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Petite enfance - L'accueil collectif a le vent en poupe, les micro-crèches explosent et les crèches familiales s'effondrent

Si les assistantes maternelles restent le principal mode de garde, l'accueil collectif affiche un vrai mouvement de créations de places, notamment pour les structures multi-accueil. En termes géographiques, les contrastes restent toujours aussi prononcés. Une nouvelle étude de la Drees détaille ces tendances.

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur l'accueil des enfants de moins de trois ans. Portant sur l'année 2015, les chiffres montrent que l'offre continue d'augmenter, avec une évolution progressive dans la répartition des modes de garde : les assistantes maternelles restent le principal mode d'accueil et s'approchent du million de places théoriques, mais les établissements d'accueil du jeune enfant (Eaje) affichent un dynamisme plus prononcé, notamment pour les structures collectives multi-accueil. Et la répartition territoriale reste toujours aussi inégalitaire...

Recul des places chez les assistantes maternelles

En 2015, la capacité totale d'accueil de la petite enfance franchit un pallier avec 1,408 million de places disponibles, tous modes confondus. L'accueil individuel, essentiellement chez les assistantes maternelles, représente toujours le principal mode de garde, avec plus des deux tiers (69%) de l'offre totale et une capacité théorique de 977.000 places. Ce mode de garde connaît toutefois un - relatif - déclin, puisque le nombre d'agréments délivrés par les présidents de conseils départementaux, comme le nombre d'assistantes maternelles, reculent en 2015, conduisant à une baisse de 2% de la capacité d'accueil pour ce type de mode de garde.
Pour sa part, l'accueil collectif - 14.200 Eaje en métropole et dans les Drom hors Mayotte - et familial totalise 431.000 places, soit environ 7.600 de plus qu'en 2014. Ce dynamisme d'ensemble recouvre toutefois des évolutions divergentes. L'accueil collectif (crèches, haltes-garderies, jardins d'enfants et établissements multi-accueil) progresse ainsi de 11.600 places (+3%), pour atteindre un total de 382.000 places. Les créations se sont élevées à 50.300 places au cours des quatre dernières années. Au sein de ces structures collectives, les établissements multi-accueil (accueil régulier ou occasionnel, accueil à temps plein ou à temps partiel) ont clairement le vent en poupe, avec une progression de capacité de 30% en quatre ans.

Micro-crèches : capacité en hausse de 200% en quatre ans

A l'inverse, les structures mono-accueil voient leur capacité reculer de 8% sur la même période, soit près de 10.000 places en moins - pour la plupart transformées en multi-accueil - pour un total de 120.000 places.
De même, l'offre de crèches familiales (680 services pour 40.000 places) marque un net recul. La capacité de ce mode de garde est la plus faible depuis 2011 et le nombre de places a diminué de 15% depuis cette date. La direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a d'ailleurs lancé une étude sur cette situation et les raisons de ce recul, dont les conclusions devraient être connues à la fin de l'année. Le poids des normes et de la réglementation sur ces structures portées par les familles n'y est sans doute pas étranger.
A l'inverse, les micro-crèches, qui bénéficient d'une réglementation moins exigeante, connaissent une véritable envolée. Même si elles ne représentent encore que 5% des places en Eaje, leur capacité progresse de 28% sur un an et de 200% sur quatre ans. Une progression proche de celle des maisons d'assistantes maternelles (MAM), qui voient leur capacité augmenter de 32% en 2015, pour atteindre 17.800 places.

Des écarts considérables entre départements

En termes géographiques, les contrastes restent toujours aussi prononcés et ne semblent guère s'atténuer malgré la politique volontariste de la Cnaf. Le nombre de places en structures d'accueil collectif ou familial pour 100 enfants de moins de trois ans va ainsi de 4 à 57 selon les départements, avec des concentrations en Ile-de-France, en Paca et dans le Sud-Ouest. A l'inverse, l'accueil individuel prédomine dans l'ouest et dans les zones rurales.
Au final, le taux d'accueil national - tous modes de garde confondus - s'établit à 64,8 places pour 100 enfants de moins de trois ans (en sachant que les Eaje accueillent aussi au-delà de trois ans). Il présente également des écarts considérables selon les départements, allant de 8 à 110 places pour 100 enfants de moins de trois ans. Les taux les plus élevés s'observent dans le Grand Ouest et le Grand Est, tandis que les plus faibles concernent le littoral méditerranéen, les DOM et l'Ile-de-France.
Enfin, on relèvera que, malgré les déclarations d'intention, le taux de scolarisation des enfants de deux ans reste faible. Les écoles maternelles ont ainsi accueilli 93.000 enfants de cet âge à la rentrée 2015 (le plus souvent scolarisés à temps partiel, avec un mode de garde en complément). Pourtant, au début des années 2000, près d'un enfant de deux ans sur trois fréquentait l'école maternelle, mais ce taux a fortement diminué depuis lors, pour s'établir aujourd'hui à 12%.