christine Lagarde, ministre de l'Economie le 29 juillet 2009 sur France Inter, alors que le projet de loi relatif à La Poste et aux activités postales était présenté en Conseil des ministres. Un projet de loi qui prévoit que l'entreprise devienne au 1er janvier 2010 une société anonyme à capitaux publics. Objectif : faire de La Poste un service public de référence et l'un des tout premiers opérateurs en Europe. "Il faut donner à La Poste les moyens de poursuivre sa modernisation et son développement pour assurer son avenir autour d'une véritable ambition industrielle", a déclaré Christian Estrosi, ministre chargé de l'Industrie, après avoir présenté le texte en Conseil des ministres. La réforme de l'entreprise doit ainsi permettre une augmentation de capital de 2,7 milliards d'euros pour préparer La Poste à l'ouverture totale à la concurrence à partir du 1er janvier 2011.

Mais des inquiétudes persistent quant au maintien du service public et des points de contact existants. Si le gouvernement a affirmé qu'il comptait conserver les deux, cela ne suffit pas pour convaincre les syndicats. "Nous ne voulons pas d'une Poste purement marchande", affirme ainsi Jacques Lemercier, secrétaire général de FO Communication. La plupart des syndicats craint que le projet de loi ne dégrade à la fois les conditions de travail du personnel et le service public rendu aux usagers. "La Poste restera une entreprise 100% publique, à l'exception de la part du capital qui pourra éventuellement être détenue au titre de l'actionnariat des personnels, et l'ensemble des missions de service public de La Poste sera maintenu", peut-on lire dans le communiqué du ministère de l'Economie.

Cependant les syndicats s'interrogent. "La présence postale en milieu rural, le transport et la distribution de la presse et le service bancaire que La Poste fournit aux citoyens en difficulté, coûtent très cher ; on a estimé le surcoût à un milliard d'euros, dont 400 millions pour le milieu rural, détaille Jacques Lemercier, ce que nous voulons c'est qu'on pérennise ce budget à travers un fonds financé par l'impôt ; mais ce qu'on observe dans les débats actuels, c'est que ces coûts sont transférés aux collectivités locales."

Actuellement, La Poste dispose de 17.000 points de contact, dont le maintien a été mentionné dans le contrat de présence postale, signé entre l'Etat et l'Association des maires de France (AMF) en novembre 2008. Mais "en réalité, on doit parler de 11.000 vrais bureaux de poste, le reste étant des points de contact chez des commerçants", détaille le responsable de FO, tandis que Hugo Reis, secrétaire fédéral Sud-PTT, dénonce le bras de fer entre l'Etat et les maires concernant le maintien des bureaux de postes. "On met les maires au pied du mur, s'ils veulent un bureau de poste, ils doivent payer !", explique-t-il. Les syndicats demandent à ce que les choses soient écrites noir sur blanc. "S'il n'y a pas de choses précises dans le projet de loi qui engagent les différents partenaires, dont l'Etat et les collectivités territoriales, ça ne sera jamais appliqué et le nombre d'implantation diminuera", assure Jacques Lemercier.

Le ministre de l'Industrie s'est déjà engagé auprès des syndicats, le 16 juillet dernier, affirmant que les missions de service public, notamment en matière d'aménagement du territoire, seraient confortées au travers d'un financement pérenne de l'Etat. Principes qu'il a réaffirmés dans son communiqué du 29 juillet. Mais a priori, le projet de loi ne fait pas mention de ce financement. Face à ces incertitudes, les opposants au projet de loi, associations, partis politiques et syndicats, réunis au sein d'un comité national contre la privatisation de La Poste, ont décidé d'organiser un référendum le 3 octobre 2009, pour qu'un véritable débat, associant la population française, puisse enfin démarrer. De son côté, Christian Estrosi a promis aux syndicats de les revoir début septembre.

Emilie Zapalski