Le Congrès HLM 2017 débute à Strasbourg dans un climat extrêmement tendu
Jean-Louis Dumont est un homme poli. Même en colère, on imagine mal le président de l'Union sociale pour l'habitat (USH) sortir de sa stature d'élu de la République, lors du 78e congrès HLM qui s'ouvre ce mardi 26 septembre à Strasbourg pour trois jours, avec la présence attendue du ministre de la Cohésion sociale et de son secrétaire d'Etat.
Nul doute que Jean-Louis Dumont trouvera les tournures fermes et néanmoins courtoises pour expliquer que le mouvement HLM a claqué la porte des négociations avec le gouvernement parce que la réforme des APL envisagée ne serait rien moins que "la remise en cause du modèle républicain et de la cohésion nationale" de la France (voir notre article ci-dessous du 22 septembre 2017). Il leur dira certainement aussi, de diverses manières, que "le 'budgétarisme' de Bercy c’est une doctrine, mais ça ne fait pas une politique du logement au service des habitants" (ainsi qu'il l'a déjà exprimé dans un récent communiqué).
La salle de plénière peut contenir jusqu'à 3.500 personnes. A la veille du congrès, l'USH n'était pas loin de penser qu'il resterait peu de fauteuils vides, le rythme des inscriptions étant particulièrement soutenu cette année. Plusieurs milliers de participants en colère, ça peut faire du bruit. D'autant que c'est un peu une tradition, au congrès HLM, de chahuter les ministres. L'année dernière, à Nantes, le Premier ministre Manuel Valls et la ministre du Logement Emmanuelle Cosse avaient essuyé quelques slogans tapageurs venant des rangées des associations de locataires. Rien à voir toutefois avec l'accueil réservé en 2010, au congrès de Toulouse, à Benoist Apparu, alors tout nouveau secrétaire au Logement et à l'Urbanisme du gouvernement Fillon II (voir notre article Benoist Apparu hué au congrès HLM du 30 septembre 2010), qui intervenait sur les annonces du projet de loi de finances pour 2011 présenté la veille...
Jacques Mézard interviendra mardi après-midi, après une plénière sur un thème qui lui est familier, "Contribuer ensemble au développement durable des territoires". Le discours de l'ex-sénateur, élu local d'un territoire non métropolitain, ex-administrateur lui-même d'un organisme HLM... pourrait pas trop mal passer. Julien Denormandie assurera quant à lui, jeudi, la clôture de trois jours de débat consacrés à la question "HLM et territoires : quelles perspectives pour le prochain quinquennat ?". Les perspectives du gouvernement auront été précisées la veille dans le cadre de la présentation du PLF 2018 qui confirmera l'obligation pour tous les bailleurs sociaux de baisser les loyers de leurs locataires APLisés d'au moins 50 euros (pour permettre à l'Etat de leur baisser le montant de leurs APL d'autant, sans que cela se voit pour le locataire). "Il ne faudrait pas qu'il explique aux élus et aux salariés des organismes HLM que tout le monde doit faire des efforts pour assainir les comptes de l'Etat", nous confiait un habitué des congrès, "ce serait pris pour de la provocation".
La CNL (Confédération nationale du logement) est en train de faire tourner la machine à billets. Depuis cet été, l'association de défense des locataires diffuse des billets de 5 euros au dos desquels on peut lire "le racket des locataires doit cesser" pour contester la hausse forfaitaire décidée fin juillet et qui sera appliqué au 1er octobre pour une durée peut-être indéterminée (voir ci-dessous notre article Cnaf/CNH). Il est fort possible que des billets de 60 euros se mettent à voler cette semaine à Strasbourg.