Petite enfance - L'Unaf dénonce l'échec de la réforme du congé parental et la pénurie de modes de garde
Au lendemain de la rentrée, l'Unaf (Union nationale des associations familiales) s'inquiète de la "pénurie de modes de garde" et de la "baisse des aides". Elle souligne les "conséquences néfastes" de cette situation pour les parents et rappelle que "la recherche d'une solution d'accueil pour les enfants de moins de trois ans reste un parcours du combattant". La protestation de l'Unaf vise plus particulièrement deux éléments : l'échec de la réforme du congé parental d'éducation et une politique de la petite enfance "enrayée".
Le recours au congé parental en baisse de 16%
En vigueur depuis le début de 2015, la réforme du congé parental s'est traduite par la mise en place d'une nouvelle prestation : la PreParE, ou prestation partagée d'éducation de l'enfant (voir notre article ci-dessous du 7 janvier 2015). Celle-ci remplace le complément de libre choix d'activité (CLCA), qui était l'une des prestations phares pour les modes de garde.
Le support législatif de la PreParE et du nouveau congé parental - non pas une loi de financement de la sécurité sociale, mais la loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes - dit bien l'ambition initiale de la réforme : inciter à un partage du congé parental entre la mère et le père. Le congé est désormais plus court s'il est pris par un seul des deux parents (avec des dispositions particulières pour les parents isolés).
Mais l'Unaf constate que la réforme a entraîné "une baisse significative" de 15,9% du recours à l'indemnisation du congé parental et elle estime que cette tendance va persister. Pour l'association, "la réforme visant à améliorer l'égalité entre femmes et hommes conduit à une baisse massive du recours au congé parental sans pour autant attirer davantage de pères : le nombre de pères de deux enfants et plus qui prennent un congé parental est même en baisse depuis 2014".
Au final, "les réformes de ces dernières années ont donc encore compliqué la vie des parents de jeunes enfants et les obligent à des arbitrages entre vie familiale et vie professionnelle qui peuvent être très défavorables pour l'emploi des femmes".
Une "progression décevante" du nombre de places en crèche
Au-delà du congé parental, l'Unaf pointe "une politique de la petite enfance enrayée". Selon l'association, plusieurs éléments illustrent cet essoufflement : une "progression décevante" du nombre de places en crèche, très en deçà des objectifs fixés en 2013 - et cela malgré l'augmentation des moyens financiers de la branche Famille pour l'accueil de la petite enfance -, une stagnation globale du nombre d'heures de garde et une "chute" du recours aux assistantes maternelles. Cette situation ne tient pas à une diminution des besoins : selon l'association, 31% des parents sont encore dans l'incertitude sur le mode de garde de leur enfant à la naissance.
L'explication tiendrait plutôt à une réduction des aides monétaires directes aux familles (modulation et gel de la Paje, modulation des allocations familiales), qui, en réduisant les moyens des familles, pèse sur le recours aux modes de garde. Face à la sous-consommation des crédits de la branche Famille pour l'investissement dans les crèches, l'Unaf invoque également les difficultés budgétaires des collectivités territoriales pour s'engager dans ces cofinancements, la multiplication des normes, ou encore un pilotage local de la petite enfance qui reste insuffisant, malgré l'apport des schémas départementaux des services aux familles...