Bâtiment - Le BIM, levier numérique de relance dans le bâtiment
Le rapport remis ce 2 décembre par Bertrand Delcambre, ambassadeur du numérique dans le bâtiment, à Sylvia Pinel, ministre du Logement, sur les apports du numérique dans le bâtiment, met principalement l'accent sur la "maquette numérique". Un outil structurant générateur d'économies dans les travaux de construction, d'entretien, de maintenance et d'exploitation qui améliore la productivité et crée des emplois.
Il est assez rare de voir une mission stratégique se concentrer, pour l'essentiel, sur le développement d'un produit unique, à savoir cette maquette numérique, également appelée BIM dans le le monde anglo-saxon. BIM pour Building information modelling. Le rapporteur s'en explique dès l'introduction du rapport : "La maquette numérique est l'innovation majeure dans le secteur, car elle impacte tous les métiers". De fait, cet outil de conception relativement récent est une application "tout en un" qui associe la maquette du bâtiment en 3D - réalisée au départ par l'architecte - à des bases de données techniques (surfaces, composants, caractéristiques techniques). Le BIM rappelle le système d'information géographique mais appliqué au bâtiment. C'est un outil collaboratif conçu pour accompagner ce dernier tout au long de sa vie, de la conception à sa démolition en passant par son exploitation. Le large périmètre couvert par l'outil est ce qui lui confère une dimension presque universelle : "Il est en passe de modifier l'ensemble des processus de construction, en renforçant la collaboration des intervenants autour d'une maquette virtuelle qui s'enrichit au fil de l'eau et aux différentes phases de vie de l'édifice".
Le BIM fait l'objet de plans nationaux en Europe
Certains pays comme la Grande-Bretagne ont lancé des plans nationaux visant à promouvoir l'outil. D'autres comme la Finlande, la Norvège et plus récemment l'Allemagne, fondent également leur action sur des politiques volontaristes de déploiement. Même scénario dans les grands groupes industriels du BTP qui sont progressivement devenus "des pratiquants convaincus". Aussi est-ce désormais sur le tissus des PME et des TPE et sur les maîtres d'ouvrage publics que le rapporteur souhaite mettre l'accent.
Collectivités territoriales : des expériences encore limitées
Coté collectivités territoriales, les expériences sont encore rares, mais pas inexistantes. Ainsi, le conseil régional de Bourgogne, qui fait figure de pionnier, dispose aujourd'hui d'une maquette numérique de l'ensemble de son patrimoine immobilier, essentiellement composé de lycées (900 bâtiments totalisant 2,5 millions de m2).
D'autres expériences réunies dans un livre blanc présenté en début d'année par la Caisse des Dépôts confirment un mouvement naissant, notamment dans le domaine du logement social. L'intérêt est relayé par des études de coûts récentes qui confirment des gains de productivité apportés par le BIM. La Fédération française du bâtiment avance des économies pouvant atteindre 35 euro/m2 pour la construction neuve et 2,3 euros/m2 par an pour les gestionnaires. Certains organismes HLM auraient réalisé jusqu’à 7% d’économies sur les budgets de travaux nécessaires à l’entretien du patrimoine. Plus globalement, les retours d’investissement des gestionnaires de patrimoine seraient inférieurs à 3 ans. En effet, la gestion de l'exploitation qui, rappelons-le, représente jusqu'à 75% du coût de l'ouvrage sur sa durée de vie, est le principal bénéficiaire de l'existence du BIM.
La maquette numérique permet d'effectuer de nombreuses tâches de gestion du patrimoine : inventaire des bâtiments, calcul de la surface des structures et de leur occupation à des fins d'aide à la décision ou pour préciser des quantités (surfaces à traiter dans les appels d'offre de maîtrise d'oeuvre). Elle améliore aussi la maîtrise des engagements contractuels, facilite le suivi des consommations énergétiques et permet d'allonger la durée de vie des équipements techniques tout en anticipant sur les risques de panne. Elle facilite également la mise en oeuvre des évolutions programmées des bâtiments tout en simplifiant leur gestion.
Un plan d'action national
Pour toutes ces raisons, le rapport préconise la mise au point d'un plan d'action ambitieux porté par l'Etat "qui embarquerait le plus possible d'acteurs" et notamment les maîtres d'ouvrage publics. Il s'agirait de mettre en avant les premières bonnes pratiques et les gains réalisés, de répondre aux besoins de la montée en compétence numérique engendrés par leur utilisation, d'adapter les outils à la taille des projets, y compris ceux qui sont portés par des PME et des TPE et, d'une manière générale, d'installer une sorte de confiance numérique.
Philippe Parmantier / EVS
La plateforme Numérique et BTP Domolandes
L'outil
Domolandes est un espace atelier permettant la conception et la construction ou la présentation virtuelle de bâtiments grâce aux outils de Maquette numérique (Building information model – BIM), mis à la disposition des cabinets d'architecture, bureaux d'études et entreprises de BTP. Cette plateforme ressources qui est soutenue au niveau national par l'Ademe et au niveau régional par la région Aquitaine, le conseil Général des Landes et la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud sera inaugurée le 5 décembre prochain. Elle doit permettre de mieux étudier, mieux préparer, mieux piloter et ainsi améliorer la qualité et la rentabilité des bâtiments. L'équipement entre logiquement dans la catégorie des ateliers de fabrication numériques.
PhP