Economie sociale et solidaire - Le "développement territorial solidaire et social" expliqué en quelques concepts
Dans une monographie "Territoires et solidarités : un enjeu européen" publiée le 30 novembre 2011, Chorum, la mutuelle de protection sociale complémentaire dédiée aux entreprises et aux salariés de l'économie sociale et solidaire (ESS), tente d'analyser la façon dont les territoires peuvent "créer de nouvelles solidarités au service des citoyens", avec, à l'appui, des exemples pratiques à travers l'Union européenne.
La mutuelle s'intéresse notamment à la notion de "développement territorial durable et solidaire". Cette approche, qui relèverait d'une vision latine, est fondée sur une planification politique : elle "vise un développement local qui intègre la cohésion sociale comme un objectif prioritaire" et "s'inscrit dans une logique qui implique le partage des ressources en fonction des besoins des différentes localités et régions pour le mieux-être collectif du plus grand nombre", explique la note. Cette approche prend en compte toutes les problématiques qui intéressent les collectivités (logement, mobilité, inclusion sociale, urbanisme, enseignement, emploi, etc.) et fait intervenir dès sa conception toutes les parties prenantes actives sur un territoire.
Autre approche du développement local solidaire, cette fois-ci anglo-saxonne : le "Community Development". Son objectif : "faire émerger des communautés actives et influentes fondées sur la justice, l'égalité et le respect mutuel." Dans ce Community Development, les relations entre les citoyens et les "personnes qui détiennent du pouvoir" doivent être changées pour que les premiers puissent prendre part aux questions qui les touchent dans leur vie quotidienne.
Dans son étude, Chorum s'intéresse aussi à la notion de "responsabilité sociétale des territoires", un mode de développement qui intègre lui aussi la cohésion sociale comme objectif prioritaire et qui amène les collectivités à prendre en compte les principes de développement durable et leur intégration dans les plans d'actions territoriaux. "L'objectif des acteurs responsables est d'arriver à concilier, à court terme comme à long terme, croissance pérenne, enjeux sociétaux et environnementaux et bonne gouvernance", explique Chorum, qui poursuit : "La responsabilité sociétale territoriale a un rôle d'autant plus important à jouer dans le contexte actuel de crise économique dans la mesure où elle promeut des valeurs fondées notamment sur le traitement des défis sociétaux, le bien commun et l'utilité sociale."
L'impact des politiques européennes
L'étude se penche aussi sur le concept même de "cohésion sociale". C'est "la capacité d'une société à assurer le bien-être de tous ses membres, en réduisant les disparités et en évitant la marginalisation", expliquent les auteurs, citant la "Task Force de Haut niveau sur la cohésion sociale au 21e siècle" créée par le Conseil de l'Europe. Ce concept transversal touche la plupart des domaines du vivre ensemble : le revenu, le pouvoir d'achat, l'emploi, le logement, la santé et la couverture sociale, la mobilité, la culture, l'information/communication, la lutte contre l'exclusion, la liberté d'opinion… Chorum insiste sur le rôle de premier plan que jouent les collectivités territoriales dans ces politiques de cohésion sociale au niveau local, toue en s'intéressant aussi à d'autres acteurs : les acteurs de l'économie sociale, l'Europe...
Dernier thème, précisément, abordé par Chorum : l'impact des politiques européennes sur le développement territorial social. En insistant sur l'importance des montants en jeu. "La politique de cohésion représente le second poste de dépenses du budget de l'Union, avec 35% du budget communautaire", est-il rappelé, sachant que ce budget est en cours de négociation. "Les orientations budgétaires auront incontestablement une influence sur le développement et le fonctionnement du secteur de l'économie sociale. En temps de crise économique, un budget maintenu, voire plus élevé, pourrait pallier aux manquements des Etats", estime l'étude.
Celle-ci est alimentée par une trentaine de fiches exposant des bonnes pratiques dans le domaine du développement solidaire et social dans plusieurs pays de l'Union européenne. Des pratiques telles que le développement d'un agenda 21 dans un centre public d'action sociale en Belgique (Woluwé-Saint-Lambert), la création d'un laboratoire d'innovation sociale en Angleterre (Kent) ou encore la création d'une banque éthique en Espagne (Pays basque).