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Enfance - L'adoption internationale poursuit sa chute inéluctable

La mission de l'adoption internationale (MAI) du ministère des Affaires étrangères a publié, le 10 février, les chiffres de l'année 2014. Avec 1.069 adoptions internationales réalisées en France en 2014, la chute inexorable se poursuit, pour la quatrième année consécutive. Le recul est en effet de près de 21% par rapport au chiffre de 2013 (1.343 adoptions). Pour être complet, il faudrait d'ailleurs déduire du total les 95 adoptions internationales intrafamiliales réalisées en 2014 (9% du total). Ce chiffre de 1.069 adoptions internationales en 2014 est à rapprocher de celui des 18.966 foyers français titulaires d'un agrément en vue d'adoption en cours de validité au 31 décembre 2013 (voir notre article ci-contre du 6 février 2015).

Quel profil pour les enfants adoptés ?

Cette chute n'est pas propre à la France. Le nombre annuel d'adoptions internationales de mineurs était encore de l'ordre de l'ordre de 40.000 en 2013. En dix ans, ce nombre a été divisé par trois.
En termes d'origine, les principaux pays d'adoption sont, pour les adoptants français : le Vietnam (129 adoptions en 2014), la Russie (121), la Chine (71), la Thaïlande (57), la Colombie (56), l'Ethiopie (52), la Bulgarie (46), et la Côte-d'Ivoire (45). En termes de continents, l'Afrique vient en tête (397 adoptions), devant l'Asie (307), l'Europe (239), l'Amérique (117) et l'Océanie (9).
En termes de profil des enfants, 53% des adoptions internationales réalisées en 2014 ont concerné des garçons et 47% des filles. Plus d'un enfant adopté sur cinq (21%) est âgé de plus de 7 ans, tandis que 21% ont entre 1 et 2 ans, 18% entre 2 et 3 ans, 14% entre 5 et 7 ans et 12% entre 3 et 4 ans. Enfin, 63% des adoptions internationales réalisées en France en 2014 concernent des enfants "à besoins spécifiques" : 35% pour des raisons d'âge (enfants de plus de cinq ans), 22% pour des fratries et 26% en raison de la présence d'une pathologie.
En termes de canal, 47% des adoptions internationales réalisées en 2014 ont été accompagnées par des OAA (organismes agréés par l'adoption), 31% ont été réalisées à titre individuel - solution souvent très hasardeuse - et 22% sont passées par l'Agence française de l'adoption (AFA). Au passage, il apparaît que les 34 OAA actives en 2014 ont une activité très variable : quatre d'entre elles n'ont réalisé qu'une ou deux adoptions, tandis que la plus active (Médecins du Monde) a réalisé 77 adoptions.

Des écarts entre départements

Le nombre d'adoptions internationales varie selon les départements de résidence des parents adoptants. Ces écarts sont bien sûr très liés à la taille des départements : une adoption internationale en 2014 en Corse-du-Sud, dans les Ardennes, dans l'Indre ou en Lozère, contre 65 à Paris, 46 dans le Rhône, 45 dans les Bouches-du-Rhône et 39 en Loire-Atlantique. Les chiffres de la MAI montrent toutefois que certains territoires sont plus actifs que d'autres en matière d'adoption internationale. C'est le cas notamment de la Bretagne et du Grand Ouest. Des écarts qui peuvent tenir au dynamisme plus ou moins grand des OAA.
Les raisons du déclin de l'adoption internationale sont connues. La principale réside dans la fermeture de certains pays. Selon la MAI, 22 Etats - dont la République démocratique du Congo, la Guinée, Djibouti... - auraient ainsi fermé leurs portes à l'adoption internationale. D'autres, comme la Chine, se montrent nettement plus restrictifs. Par ailleurs, l'accroissement du nombre de pays appliquant la convention de La Haye - qui privilégie l'adoption nationale - restreint mécaniquement le nombre d'adoptions internationales.