Education - Le sénateur Grosperrin imagine une école où les mamans ôteraient leur voile et les enfants mettraient une blouse
Jacques Grosperrin et plusieurs de ses collègues sénateurs ont déposé, le 18 septembre, une proposition de loi "visant à renforcer les repères républicains dans le fonctionnement du service public de l'éducation", dans la droite ligne de son rapport "Faire revenir la République à l'école" rendu public au début de l'été (voir notre article ci-contre du 13 juillet 2015).
"Une tenue d'établissement uniforme"
Le premier article vise à étendre aux parents accompagnateurs de sorties scolaires l'interdiction du port de vêtements "manifestant ostensiblement leur appartenance religieuse". Il ajoute également un article au code de l'éducation, qui dirait : " Afin de garantir la stricte application du principe de laïcité, les écoles, les collèges et les lycées publics adoptent une tenue d'établissement uniforme. Le port, par les élèves, de la tenue (...) est obligatoire à l'intérieur de tous les établissements concernés, pendant le temps scolaire et à l'occasion des activités périscolaires."
Car le sénateur Jacques Grosperrin (LR - Doubs) regrette qu'"hélas, beaucoup de jeunes - notamment issus de l'immigration, même si eux-mêmes ont souvent la nationalité française - éprouvent de sérieuses réticences à se reconnaître membres à part entière de la communauté nationale, au profit d'autres repères identitaires comme le quartier, le 'groupe ethnique', la 'communauté religieuse', la 'nationalité des parents', etc. Il se trouve que ces groupes ont leurs lois, leurs codes, leurs repères, leurs croyances, en d'autres termes leurs propres valeurs et leurs propres représentations qui, dans bien des cas, entrent en contradiction, voire en conflit, avec celles de l'école républicaine. C'est de plus en plus le cas, notamment, avec la montée de valeurs religieuses qui, aux yeux d'un nombre croissant d'élèves, sont la première, et parfois la seule vraie source de légitimité : en regard, les règles découlant du principe de laïcité sont mal comprises, mal vécues et, en définitive, dénoncées comme oppressives et attentatoires à la liberté individuelle."
Ne plus fermer les yeux sur les certificats médicaux de complaisance
L'article 2 affirme "l'interdiction des dérogations aux activités scolaires fondées sur des motifs religieux", afin que "nul élève ne puisse être exempté d'une ou plusieurs activités d'éducation physique et sportive pour des raisons religieuses". Jacques Grosperrin a en effet observé que "en particulier dans les 'quartiers difficiles'", les enseignants "finissent eux-mêmes par accepter des arrangements, voire par tolérer des entorses aux valeurs de l'école républicaine, dans le seul but de maintenir un niveau minimum de paix scolaire au sein de leur établissement". Ainsi, "qui peut sérieusement croire, par exemple, que 50% des jeunes filles d'une même classe soient allergiques au chlore, et fermer les yeux sur leurs certificats médicaux de complaisance les dispensant de piscine ?"
L'article 3 propose quant à lui : "une évaluation de la maîtrise du français est organisée au cours de l'année de CM2. Son résultat conditionne l'accès au collège".
L'article 4 revient quant à lui sur l'idée de pouvoir moduler les allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire chronique (ce qui reviendrait au retour à la loi Ciotti, abrogée en février 2013).