Lancement d'une campagne de mesure des pesticides dans l'air
Glyphosate, fipronil, chlordécone... Une campagne de mesure de quelque 80 pesticides dans l'air a été lancée ce 25 juin pour un an, pour mieux évaluer à terme l'exposition chronique de la population mais aussi identifier d'éventuels lieux de surexposition, ont annoncé dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), l'organisme de surveillance de la qualité de l'air ATMO France et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris). Cette campagne, première du genre à l'échelle nationale, "permettra de définir les modalités d'une stratégie pérenne nationale de surveillance des résidus de pesticides dans l'air ambiant", ont indiqué ces organismes. "La mise en place d’une surveillance des résidus de pesticides dans l’air au niveau national est une priorité définie dans le cadre du plan d’action gouvernemental sur les produits phytopharmaceutiques et du plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA) 2017-2021", rappellent-ils.
Cette campagne exploratoire avait été décidée après la publication en octobre dernier d'un rapport de l'Anses soulignant la connaissance "partielle et hétérogène" des contaminations en pesticides dans l'air. Les expositions alimentaires à ces substances sont "de mieux en mieux connues", mais la contamination de l'air et ainsi les risques d'inhalation ou d'exposition par voie cutanée beaucoup moins, avait alors noté l'Agence.
50 sites de prélèvements
La campagne va être menée sur 50 sites, en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer pour recueillir un total d’environ 1.500 échantillons. La répartition des sites de prélèvements a été choisie afin de prendre en compte les différents types de zones d’habitation (52% de sites urbains/péri-urbains et 48% de sites ruraux) et de productions agricoles (40% de sites en grandes cultures, 22% de sites viticoles, 22% de sites arboricoles, 14% de sites en maraîchage et 6% de sites d’élevage). Ainsi 1 à 6 sites par région ont été retenus afin de couvrir les différentes situations d’exposition aux pesticides dans l’air.
82 substances à mesurer
82 substances chimiques entrant dans la composition de produits phytopharmaceutiques, biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain seront mesurés par les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA). Ces substances ont été choisies notamment en fonction de leur caractère de dangerosité ou de persistance dans l'air.
Ainsi, selon l'Anses, certains produits sont déjà considérés comme présents dans l'air et à surveiller à plus long terme. Parmi eux figurent notamment le fipronil, à l'origine l'été dernier d'une crise liée à la découverte d'oeufs contaminés par l'insecticide dans plusieurs pays européens, ou encore le lindane, substance "persistante" pourtant interdite pour les usages agricoles en France depuis 1998. Mais la présence dans l'air de certains autres n'est en revanche pas aussi certaine, par exemple le controversé glyphosate. L'herbicide dont la France a promis la sortie d'ici trois ans nécessite un matériel spécifique pour son prélèvement dans l'air et seule une petite partie des AASQA pourront le mesurer, selon ATMO France, qui fédère ces organismes. Sous surveillance également le chlordécone, insecticide cancérogène longtemps utilisé aux Antilles où certains sols restent contaminés.
"Réduire l'exposition de la population"
Dans un communiqué, Nicolas Hulot "se réjouit" de cette première campagne nationale de surveillance des résidus de pesticides dans l'air ambiant. "Elle répond aux engagements gouvernementaux au titre du plan national santé environnement (PNSE 3), du plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PRÉPA) et de la feuille de route gouvernementale sur les produits phytopharmaceutiques", souligne le ministre de la Transition écologique. "Notre volonté avec cette campagne est de s’appuyer sur les données collectées pour améliorer la surveillance des résidus de pesticides présents dans l’air et réduire l’exposition à ces substances des populations agricoles, des riverains de zones agricoles et de toute la population, affirme-t-il. Le retour d'expérience, qui en sera fait, permettra de définir la stratégie de surveillance nationale pérenne à mettre en œuvre par la suite, afin de déterminer l’exposition moyenne de la population et l’évaluation des risques sanitaires associés."