Labellisation des premiers observatoires territoriaux du logement des étudiants
Six associations d'élus du "bloc local", emmenées par la Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau) et l'Association des villes universitaires de France (Avuf), ont labellisé 17 observatoires territoriaux du logement des étudiants. Deux de plus devraient l'être en juillet.
Il y a une dizaine d'années, lorsqu'il était directeur de Sciences Po Bordeaux, Vincent Hoffmann-Martinot avait recueilli avec un certain malaise la colère des étudiants chinois se plaignant de la qualité des logements proposés. "Ils étaient surpris par rapport à ce qui était proposé aux étudiants dans leur pays", se souvient-il. Si les autres étudiants étrangers se plaignaient moins, c'est parce qu'ils "se passaient le mot" : il se disait alors qu'étudier en France, c'était bien du point de vue de l'enseignement supérieur, mais que les logements y étaient chers et vraiment pas terribles. "Des acteurs, notamment privés, ont depuis investi ce champ mais il y a encore beaucoup de travail", observe-t-il aujourd'hui, alors qu'il est président de la Comue d'Aquitaine.
Vincent Hoffmann-Martinot représentait, le 30 janvier, le président de la CPU (Conférence des présidents d'université) lors de la conférence de presse annonçant la labellisation des cinq premiers observatoires territoriaux du logement des étudiants (OTLE). Depuis, ils sont douze de plus. Une troisième vague de labellisation devrait, au début de l'été, en sélectionner encore deux. Soit un total de 19 sur les 30 territoires qui avaient répondu à l'appel à manifestation d'intérêt lancé en février 2018 par la Fédération nationale des agences d'urbanisme (Fnau), l'Association des villes universitaires de France (Avuf), l'ADCF, France urbaine et Villes de France. Ces associations du "bloc local" se sont donné pour objectif de tous les accompagner pour que tous les projets voient le jour avant la fin de l'année 2019.
Des données pour guider les politiques locales de logement et d'attractivité
Les observatoires territoriaux du logement des étudiants ont une vocation d'aide à la décision des élus pour construire, mener et évaluer leurs politiques publiques locales du logement, mais aussi d'attractivité des étudiants et donc, indirectement, de l'emploi local. Ils pourront également servir dans le cadre des politiques de revitalisation des villes moyennes, notamment dans le programme "Cœur de ville" (voir notre article ci-dessous du 4 février 2019).
"La labellisation est un dispositif donnant-donnant entre les territoires, le 'Réseau national des collectivités enseignement supérieur recherche' et l'observatoire national", indiquaient-elles. Les observatoires territoriaux labellisés sont identifiés par l'observatoire national du logement des étudiants et bénéficient de ses données et de celles de ses partenaires. Ils les complètent par des données locales. Ils ont vocation à s'inscrire dans la dynamique du plan 60.000 logements étudiants lancé par le gouvernement. "Un travail sera engagé pour que les observatoires (les locaux et le national) s'articulent entre eux sur la base d'un ensemble d'indicateurs communs et d'une mutualisation de base de données des résidences étudiantes", ajoutent les partenaires.
Le processus de labellisation est lui-même composé de deux étapes : la sélection et la confirmation, en quelque sorte. Les observatoires labellisés en 2019 ont un an pour obtenir leurs premiers résultats et décrocher une seconde labellisation de 3 ans pour passer à la phase opérationnelle. Une première liste d'indicateurs (nombre de logements en Crous, en HLM, dans le parc privé, nombre d'étudiants, leur pouvoir d'achat...) a été établie par les partenaires nationaux, elle fera l’objet d’un bilan au vu des remontées et sera amendée pour l’année 2020. Ils avaient déjà publié, en 2017, avec le concours de la Caisse de Dépôts, un guide intitulé "Logement étudiant : observer pour décider" (voir notre article ci-dessous).
Des territoires à géographies variables
Les premiers observatoires territoriaux couvrent des territoires à géométries variables, agglomération, métropole, département, et même région, parfois en partenariat. La première vague de labellisation avait retenu : Amiens métropole, Brest métropole, la région Île-de-France, partenariat Grand Reims-Ardenne Métropole, et Sillon alpin. La seconde vague a labellisé début avril Angers Loire Métropole, Aix Marseille Provence, Alpes-Maritimes, Alsace, Dijon Métropole, Lille Métropole, Lyon, Grand Besançon, Grand Nancy, Nouvelle-Aquitaine, Rennes Métropole, Saint-Étienne Métropole, partenariat Métropole Toulon Provence Méditerranée-département du Var, et Val-de-Marne.
Deux autres territoires pourraient être labellisés en juillet 2019 sous réserve d’apport d’informations complémentaires à leur projet : Lorraine Nord et Saint-Nazaire.