Education - Le blues de la blouse en répét' au Parlement
Sophie Joissains, sénatrice (UDI) des Bouches-du-Rhône, a copié-collé la proposition de loi "visant à instaurer le port d'uniformes scolaires et de blouses à l'école et au collège" qu'elle avait déjà déposée en janvier 2013 au Sénat (voir notre article ci-contre du 17 janvier 2013) pour la déposer de nouveau ce 14 octobre 2015. L'argument est toujours le même : "L'uniforme porté par les sportifs fait rêver les joueurs comme les supporteurs. Porter le maillot de son équipe signifie faire corps avec le groupe." De plus, "la société moderne pousse les jeunes gens à se reconnaître à travers de faux identifiants, type baskets chères, téléphone portable high tech ou casquettes aux logos venus d'ailleurs, cela distrait et n'est pas propice à l'apprentissage des codes sociaux auxquels ils devront se conformer dans leur vie d'adulte".
La PPL Grosperrin propose aussi le retour de la blouse
Dans la précipitation, Sophie Joissains et ses collègues n'ont pas pris le temps d'actualiser l'article 3 qui propose que la blouse obligatoire fasse "la rentrée scolaire 2013 (sic) pour les écoles primaires, 2014 (sic) pour la première année de collège, 2015 (sic) pour la deuxième année de collège et 2016 pour la quatrième année de collège". Qu'importe, l'idée étant de maintenir la pression pour que le sujet soit discuté au Parlement.
C'est aussi l'idée de son collègue Jacques Grosperrin (LR). La PPL Grosperrin, déposée le 18 septembre dernier, propose aussi le retour de la blouse et plus généralement de "renforcer les repères républicains dans le fonctionnement du service public de l'éducation" (voir notre article ci-contre du 22 septembre 2015), dans la droite ligne de son rapport "Faire revenir la République à l'école" (voir notre article ci-contre du 13 juillet 2015). La commission d'enquête "sur le fonctionnement du service public de l'éducation, sur la perte des repères républicains que révèle la vie dans les établissements et sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans l'exercice de leur profession" (commission créée après les attentats de janvier 2015) a discuté le 12 octobre les propositions de son rapporteur Jacques Grosperrin.
Vivement critiquées à gauche, saluées à droite
Sans surprise, ces propositions ont été vivement critiquées par la gauche, qui les considère mal adaptées voire contre-productives. Le sénateur communiste Patrick Abate estime par exemple que Jacques Grosperrin dresse "un tableau apocalyptique de notre école, qui serait rongée par un intégrisme larvé". Marie-Christine Blandin, sénatrice écologiste, a accusé la commission d'avoir "renoncé à enquêter vraiment", à "mille lieues de la rigueur du Sénat", rappelant notamment qu'elle avait "envisagé l'audition d'Eric Zemmour et entendu effectivement Natacha Polony le jour où nous devions recevoir le philosophe et historien Marcel Gauchet !".
Les conclusions de Jacques Grosperrin ont, en revanche, été saluées par la droite, les sénateurs du groupe RDSE (Rassemblement démocratique et social européen) et par David Rachline, sénateur FN.
Valérie Liquet avec ToutEduc