Social - Le dispositif d'accueil des réfugiés est arrivé à saturation
Après trois années de baisse conséquente, le nombre de réfugiés est reparti à la hausse en 2008 avec une progression de 20% qui devrait se poursuivre en 2009 (voir notre article ci-contre du 22 juin 2009). Cette brusque remontée a pris de cours le dispositif d'accueil. A l'occasion de la séance de questions au gouvernement du 17 novembre, Pierre Cardo, député des Yvelines, a ainsi évoqué l'installation, dans sa circonscription, d'une centaine de familles étrangères sans ressources avec 85 enfants au total, toutes installées dans un hôtel Formule 1, récemment revendu à un particulier. Ces familles demandeuses d'asile ont été placées - sans que les autorités locales aient été prévenues - par la Cafda (Coordination de l'accueil des familles demandeuses d'asile) de Paris, à la demande de la Ddass de Paris. Le CCAS de Chanteloup-les-Vignes a ensuite été sollicité par des associations caritatives pour des secours d'urgence, découvrant ainsi la situation. Rappelant que Chanteloup est l'une des communes les plus pauvres de France, le député des Yvelines s'est indigné "de telles pratiques d'une structure parisienne qui se décharge de sa mission sur la grande banlieue, sans étude préalable, ni concertation, ni suivi social".
Dans sa réponse, Eric Besson commence par évoquer le cas de Chanteloup et reconnaît que ces faits "ne sont pas acceptables". Le ministre de l'Immigration annonce d'ailleurs en avoir "tiré les conséquences". Constatant que "la Cafda n'a pas correctement assuré sa mission" et que "ce dysfonctionnement vient après d'autres", il a décidé de transférer au Samu social de Paris, à compter du 1er janvier 2010, la mission de l'hébergement d'urgence des demandeurs d'asile exercée jusqu'alors par la Cafda. Eric Besson affirme également qu'"une grande attention sera désormais portée aux exigences que devront remplir les hôtels référencés par le Samu social et à la nécessité d'une très étroite coordination et concertation avec les pouvoirs publics et les élus locaux".
Un dysfonctionnement comme celui constaté à Chanteloup-les-Vignes trouve sans doute son origine dans la saturation du dispositif d'accueil. Dans sa réponse, Eric Besson indique en effet que le taux d'occupation des centres d'accueil pour demandeurs d'asile atteint aujourd'hui 98,8% et que les places d'hébergement d'urgence des demandeurs d'asile ou les places d'hébergement d'urgence dites de droit commun sont toutes mobilisées. En d'autres termes, le dispositif d'accueil des demandeurs d'asile est arrivé à saturation. Le ministre de l'Immigration annonce par conséquent une augmentation de 1.000 places de la capacité des Cada (Centre d'accueil pour demandeurs d'asile) - qui passerait de ce fait à 21.000 places - ainsi qu'une reconduction du "dispositif Versini d'accueil et d'hébergement à Paris de ce public vulnérable".
Jean-Noël Escudié / PCA
Référence : Assemblée nationale, séance de questions au gouvernement du 17 novembre 2009, question de Pierre Cardo, député des Yvelines, et réponse du ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire.
