Communication / Elus - Le CSA s'inquiète des déséquilibres importants dans la couverture des élections départementales
A quelques jours du premier tour des élections départementales - le 22 mars 2015 -, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) tape du poing sur la table à propos de la couverture de la campagne par les médias audiovisuels. Lors de sa réunion du 12 mars, le Conseil a en effet examiné les temps de parole relatifs au traitement de l'actualité électorale, relevés sur les antennes de radio et de télévision.
Le respect du principe d'équité
Cet examen a porté sur "le respect du principe d'équité" au cours de la période allant du 9 février - date d'entrée en vigueur de la recommandation du CSA du 26 novembre dernier sur la couverture des élections départementales - jusqu'au 6 mars 2015. Le bilan est sévère, puisque "le Conseil constate l'existence de déséquilibres, parfois importants, dans la répartition des temps de parole et observe que certaines formations politiques n'ont pas encore bénéficié d'un accès équitable aux antennes".
Conséquence : le Conseil appelle l'attention des responsables des radios et des télévisions "sur la nécessité de faire respecter le principe d'équité, [...], en exposant, de manière appropriée, l'ensemble des formations politiques et les candidats qu'elles présentent".
Par ailleurs, le communiqué du CSA annonce que l'organisme a adressé "des observations détaillées" aux radios et télévisions concernées, "afin de les alerter sur l'urgence de remédier aux déséquilibres constatés, voire à l'absence de certaines formations politiques sur leurs antennes".
Des déséquilibres flagrants
Comme toujours en pareil cas, le CSA se garde bien de citer - dans son communiqué - les formations politiques avantagées ou désavantagées par les différents médias. Mais il met en ligne les relevés de temps de parole, complétés semaine après semaine, pour les chaînes généralistes (TF1, France 2, France 3, France 4, France 5, Canal+, M6, D8 et RMC découverte), les chaînes d'information en continu (BFM TV, i-Télé et LCI) et les radios nationales (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, Radio Classique, BFM Business, RMC, RTL, Europe 1 et Sud Radio).
Si l'on considère le cumul de la période du 9 février au 6 mars 2015 - soit quatre semaines -, les écarts apparaissent en effet conséquents. Ils sont toutefois hypertrophiés par le très faible temps de parole consacré aux élections départementales sur certains médias, à commencer par la télévision. Sur les quatre semaines concernées, TF1 a ainsi consacré 1'50" (une minute et cinquante secondes) de temps de parole aux élections départementales, RMC découverte 2,'12", M6 2'15", Canal+ 2'48", tandis que D8 ne comptabilise aucun temps de parole. Les chaînes publiques sont un peu plus impliquées : 12'25" sur France 3, 14'56" sur France 2, 21'33" sur France 5, mais rien sur France 4.
Conséquence : cette concentration bénéficie au parti qui se trouve au cœur des débats, autrement dit le Front National : 100% du temps de parole sur TF1, 62% sur France 5, 49% sur France 3, 36% sur Canal+.
La situation est plus équilibrée sur les chaînes d'information en continu, qui - par définition - consacrent beaucoup plus de temps aux élections départementales (plus de sept heures en quatre semaines pour i-Télé, plus de cinq heures pour BFM TV et plus de trois heures pour LCI). Contrairement aux accusations portées à l'encontre de certaines de ces chaînes, le Front National y est plutôt sous-représenté (au regard du score qu'il peut espérer) avec respectivement 21%, 13% et 11% du temps de parole.
Le déséquilibre revient avec les radios nationales, qui consacrent un peu plus de temps de parole que les télévisions aux prises de parole sur les élections départementales (et même beaucoup plus pour les radios d'information en continu comme France Info et BFM Business). C'est néanmoins l'absence de toute prise de parole pour certaines formations politiques qui frappe le plus. Par exemple, durant quatre semaines, le Front de Gauche n'a eu aucune prise de parole liée aux départementales sur France Inter, Radio Classique, BFM Business (malgré un temps total de prise de parole de 2 heures et 24 minutes), RMC, RTL, Europe 1 et Sud Radio. Et cela alors que le Font National a pu s'exprimer sur chacune de ces chaînes au sujet des cantonales (jusqu'à 16 minutes sur BFM Business et 11 minutes sur France Inter). De même, et au cours de cette même période de quatre semaines, l'UDI/Modem (le parti de François Bayrou) a été privé de parole sur les cantonales sur France Inter, France Info, BFM Business, RMC, RTL et Sud Radio. On comprend mieux que le CSA a ressenti le besoin urgent d'intervenir...