Tourisme - L'attractivité des monuments et des sites ne se dément pas
Le secrétariat d'Etat chargé du tourisme publie l'édition 2009 de l'incontournable "Mémento du tourisme". Ce recueil de données statistiques apporte chaque année son lot d'informations sur ce secteur clé de l'économie française. Il confirme ainsi - malgré ou à cause de la crise - la très bonne tenue de la fréquentation des musées et des sites. Ainsi, en 2008, les trente premiers sites culturels français ont réalisé 52,2 millions d'entrées comptabilisées, soit une progression de près de 2% sur 2007. Mais ce palmarès reflète aussi un double phénomène caractéristique du tourisme culturel français : l'extrême centralisation du grand patrimoine culturel, fruit de l'histoire, et la très forte attractivité touristique internationale de Paris se combinent pour accroître encore la fréquentation des monuments parisiens. Sur les trente premiers sites culturels en termes d'entrées comptabilisées, vingt-quatre sont ainsi situés dans Paris intra-muros, dont bien sûr le Louvre (8,42 millions d'entrées en 2008), la tour Eiffel (6,93 millions), le centre Pompidou (5,48 millions), la cité des Sciences de la Villette (3,04 millions), le musée d'Orsay (3,02 millions), l'arc de Triomphe (1,57 million), le musée du Quai Branly (1,39 million) et les galeries nationales du Grand Palais (1,28 million). Un monument se situe en Ile-de-France (le château de Versailles, troisième avec 5,63 millions d'entrée) et seulement cinq en province : le château et musée des Ducs de Bretagne à Nantes (qui parvient à se glisser au neuvième rang avec 1,33 million d'entrées), la Merveille de l'abbaye au Mont-Saint-Michel (douzième, 1,2 million), le château de Chambord (vingtième, 717.000 entrées), le palais de Papes d'Avignon (vingt-troisième, 599.000 entrées) et le château du Haut Koenigsbourg (vingt-huitième, 515.000 entrées), récemment transféré au département du Bas-Rhin.
La situation pourrait sembler inverse pour ce qui concerne les trente premiers sites non-culturels dont les entrées sont comptabilisées : aucun n'est situé à Paris et seulement quatre en Ile-de-France. Mais ce résultat cache un déséquilibre tout aussi important. Avec 15,3 millions d'entrées, Disneyland Paris, à Marne-la-Vallée, représente à lui seul 45% de la fréquentation des trente premiers sites non-culturels. Si l'on y ajoute les trois autres sites franciliens - le parc Astérix (second avec 1,8 million d'entrées), les spectacles dans les jardins de Versailles et le parc zoologique de Thoiry -, les sites franciliens représentent 54% du total. Plusieurs sites en région tirent cependant bien leur épingle du jeu en dépassant le million d'entrées comptabilisées : le parc du Futuroscope à Poitiers (1,6 million), le grand parc et la cinéscénie du Puy-du-Fou (1,3 million) et le parc zoologique du bois de Boulogne à Lille (1 million). La suite de la liste est plus hétéroclite, puisqu'y figurent aussi bien le chemin de fer de la Mer de Glace à Chamonix, l'aire de visite du viaduc de Millau, la visite en bateau de la ville de Strasbourg, la verrerie de Biot (Alpes-Maritimes), le circuit de Nevers-Magnicourt que... le musée océanographique de Monaco, que l'on ne savait pas situé en France. Avec un total de 34 millions d'entrées comptabilisées, ces trente sites non-culturels enregistrent en 2008 une fréquentation en hausse de 2,8% sur 2007.
Le derniers tableaux du Mémento 2009 consacrés aux sites sont tout aussi instructifs. Ils retracent en effet la répartition par régions et départements des 43.180 monuments historiques classés ou inscrits (respectivement 14.367 et 28.813) et celle des 1.211 musées de France (label délivré par le ministère de la Culture). La part de Paris et de l'Ile-de-France y est beaucoup plus modeste (4,2% et 8,8%), mais les déséquilibres se situent entre régions. L'Auvergne (1,33 million d'habitants) compte ainsi 2.199 monuments historiques classés ou inscrits, contre 1.343 dans le Nord-Pas-de-Calais (4,08 millions), tandis qu'avec 2.139 monuments, Poitou-Charentes (1,74 million) fait jeu égal avec les 2.159 monuments de Paca (4,8 millions). La répartition des musées de France est en définitive la seule à se rapprocher des données démographiques et économiques, avec des chiffres allant de 136 pour l'Ile-de-France (dont 56 à Paris) à 9 en Corse.
Jean-Noël Escudié / PCA