Archives

Commerce - Le Conseil de Paris s'oppose à l'ouverture des grands magasins le dimanche

Le débat sur l'ouverture des magasins le dimanche refait surface avec le refus lundi 7 juin du Conseil de Paris de voir le secteur des grands magasins de la capitale classé en zone touristique... La loi du 10 août 2009 sur le travail le dimanche a en effet ouvert la possibilité à deux types de dérogations : celles accordées pour cinq ans aux périmètres d'usage de consommation exceptionnel (Puce), dans les agglomérations de plus d'un million d'habitants, et celles accordées aux zones et communes d'intérêt touristique et thermales. Pour ces dernières zones, les commerces de détail peuvent ouvrir le dimanche et donner un repos hebdomadaire par roulement au personnel, les contreparties financières étant à négocier. Le groupe UMP-Nouveau Centre avait proposé de classer le secteur des grands magasins de Paris en zone touristique, pour le faire profiter de cette dérogation, et permettre ainsi aux magasins du boulevard Haussmann d'ouvrir le dimanche en toute légalité. Mais le maire de Paris ne l'a pas vu du même œil. "Voulons-nous un monde où la valeur suprême soit la consommation ? Ou un monde qui laisse sa part au silence, à l'intimité, à la culture, à la vie privée, familiale, intellectuelle ou spirituelle ? , a ainsi questionné Bertrand Delanoë lors des débats du Conseil de Paris. Une métropole a besoin de moments de respiration où s'installe un autre rythme, une autre manière de vivre." Le maire de Paris, soutenu par les syndicats, la chambre des métiers de Paris et la Fédération nationale de l'habillement, s'appuie dans son refus sur une étude réalisée par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), à la demande du groupe de travail constitué d'élus de toutes tendances politiques, constitué sur le sujet en septembre 2009.

 

Création de 2.000 emplois

D'après cette étude, actuellement 12.000 à 15.000 commerces, services, cafés et restaurants sont ouverts, un moment ou un autre le dimanche à Paris, soit environ 20% du nombre de commerces ouverts habituellement la semaine. "Il apparaît ainsi que le niveau de service et de proximité que les Parisiens sont en droit d'attendre le dimanche pour s'alimenter, se divertir et se cultiver atteint un niveau significatif dans tous les quartiers", précise ainsi l'enquête. Autre argument avancé par l'Apur : le faible nombre de clients le dimanche. Un argument évoqué par les grands magasins d'ameublement interrogés par l'atelier, mais aussi par les magasins de mode situés dans la zone touristique du boulevard Saint-Germain. Et le maire de Paris a également contrebalancé l'intérêt financier de ces travailleurs du dimanche, qui auront de toute façon à payer une personne ou une structure pour faire garder leurs enfants. A l'opposé, Pierre Lellouche, conseiller UMP de Paris et élu du IXe arrondissement, a repris l'argument économique faisant miroiter les 2.000 emplois qui pourraient être créés grâce à l'ouverture des magasins de cette zone le dimanche. "A eux seuls, le Printemps Haussmann et les Galeries Lafayette connaissent des fréquentations annuelles de plus de 43 millions de visiteurs, a-t-il affirmé. Si cette zone ne peut être considérée comme touristique alors que 10% de son chiffre se fait quand c'est ouvert le dimanche, c'est à n'y rien y comprendre." Les grands magasins ont eux-mêmes réagi à la nouvelle, regrettant dans un communiqué commun que "cette opportunité d'amplifier l'attractivité économique et touristique de la ville de Paris ne puisse être saisie pour l'instant". Une opportunité, qui selon le Printemps et les Galeries Lafayette, entraînerait la création d'au moins 600 emplois, sur la base du volontariat et d'une rémunération double… Cela dit, les magasins ne perdent pas espoir et se disent "ouverts à toute proposition allant dans le sens de l'intérêt général". Dans sa communication, le maire de Paris a tendu une perche. "Pourquoi, par exemple, ne pas envisager uniquement pour ces magasins si particuliers la possibilité d'augmenter le nombre de dimanche autorisés par an, pour passer de 5 à 8 ou 10 ?" Le débat est lancé.

 

Emilie Zapalski 

 

Téléchargements

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis