Petite enfance - Les parents préfèrent les crèches... quand il y a des places
Alors que la Cnaf admet aujourd'hui l'échec de sa convention d'objectifs et de gestion 2013-2017 sur l'objectif de 275.000 places supplémentaires d'accueil de la petite enfance à l'issue de la COG, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur "Le choix de la crèche comme mode d'accueil, entre bénéfices pour l'enfant et adaptation aux contraintes". Si ce travail apporte des enseignements intéressants, on peut toutefois regretter que la Drees fonde son étude sur des chiffres au 31 décembre 2013, soit il y a trois ans et demi...
Les crèches accueillent près d'un quart des enfants de moins de trois ans
Hors cette réserve de taille, l'étude montre que les crèches et haltes-garderies en métropole accueillent 23% des enfants de moins de trois ans au moins une fois par semaine, un chiffre supérieur aux 21% de la précédente enquête, remontant à 2007. Compte tenu des évolutions démographiques, l'offre d'accueil en établissements d'accueil du jeune enfant (Eaje, qui correspond aux crèches et autres structures collectives) est passée de 14 places pour cent enfants de moins de trois ans en 2007 à 17 places en 2013 (+21%). Avec une capacité de 410.000 places et 520.000 enfants de moins de trois ans confiés au moins une fois lors de la semaine de référence du quatrième trimestre 2013, les Eaje sont ainsi le second mode d'accueil de la petite enfance, derrière les assistantes maternelles, qui accueillent 30% des enfants de moins de trois ans au moins une fois par semaine.
Parmi les enfants accueillis en Eaje - 84% en crèche et 16% en halte-garderie, contre respectivement 71% et 29% en 2007 -, la plupart (56%) y passe la majeure partie de la semaine, du lundi au vendredi, de 8h à 19h. Les autres enfants sont accueillis en complément d'une garde assurée par les parents (37%) ou d'un autre mode d'accueil (7%).
Dans la plupart des cas, les enfants sont confiés à une crèche municipale ou départementale (62%), tandis que 22% fréquentent un autre type de crèche : crèche familiale (8%), crèche d'entreprise ou de personnel (7%), mini ou micro-crèche (5%) ou crèche parentale (2%). Pour 65% des enfants accueillis en crèche, cette structure est le mode de garde principal, alors que les haltes-garderies sont, dans 90%, un mode de garde complémentaire.
55% des parent choisissent la crèche pour ses bénéfices supposés pour l'enfant
Lors de la recherche d'une solution d'accueil, l'Eaje était, dans 87% des cas, le premier choix des parents dont l'enfant y est accueilli à titre principal. Par comparaison, ce taux est de 71% dans le cas des enfants accueillis par une assistante maternelle.
A posteriori, 55% des parents justifient le choix de la crèche par les bénéfices supposés pour l'enfant (épanouissement favorisé, contact avec d'autres enfants, plus grande confiance envers ce mode d'accueil...). Toutefois, dans 36% des cas, le recours à un Eaje résulte plutôt d'une adaptation à diverses contraintes : horaires, distance par rapport au domicile, coût, absence d'autre solution... Dans le cas des assistantes maternelles, ces taux sont respectivement de 28% pour l'épanouissement de l'enfant et de 62% pour l'ajustement à des contraintes, ce qui traduit une nette préférence pour les Eaje.
Quelles solutions de remplacement ?
Mais encore faut-il que des places soient disponibles. L'étude se penche donc sur les solutions envisagées par les parents lorsqu'un accueil en Eaje n'est pas possible. Ainsi, 23% des enfants gardés à titre principal en journée et en semaine par leurs parents le sont faute d'une place en crèche ou en halte-garderie. Cette solution de la garde par les parents faute de place en Eaje crée une frustration certaine : 45% des parents concernés se déclarent insatisfaits. La frustration est nettement moindre lorsque les parents se sont repliés sur un accueil par une assistante maternelle, puisque 75% des parents concernés par ce mode de garde se déclarent, en définitive, pleinement satisfaits des conditions d'accueil de leur enfant.
L'étude de la Drees apporte aussi d'autres enseignements plus ponctuels : la présence croissante dans les crèches d'enfants dont un parent au moins est au chômage (33% des enfants accueillis en 2013, contre 22% en 2007), une durée d'accueil en Eaje qui tend à augmenter (28 heures et 35 minutes par semaine, soit 4h30 de plus qu'en 2007) mais qui reste néanmoins plus courte que celle constatée chez les assistantes maternelles (3 heures de plus que pour l'ensemble des Eaje, mais seulement 25 minutes pour les seules crèches), ou encore une durée hebdomadaire d'accueil en Eaje fortement corrélée à l'activité des parents (27 heures et 45 minutes pour les enfants dont la mère est employée, mais 33 heures et 30 minutes pour ceux dont la mère est cadre).